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Plan d'économies de Bayrou sur la santé : on rend les patients "coupables de leur maladie"

Les propositions avancées, mardi 15 juillet, par le Premier ministre pour réaliser 5 milliards d'euros d'économies en 2026 dans le domaine de la santé n'ont pas convaincu médecins et patients. Tous dénoncent des mesures "injustes" et sans orientations claires. 

17/07/2025 Par Chloé Subileau
Politique de santé
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Mardi 15 juillet, devant un parterre de ministres, de parlementaires et de journalistes, François Bayrou annonçait son plan pour réaliser près de 44 milliards d'euros sur le budget 2026. En matière de santé, le Premier ministre appelait à un effort de 5 milliards d'euros dès l'année prochaine. Parmi ces propositions pour atteindre cet objectif : le doublement du plafond des franchises médicales, la révision du dispositif ALD, la suppression de la visite de pré-reprise lors d'un arrêt de travail d'au moins 30 jours… 

Depuis ces annonces, les réactions pleuvent. Du côté de MG France, les propositions du Premier ministre "suscitent des doutes et des réserves", écrit le syndicat dans un communiqué. "Si la nécessité de maîtriser les dépenses publiques face à des enjeux majeurs n’est pas contestée, les mesures évoquées laissent perplexes quant à leur justice sociale et leur efficacité", poursuit l'organisation représentative des généralistes, qui estime notamment que "l'augmentation annoncée des franchises sur les médicaments et les actes médicaux pénalisera d’abord ceux qui renoncent déjà trop souvent aux soins". 

MG France pense, par ailleurs, que la révision du périmètre des ALD "ne diminuera ni la prévalence des maladies chroniques, ni le coût des traitements". "Cela reviendrait uniquement à réduire la protection sociale des patients concernés", insiste le syndicat. 

Pour le Dr Jérôme Marty, président de l'UFML-S, le plan d'économies présenté par François Bayrou, en cherchant à "responsabiliser les patients" les rend "en quelque sorte coupables de leur maladie". "Ils sont à la fois malades, c'est la première peine ; et ensuite ils vont être cotisants à l'Assurance maladie pour être moins bien remboursés, deuxième peine ; ils vont devoir prendre une complémentaire, troisième peine ; peut-être [même] une surcomplémentaire, quatrième peine ; et payer un reste à charge, cinquième peine, dans un système qu'on ose encore appeler solidaire", a insisté le généraliste, interrogé par BFMTV

Dans un communiqué, la FHP regrette, elle, que le Premier ministre ne se soit pas appuyé sur les solutions avancées par de nombreux récents rapport, dont le dernier rapport charges et produits de la Cnam. "Des trajectoires éparses sont posées sans qu’aucune distinction ne soit faite entre bonne et mauvaise dépense", a déploré la Fédération de l'hospitalisation privée. "Pour l’ensemble des acteurs de santé, il ne s’agit pas seulement de réduire la dépense, mais de mieux la piloter. Or, les annonces faites ne répondent que très imparfaitement à cet impératif, tandis que les leviers structurels, eux, demeurent ignorés."

Ce sera une fois de plus les patients les plus fragiles qui paieront la facture

Du côté des patients non plus, les mesures avancées par le Premier ministre ne passent pas. "Ce discours repose sur une vision simpliste, voire culpabilisante, de la consommation de soins", estime notamment France assos Santé, exprimant sa "vive inquiétude" dans un communiqué. "Or, les usagers ne demandent qu’à être acteurs de leur santé – à condition qu’on leur en donne les moyens effectifs", poursuit l'association, citant notamment "l'accès à des professionnels de santé sur l'ensemble du territoire" ou "l'accès réel à la prévention et à l'éducation à la santé". 

Pour l'association de patients, le doublement du plafond annuel des franchises médicales est "injuste et mal ciblé" ; elle appelle ainsi le Gouvernement à reporter la question de la responsabilité sur les médecins. Concernant les ALD, l'organisation rappelle que l'exclusion des traitements hors ALD de la prise en charge à 100% existe déjà, "avec l'ordonnance bi-zone". "C'est aux prescripteurs de respecter les règles en vigueur", écrit ainsi France assos santé, qui demande au Gouvernement de changer "de cap". 

"Ce sera encore une fois les patients les plus fragiles qui paieront la facture", alerte également Renaloo, qui juge les mesures avancées seront "inefficaces et dangereuses". Pour l'association des patients atteints de maladies rénales, le Gouvernement doit donc maintenir l'universalité du dispositif des ALD, ne pas augmenter les franchises médicales et engager une réforme structurelle de la prise en charge de la maladie rénale chronique, fondée notamment sur la prévention, l'efficacité et la solidarité. 

