1000 euros pour accoucher dans une maternité menacée de fermeture : les syndicats de médecins s'insurgent
Pour sauver la maternité de la ville, qui pourrait descendre sous la barre des 200 naissances en 2026, le maire de Saint-Amand-Montrond et le président de la communauté de communes proposent d'offrir 1000 euros en chèques cadeaux aux futures mamans qui choisiront leur établissement.
La mesure n'est pas encore votée, mais elle fait déjà polémique. Jeudi soir, le conseil municipal de Saint-Amand-Montrond, commune de 10 000 habitants située dans le Cher, se prononcera sur l'octroi de "bons d'achat" d'une valeur de 500 euros pour les femmes enceintes qui feront le choix d'accoucher dans la maternité de la ville. De son côté, la communauté de communes Cœur de France offrirait également 500 euros en chèques cadeaux, à dépenser dans les 150 commerces locaux.
Une mesure justifiée par le maire de Saint-Amand-Montrond, Emmanuel Riotte (LR), par la nécessité de sauver la maternité, menacée de fermeture en raison de la "baisse des naissances". "Nous étions à 400 naissances en 2010, nous en serons à 200 environ en 2026, peut-être en dessous. En 15 ans, nous avons perdu la moitié des naissances", a-t-il précisé sur BFMTV. "Nous voulons défendre un service essentiel pour 50 000 habitants, c'est l'avenir du bassin qui est en jeu. Il a fallu trouver une solution, une idée, pour que les mamans n'aillent pas accoucher ailleurs." Et tout particulièrement les femmes résidant à proximité des départements limitrophes, qui peuvent opter pour un accouchement à Châteauroux (Indre), Montluçon (Allier) ou Nevers (Nièvre), a-t-il cité.
"Prime de risque"
L'initiative n'a pas manqué de faire réagir plusieurs syndicats de médecins. L'union syndicale Avenir hospitalier/APH, qui réunit le SNPHARE (anesthésistes-réanimateurs), le Syngof (gynécologues), le SNPEH (pédiatres) et Samu-Urgences de France, a dénoncé dans un communiqué "une prime de risque" pour accoucher dans une maternité sous le "seuil critique" des 300 accouchements par an, "n'ayant eu une autorisation de soin (…) que grâce à une dérogation de l'ARS".
Avenir hospitalier/APH rappelle qu'"une maternité, quand elle est menacée de fermeture, ne l’est pas pour des raisons économiques mais pour des raisons de sécurité". "Avec un rythme de quasiment un accouchement tous les deux jours, il n’est pas possible d’avoir une expertise suffisante pour prévenir et pallier des complications aux conséquences potentiellement vitales, qui impliquent généralement plusieurs disciplines à la fois, pour des décisions à prendre dans la minute. Dans le cas précis, d’autres maternités existent, dont l’une à une trentaine de minutes", pointe l'union syndicale.
Le choix d’une maternité ne doit pas être influencé par la perspective d’une récompense financière
Les syndicats dénoncent en outre "une mesure amorale qui met en danger les femmes et les enfants à naître", "visant à faire préférer à une certaine population – probablement précaire, moins bien informée – une solution économique à une solution de sécurité et de qualité des soins". "Le choix d’une maternité ne doit pas être influencé par la perspective d’une récompense financière", tranchent-ils.
Vivement opposés au moratoire de 3 ans sur les fermetures de maternités voté en mai dernier à l'Assemblée nationale, les syndicats exigent une reprise des travaux sur la révision du décret de périnatalité - et notamment sur la question des effectifs -, interrompus par la crise du Covid.
[avec leberry.fr et BFMTV.com]
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