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Procès Frédéric Péchier : un expert confirme un empoisonnement dès 2008

"Un empoisonneur sévissait à Besançon depuis 2008, c'est évident", a réagi l'avocat de l'anesthésiste Frédéric Péchier après qu'un expert judiciaire a témoigné, vendredi 26 septembre, devant la cour d'assises du Doubs.  

29/09/2025 Par Louise Claereboudt
Faits divers / Justice
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"C'est le seul scénario possible", a affirmé vendredi Dominique Chassard, professeur d'anesthésie à Lyon, devant la cour d'assises de Besançon. En visioconférence, l'expert a confirmé la piste de l'empoisonnement pour la première des 12 victimes retenues par l'accusation au procès de Frédéric Péchier.

Damien Iehlen, 53 ans, est décédé en 2008 à la clinique Saint-Vincent de Besançon, où il était venu se faire opérer d'un rein. Il est le premier sur la liste des 30 empoisonnements, dont 12 mortels, imputés à Frédéric Péchier, soupçonné d'avoir frelaté des poches de produits anesthésiants jusqu'en 2017, afin de nuire à des collègues avec lesquels il était en conflit.

Dès 2011, Dominique Chassard avait émis l'hypothèse d'un acte malveillant dans ce dossier, après avoir analysé les résultats de l'autopsie de Damien Iehlen. "L'analyse a démontré qu'il n'y avait pas de lésion anatomique mais une intoxication à la lidocaïne à très forte concentration, qui a provoqué le décès de ce monsieur de 53 ans, sans aucun antécédent", a déclaré l'expert devant les jurés.

Evacuant la possibilité d'une erreur médicale – jusqu'ici avancée par la défense – l'expert a conclu que "quelqu'un a mis de la lidocaïne en gros volumes dans la poche (d'anesthésie) avant qu'elle soit utilisée, et volontairement". Dominique Chassard a précisé que la poche de soluté, en caoutchouc, aurait pu être percée à l'aide d'une seringue sans que cela soit remarqué par le personnel médical. "C'est un petit trou indécelable à l'œil nu", a-t-il dit.

Interrogé par l'AFP, l'avocat de la défense, Me Randall Schwerdorffer, s'est montré convaincu par la démonstration de l'expert. "Un empoisonneur sévissait à Besançon depuis 2008, c'est évident", a déclaré l'avocat. "Ces conclusions sur l'empoisonnement sont à notre sens incontestables." Et d'ajouter : "Maintenant, c'est à l'accusation de démontrer que cet empoisonneur est Frédéric Péchier."

Jusqu'ici, Frédéric Péchier ne reconnaissait pas l'existence d'empoisonnements avant 2017 et l'éclatement de l'affaire. Ce lundi 29 septembre, la présidente de la cour d'assises a demandé à l'anesthésiste s'il admettait que Damien Iehlen avait été victime d'un "empoisonnement". "Tout à fait", a-t-il répondu calmement. Au début de l'enquête, "ça me paraissait totalement aberrant l'idée de polluer une poche", a-t-il ajouté, expliquant avoir finalement été convaincu par les conclusions de l'expert.

"Je n'ai pas d'explication, si ce n'est que quelqu'un a mis les flacons de lidocaïne dans la poche. Et ce n'est pas moi", a soutenu l'accusé, qui a toujours contesté avoir empoisonné des patients.

Deux autres experts entendus vendredi n'ont pas voulu se prononcer sur le cas de Suzanne Ziegler, morte cinq jours après Damien Iehlen. Un terrain allergique et des troubles cardiaques pourraient expliquer le décès de cette dame de 73 ans. En l'absence d'autopsie, "on ne peut pas se prononcer sur l'administration d'une substance toxique", a déclaré le médecin légiste Antoine Tracqui. Ce lundi, les Drs Alain Miras et Matthieu Biais ont quant à eux "été beaucoup plus tranchés" en faveur de l'hypothèse d'une intoxication à la lidocaïne, a noté la présidente de la cour, Delphine Thibierge.

L'une des deux avocates générales, Thérèse Brunisso, a souligné les similitudes entre les décès de Damien Iehlen et Suzanne Ziegler : "Même temporalité dans l'apparition des troubles médicaux, cinq minutes après l'induction, même troubles cliniques, même lidocaïne retrouvée dans les séquestres, à quatre jours d'intervalle."

Interrogé sur ce cas, lundi, Frédéric Péchier a estimé qu'il n'y avait "pas d'argument pour montrer une intoxication aux anesthésiques locaux". "On n'a aucune preuve : pas de dosage sanguin, pas d'analyse de poches de perfusion, si ce n'est une trace de lidocaïne dans une ampoule de Nimbex" utilisée lors de l'intervention, a-t-il poursuivi.

Frédéric Péchier comparaît libre, mais encourt la réclusion criminelle à perpétuité. Le verdict est attendu le 19 décembre.

[avec AFP]

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Claire FAUCHERY

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il y a 13 jours
et depuis 2008,l'ARS n'a rien vu? étonnant,non?
 
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