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Médecine générale
il y a 5 mois
Il ne sera question de responsabilité de l'usager d'un système de prestation quel qu'il soit, que le jour où on sortira de l'enveloppe "collective" de solvabilité pour inaugurer le compte-épargne personnel santé-social 5 risques . Nul n'est jamais responsable des ressources communes; Frédéric Bastiat prédisait au début du 19ième siècle que la collectivisation de la ressource financière de n'importe quelle activité était la meilleure et la seule façon de permettre à tout un chacun d'abuser du bien de tous les autres . . . . tout à l'opposé de ce qu'on nomme responsabilité (le "répondant" étant un des noms qui désignent la ressource financière personnelle). Et dire que nous en sommes encore à l'ère confusionnelle préhistorique du "collectivisme" tous azimuts, alors que nos prétendus dirigeants pérorent pour une "responsabilité" dont la notion-même (comme celle de dignité) ne s'applique qu'à l'individu, à la personne physique; jamais à un groupe, quelle qu'en soit la taille ! Soit ces gens ne connaissent pas leur langue et la valeur des sujets qu'ils prétendent "traiter", soit ils les connaissent, et les voilà alors au mieux hypocrites jusqu'au bout des ongles, au pire carrément schizophrènes ! en tous cas incompétents en économie . Chacun de nous, citoyens Français et usagers des services de l'Etat, méritons infiniment mieux que ce genre de haute trahison de la pensée et de la conduite de nos affaires quotidiennes ! Comment espérer faire soigner un système malade par des décideurs plus déréglés que lui ? surtout s'il est dès le départ mal conçu . . . . donc certainement incurable . Quant au compte-épargne personnel santé-social 5 risques, rien n'empêchera de le rendre solidaire au niveau de la cotisation en prévoyant un abondement Limité des comptes de personnes les moins bien portantes et/ou les moins fortunées par les comptes des personnes les mieux pourvues. C'est seulement en déplaçant ainsi le seuil de la "sacro-sainte solidarité" du niveau (aval) de la dépense de prestation vers celui (amont) de la cotisation que nous réussirons à équilibrer les comptes de chacun, sachant qu'il reste impossible à l'Etat et à ses tenanciers d'équilibrer les comptes "publics" (collectivisés) depuis l'origine-même de l'Etat et très probablement définitivement . Rien n'empêchera nos bienfaiteurs de l'Etat "providence" d'assurer le financement complémentaire des comptes personnels déficitaires selon les règles EGALITAIRES qu'il choisira dans la limite de ses moyens (il paraîtrait que l'Etat manque cruellement d'argent), en veillant soigneusement à l'équité de cette redistribution et en excluant définitivement tout type de privilèges "SPECIAUX". Alors, quand nos députés vont-ils se mettre au travail ? au lieu de faire à grand bruit la danse de la pluie pour nous distraire de ce débat éthique essentiel en espérant camoufler encore quelques temps leurs propres régimes privilégiés et ceux de leurs souteneurs.
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Débatteur Passionné
Pharmaciens (CNOP)
il y a 5 mois
Les technocrates ont pondu un rapport de 500 pages sur la biologie médicale avec des idées que je trouve pertinentes et d autres absconses. L idée la plus stupide et dangereuse est de supprimer l obligation de n biologistes pour n sites alors qu il faut faire le contraire en calculant le nombre de biologistes en fonction des horaires d ouverture pour que le patient puisse avoir une interprétation des résultats, les prescripteurs un avis ou une alerte sur un résultat pathologique. Exemple: j ai vendu mon laboratoire, mon successeur l.a vendu un pactole à un groupe financier; j ai demandé à mon voisin cardiologue s il avait les troponines en urgence; réponse : " non, d ailleurs nous n en prescrivons plus, toi tu pouvais nous les rendre nuit et jour ". Demandez un direct d ECBU, une NFS, un diagnostic de paludisme, une troponine, un IRN en urgence. Sans compter les laboratoires qui ne prélèvent plus l après-midi dans des endroits où un seul financier possède tous les laboratoires donc sans concurrence. Au lieu d écrire 500 pages, il fallait demander à des anciens biologistes de faire dix propositions.
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Débatteur Passionné
Médecins (CNOM)
il y a 5 mois
Si ces quelques mesurettes soulèvent un tel tollé, imaginez-vous ce que donnerait de poser les vraies questions, les questions taboues. Faut-il garder le monopole de l'Assurance Maladie ? (Vous n'en aviez probablement même pas conscience que c'est un monopole, et encore moins que ce serait un souci.) Faut-il poser des limites à la prise en charge des personnes âgées, en perte d'autonomie ? (Maintenant, vous étouffez d'indignation.) Faut-il limiter aussi la prise en charge des personnes qui n'ont jamais cotisé, ou alors seulement de façon marginale ? (Vous êtes rouge-violet d'indignation.) Si vous répondez "non" aux trois questions ("NON!", probablement), aussi "non" à plein d'autres que je pourrais vous poser, eh bien, ne vous étonnez pas quand le système va exploser
 
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