Plan d'économies de Bayrou sur la santé : on rend les patients "coupables de leur maladie"
Les propositions avancées, mardi 15 juillet, par le Premier ministre pour réaliser 5 milliards d'euros d'économies en 2026 dans le domaine de la santé n'ont pas convaincu médecins et patients. Tous dénoncent des mesures "injustes" et sans orientations claires.
Mardi 15 juillet, devant un parterre de ministres, de parlementaires et de journalistes, François Bayrou annonçait son plan pour réaliser près de 44 milliards d'euros sur le budget 2026. En matière de santé, le Premier ministre appelait à un effort de 5 milliards d'euros dès l'année prochaine. Parmi ces propositions pour atteindre cet objectif : le doublement du plafond des franchises médicales, la révision du dispositif ALD, la suppression de la visite de pré-reprise lors d'un arrêt de travail d'au moins 30 jours…
Depuis ces annonces, les réactions pleuvent. Du côté de MG France, les propositions du Premier ministre "suscitent des doutes et des réserves", écrit le syndicat dans un communiqué. "Si la nécessité de maîtriser les dépenses publiques face à des enjeux majeurs n’est pas contestée, les mesures évoquées laissent perplexes quant à leur justice sociale et leur efficacité", poursuit l'organisation représentative des généralistes, qui estime notamment que "l'augmentation annoncée des franchises sur les médicaments et les actes médicaux pénalisera d’abord ceux qui renoncent déjà trop souvent aux soins".
MG France pense, par ailleurs, que la révision du périmètre des ALD "ne diminuera ni la prévalence des maladies chroniques, ni le coût des traitements". "Cela reviendrait uniquement à réduire la protection sociale des patients concernés", insiste le syndicat.
Pour le Dr Jérôme Marty, président de l'UFML-S, le plan d'économies présenté par François Bayrou, en cherchant à "responsabiliser les patients" les rend "en quelque sorte coupables de leur maladie". "Ils sont à la fois malades, c'est la première peine ; et ensuite ils vont être cotisants à l'Assurance maladie pour être moins bien remboursés, deuxième peine ; ils vont devoir prendre une complémentaire, troisième peine ; peut-être [même] une surcomplémentaire, quatrième peine ; et payer un reste à charge, cinquième peine, dans un système qu'on ose encore appeler solidaire", a insisté le généraliste, interrogé par BFMTV.
Dans un communiqué, la FHP regrette, elle, que le Premier ministre ne se soit pas appuyé sur les solutions avancées par de nombreux récents rapport, dont le dernier rapport charges et produits de la Cnam. "Des trajectoires éparses sont posées sans qu’aucune distinction ne soit faite entre bonne et mauvaise dépense", a déploré la Fédération de l'hospitalisation privée. "Pour l’ensemble des acteurs de santé, il ne s’agit pas seulement de réduire la dépense, mais de mieux la piloter. Or, les annonces faites ne répondent que très imparfaitement à cet impératif, tandis que les leviers structurels, eux, demeurent ignorés."
Ce sera une fois de plus les patients les plus fragiles qui paieront la facture
Du côté des patients non plus, les mesures avancées par le Premier ministre ne passent pas. "Ce discours repose sur une vision simpliste, voire culpabilisante, de la consommation de soins", estime notamment France assos Santé, exprimant sa "vive inquiétude" dans un communiqué. "Or, les usagers ne demandent qu’à être acteurs de leur santé – à condition qu’on leur en donne les moyens effectifs", poursuit l'association, citant notamment "l'accès à des professionnels de santé sur l'ensemble du territoire" ou "l'accès réel à la prévention et à l'éducation à la santé".
Pour l'association de patients, le doublement du plafond annuel des franchises médicales est "injuste et mal ciblé" ; elle appelle ainsi le Gouvernement à reporter la question de la responsabilité sur les médecins. Concernant les ALD, l'organisation rappelle que l'exclusion des traitements hors ALD de la prise en charge à 100% existe déjà, "avec l'ordonnance bi-zone". "C'est aux prescripteurs de respecter les règles en vigueur", écrit ainsi France assos santé, qui demande au Gouvernement de changer "de cap".
"Ce sera encore une fois les patients les plus fragiles qui paieront la facture", alerte également Renaloo, qui juge les mesures avancées seront "inefficaces et dangereuses". Pour l'association des patients atteints de maladies rénales, le Gouvernement doit donc maintenir l'universalité du dispositif des ALD, ne pas augmenter les franchises médicales et engager une réforme structurelle de la prise en charge de la maladie rénale chronique, fondée notamment sur la prévention, l'efficacité et la solidarité.
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