"Nous sommes sur un rythme de promenade de famille" : quand Macron s’emporte contre la lenteur de la vaccination 

04/01/2021 Par Marion Jort
Assurant, le soir de ses vœux aux Français, qu’il ne tolérerait aucune lenteur injustifiée dans la campagne de vaccination contre le Covid, le chef de l’Etat a poussé un coup de colère en coulisses contre sa mise en place laborieuse.  

La France est en guerre. En guerre contre le Covid, ainsi que l’affirmait Emmanuel Macron le 16 mars dernier lors de l’annonce du premier confinement. Depuis, le Gouvernement se targue d’avoir multiplié ses efforts sur tous les fronts : masques, dépistage, traçage. Et désormais, la vaccination. Or, beaucoup de professionnels de santé et d’élus de tous bords dénoncent sa mise en place beaucoup trop longue et laborieuse. A la date du 4 janvier, seules 516 personnes ont reçu une injection dans l'hexagone, selon les données de CovidTracker.  

S’il a promis lors de son allocution du 31 décembre qu’il ne tolérerait “aucune lenteur injustifiée” dans la vaccination, Emmanuel Macron se montre visiblement plus fébrile en coulisses, d’après des propos rapportés par le Journal du Dimanche. “Nous sommes sur un rythme de promenade de famille, et ce n’est à la hauteur ni du moment, ni des Français”, s’est ainsi énervé le chef de l’Etat allant jusqu’à marteler au téléphone à divers interlocuteurs : “Moi, je fais la guerre le matin, le midi, le soir et la nuit.” 

 

“Ca va changer vite et fort” 

Emmanuel Macron attend de ses équipes un engagement similaire. “Or là, ça ne va pas. Ça doit changer vite et fort, et ça va changer vite et fort”, assure-t-il également en coulisses. Établissant un parallèle avec les Etats-Unis, qui “auront eu plus de morts du Covid que durant la Seconde Guerre mondiale”, il jure aussi que la France “peut et doit gagner cette guerre” et qu’elle “la gagnera”, rapporte le JDD. L’un des points qui agace le plus le président ? Que les médecins volontaires ne puissent pas se faire vacciner immédiatement pour donner l’exemple à leurs patients. Ce qui explique d’ailleurs le changement de décision d’Olivier Véran, qui annonçait le 30 décembre que les professionnels de santé de plus de 50 ans et à risque pourraient se faire vacciner en priorité.   

Lors du conseil de défense organisé la semaine dernière, les membres du Gouvernement ont d’ailleurs bien senti...

son mécontentement. “Il a été très clair sur le fait qu’il souhaitait qu’on accélère sur la vaccination. On assume notre choix éclairé par la Haute Autorité de santé de commencer par vacciner en Ehpad, en sachant que ça met plus de temps à démarrer pour des raisons médicales et logistiques”, confie à l’hebdomadaire un ministre.  

Pour faire avancer les choses, Olivier Véran s’est entretenu hier avec les directeurs des ARS et Thomas Fatôme. A partir du milieu de semaine, la France recevra un demi-million de doses de vaccin chaque semaine.  

 

Coup d'accélérateur dans les Ehpad  

Du côté des Ehpad aussi, les choses pourraient aller plus vite. Selon le JDD, le Gouvernement aimerait avoir proposé au moins une injection à l’ensemble des résidents d’ici début février. Se pose donc en coulisses la question du délai de plusieurs jours nécessaire à la consultation pré-vaccinale, au recueil du consentement, à l'acheminenemt des doses et à l’injection, pour les équipes de Véran. D’après un proche du ministre, Olivier Véran aurait mis un “énorme coup de pression” à ses interlocuteurs en leur expliquant que “le consentement peut être oral, au moment de la consultation”.  

Par ailleurs, ce lundi 4 janvier, une "réunion de suivi" est organisée avec Emanuel Macron, Jean Castex et Olivier Véran. Il s'agit "d'une réunion de travail et de suivi sur les vaccins" a indiqué l'Elysée sans plus de précisions. Un nouveau conseil de défense sanitaire et un Conseil des ministres sont prévus en principe mercredi.

 

La HAS veut "accélérer" mais garder la même stratégie
La campagne de vaccination des Français contre le Covid-19 "doit probablement s'accélérer", mais en maintenant la même stratégie, a estimé lundi la Pr Elisabeth Bouvet sur France Inter, présidente de la Commission technique des vaccinations de la HAS. "La stratégie reste: priorité sur les personnes les plus vulnérables, et les professionnels de santé, en élargissant quand on peut, si on a le nombre de doses nécessaire", a-t-elle poursuivi. Pas question donc, d'administrer le vaccin aux volontaires en priorité : "Compte tenu du nombre de doses qui, je le rappelle, est limité actuellement, on ne peut pas le distribuer comme ça aux gens qui en ont envie, alors qu'ils n'ont pas de risques", a affirmé l'infectiologie. Interrogée sur le rythme de cette vaccination, elle a répondu que ce n'était pas le choix de cette institution qui conseillait le Gouvernement. "Il n'a jamais été demandé qu'il y ait cette lenteur", a-t-elle dit. Mais selon elle, les critiques sont trop virulentes.   "Je crois qu'il faut être extrêmement positif et rappeler les éléments optimistes de cette vaccination et arrêter de se flageller, de la même manière qu'aujourd'hui il faut arrêter de dire que c'est un désastre", a-t-elle souligné. "Il ne faut pas exagérer : on a commencé de vacciner il y a une semaine, on ne peut quand même pas parler de désastre".
[avec AFP] 

  

[avec Le Journal du dimanche] 

Comptez vous fermer vos cabinets entre le 5 et le 15 janvier?

Claire FAUCHERY

Claire FAUCHERY

Oui

Oui et il nous faut un mouvement fort, restons unis pour l'avenir de la profession, le devenir des plus jeunes qui ne s'installero... Lire plus

7 débatteurs en ligne7 en ligne
 
Vignette
Vignette

La sélection de la rédaction

Pédiatrie
Moins de médecins, moins de moyens, mais toujours plus de besoins : le cri d'alerte des professionnels de la...
06/11/2025
14
Concours pluripro
CPTS
Les CPTS renommées "communauté France santé" : Stéphanie Rist explique l'enjeu
07/11/2025
12
Podcast Histoire
"Elle était disposée à marcher sur le corps de ceux qui auraient voulu lui barrer la route" : le combat de la...
20/10/2025
0
Portrait Portrait
"La médecine, ça a été mon étoile du berger" : violentée par son père, la Pre Céline Gréco se bat pour les...
03/10/2025
6
Reportage Hôpital
"A l'hôpital, on n'a plus de lieux fédérateurs" : à Paris, une soirée pour renouer avec l'esprit de la salle...
14/10/2025
8
La Revue du Praticien
Diabétologie
HbA1c : attention aux pièges !
06/12/2024
2