Il prétendait guérir l'autisme avec l'homéopathie : un pédiatre radié en appel

Le Conseil national de l'Ordre réclamait une sanction "plus sévère". Il a finalement été entendu. La chambre disciplinaire nationale a infligé la peine la plus lourde (la radiation) au Dr Didier Grandgeorge, dans une décision datée de la mi-avril révélée par l'APM et qu'Egora a pu consulter. Le pédiatre de Fréjus avait été condamné en première instance à trois mois d'interdiction d'exercer, dont deux avec sursis, en novembre 2019. Mais le Cnom, à l'origine de la plainte déposée le 11 janvier 2018 ayant engagé la procédure disciplinaire, avait fait appel de cette décision. Le CDOM du Var estimait quant à lui que le praticien était "exempt de reproches".

L'Ordre national reprochait au pédiatre d'avoir "laissé entendre aux familles d'enfants atteints de troubles du spectre autistique qu'un traitement homéopathique était conseillé pour sortir ces enfants de l'autisme, alors que cela ne résulte pas de données acquises de la science", et d'avoir "diffusé auprès du public des conseils en matière vaccinale" allant "à l’encontre de la politique de santé publique", notamment "par des dilutions homéopathiques de vaccin pour éliminer l’aluminium et autre adjuvant et par le dosage d’anticorps vaccinaux dans le sang afin de s’assurer de la nécessité de revacciner un patient".

Il estimait, en outre, que le pédiatre avait méconnu à ses obligations déontologiques en "n'ayant pas limité ses prescriptions et ses actes à ce qui est nécessaire à la qualité, la sécurité et à l'efficacité des soins", et en "n'ayant pas tenu pas tenu compte des inconvénients et des conséquences des conseils qu’il publie sur son site Internet et qu’il diffuse lors de conférences".

Après avoir entendu les différentes parties lors d'une audience publique le 27 juin 2023, la chambre disciplinaire nationale a considéré que le Dr Grandgeorge avait violé neuf articles du code de déontologie, et prononcé la sanction de la radiation.

La chambre disciplinaire nationale de l'Ordre a également rendu une autre décision, qu'Egora a aussi pu consulter, à l'égard du pédiatre, mi-avril. Il a été sanctionné d'une interdiction d'exercice d'un an pour avoir tenu des propos "mettant en cause les effets du vaccin contre la rougeole tout en minimisant la gravité potentielle de cette maladie" dans un reportage d'Envoyé spécial diffusé en mai 2019 sur France 2. "Les chiffres [de la rougeole] ne sont pas tellement affolants en France", estimait-il, face caméra.

Le pédiatre avait ensuite enchainé sur les effets indésirables du vaccin ROR, Vidal à l'appui : "méningite aseptique, troubles du système nerveux, ataxie, encéphalite, encéphalopathie, convulsion fébrile, polynévrite…". Des propos qui avaient suscité l'ire des soignants sur les réseaux sociaux, dont Olivier Véran, qui avaient interpellé l'Ordre des médecins. 

"Méningite aseptique, ataxie, encéphalite, polynévrite… Il peut y avoir une atteinte du système nerveux", selon le Docteur Didier Grandgeorge, pédiatre homéopathe, les complications suite au vaccin ROR ne seraient pas déclarées. #Rougeole #Vaccination #EnvoyeSpecial pic.twitter.com/Ed9rTGpZst

— Envoyé spécial (@EnvoyeSpecial) May 9, 2019