1000 euros pour accoucher dans une maternité menacée de fermeture : les sociétés savantes dénoncent le silence des autorités et de l'Ordre
Pour sauver la maternité de la ville, le maire d'une commune du Cher et le président de la communauté de communes offrent 1000 euros aux futures mamans qui choisiront leur établissement. Des mesures contraires au droit et à la déontologie médicale, qui bafouent la santé des mères et des enfants, dénoncent les sociétés savantes.
Alors qu’une commune du Cher propose 1000 euros en bon d'achats pour les femmes qui accoucheraient dans sa maternité menacée de fermeture, les sociétés savantes de gynécologie-obstétrique dénoncent "une prime scandaleuse qui bafoue le droit et l’éthique". Elles rappellent que la médecine ne doit pas être pratiquée comme un commerce et déplorent un "silence assourdissant des autorités de santé".
"Les autorités de santé n’ont pu ignorer cette mesure annoncée à grand renfort de battage médiatique. Mais pas un mot de l’Agence régionale de santé Centre-Val-de-Loire qui aurait pourtant dû demander la cessation d’activité de la maternité de Saint-Amand-Montrond depuis plusieurs années, en vertu des décrets de périnatalité de 1998. Ceux-ci prévoient, en effet, la fermeture des services qui réalisent moins de 300 accouchements par an et pratiquent ainsi trop peu de gestes obstétricaux, de réanimation maternelle et néonatale pour pouvoir assurer la sécurité des soins. Ce qui est le cas de cette maternité du Cher depuis… 2021", s'insurgent les sociétés savantes dans un communiqué commun.
"Silence assourdissant également du côté du Conseil de l’Ordre des médecins, alors que cette prime de 1000€ consacre une marchandisation contraire à la déontologie médicale, dont l’Ordre est pourtant chargé d’assurer le respect", poursuit le texte, qui constate également aucune réaction de la part du ministère de la Santé.
L'annonce prochaine d'un "plan d'action complet pour les maternités afin de concilier la qualité des soins et l'accès aux soins" a par ailleurs "créé la stupeur parmi nos sociétés savantes qui n’ont été ni consultées, ni même averties par le ministère de la Santé".
"Cette prime de 1000€ et ces annonces du ministère font tristement écho au vote par l’Assemblée nationale, en mai dernier, d’un moratoire sur les fermetures des maternités. Nous craignons qu’à l’approche des échéances électorales, la démagogie ne l’emporte définitivement sur la sécurité des femmes et des nouveau-nés", écrivent les sociétés savantes qui "tirent la sonnette d’alarme sur la dégradation de l’offre de soins en périnatalité".
*Collège national des gynécologues et obstétriciens français (CNGOF), Société française de médecine périnatale (SFMP), Société française d'anesthésie et de réanimation (Sfar), Collège d'anesthésie-réanimation et obstétrique (Caro).
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