"L'Assurance maladie nous a abandonnés" : face aux attaques contre le secteur 2, les médecins du bloc appellent à quitter l'Optam
Réunis en conférence de presse, les présidents de l'Union des chirurgiens de France (UCDF), du Syndicat national des chirurgiens urologues français (SNCUF), du Syndicat des anesthésistes libéraux (AAL) et du Syndicat national des gynécologues obstétriciens de France (Syngof) ont manifesté leur colère face au risque de restriction de l'accès au secteur 2. Ils appellent les médecins à sortir de l'Optam et à s'exiler plusieurs jours à Bruxelles au mois de janvier prochain.
"La situation est très grave pour les professionnels de santé et pour les patients", a annoncé d'emblée le Dr Philippe Cuq, président de l'UCDF, ce jeudi 23 octobre, devant une dizaine de journalistes réunis en conférence de presse. "Entre la première version de la loi Garot qui voulait transposer le secteur 2 en Optam, la loi Mouiller, le non-respect des accords conventionnels au mois de juillet ou encore le report de la réforme de la CCAM", la coupe est pleine pour les médecins du bloc opératoire.
"Nous avons probablement les tarifs opposables les plus bas d'Europe", et "notre pseudo liberté tarifaire est remise en question alors que nous facturons plus de 50% des actes au tarif opposable", s'est insurgé Philippe Cuq rappelant que les Français ont "le reste à charge le plus bas d'Europe et peut-être même du monde". Alors que le secteur 2 est de plus en plus remis en cause, les praticiens ont mis en avant "la réalité trouble des complémentaires santé", soulignant que leur chiffre d'affaires est passé de 17 milliards d'euros en 2000 à 42 milliards en 2025, dont "20 à 30% de frais de gestion". "Un an de chiffre d'affaires représente un siècle de dépassements", ont calculé les médecins du bloc.
"D'après le rapport du Hccam sur les dépassements d'honoraires, nos revenus ont diminué ces dernières années malgré l'augmentation des compléments d'honoraires. Cela signifie que nos charges qui ont augmenté ne sont pas compensées", a pointé Philippe Cuq. Les médecins du Bloc ont donc rappelé l'importance du secteur 2 pour la viabilité de leurs entreprises et pour l'innovation médicale. "C'est la solution et pas le problème", ont-ils plaidé soulignant notamment que, sans cela, aucune opération à l'aide de la robotique ne serait possible en libéral.
Si on meurt, vous mourrez
"On remarque que lorsque les tarifs opposables sont suffisants, les médecins restent en secteur 1", relèvent les médecins du Bloc qui constatent que seuls 6 % des néphrologues sont en secteur 2 contre 90 % des obstétriciens. "En 1985, l'assurance RCP obligatoire pour un accoucheur coûtait 838 euros, il fallait donc 10 accouchements en secteur 1 pour la payer. Aujourd'hui, elle coûte 40 000 euros, l'aide de la Sécurité sociale est plafonnée à 20 000 euros, il faut donc faire 100 accouchements par an pour pouvoir la payer. C'est impossible alors qu'un obstétricien pratique en moyenne 80 accouchements", souligne le Dr Bertrand de Rochambeau, président du Syngof.
Déterminés à préserver le secteur 2, les spécialistes du bloc opératoire appellent à quitter l'Optam Aco avant le 3 novembre en réponse au non-respect des accords conventionnels du 1er juillet et au report de la révision de la CCAM. Ils préparent "un exil de plusieurs jours à Bruxelles au mois de janvier prochain". "Plusieurs milliers" de praticiens devraient être concernés. "La situation est tellement grave qu'on ne peut plus continuer comme ça. Cet exil va permettre de montrer aux pouvoirs publics ce qui se passera si nous ne sommes plus là", a expliqué le Dr Cuq précisant que cela permettrait aussi de ne pas pouvoir être réquisitionnés.
"Si on meurt, vous mourrez", a conclu le Dr Didier Legeais, président du SNCUF. "L'Assurance maladie nous a abandonnés depuis 50 ans, le secteur 2 a sauvé nos entreprises", a-t-il insisté. S'il disparait, "ce sera le début d'une crise sanitaire dont vous n'imaginez pas les conséquences", a prévenu le chirurgien urologue.
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