Négos ACI-MSP : après le retrait des médecins, AVECsanté appelle à ne pas "reléguer l'exercice coordonné au second plan"
Pour la fédération nationale des MSP, le fait que la CSMF et MG France aient quitté la table des négociations illustre "le risque de laisser les intérêts mono-professionnels compromettre l'avenir de ces dynamiques collectives"
Article initialement publié sur Concours pluripro
[Article mis à jour ce mercredi 2 juillet avec la réaction de MG France, voir encadré]
Déserts "en santé", pénurie de professionnels, difficultés d'accès à un médecin traitant, âge avancé des médecins… "Dans ce contexte de pénurie et de fragilisation structurelle, les maisons de santé pluriprofessionnelles (MSP) s’imposent comme un relai vital pour préserver un accès aux soins équitable et coordonné pour les Français", assure AVECsanté qui, dans un communiqué publié ce 1er juillet, exprime "son étonnement et sa préoccupation" suite au retrait de deux syndicats de médecins, CSMF et MG France, de la table des discussions visant à définir le prochain avenant de l'ACI-MSP.
En effet, ces deux syndicats de médecins libéraux* ont décidé de ne plus participer aux négociations, la CSMF dénonçant "une trahison inacceptable" des pouvoirs publics, qui ont décidé de reporter les revalorisations tarifaires prévues ce 1er juillet. Ce qui a amené le collectif #SoignantsTrahis à lancer une mobilisation générale à Paris, ce mardi, à compter de 11 heures.
Ce retrait "illustre bien le risque de laisser les intérêts mono-professionnels compromettre l’avenir de ces dynamiques collectives. D’autant plus si d’autres syndicats participant aux négociations décident de suivre le mouvement…", assure AVECsanté. Qui estime que ce mouvement "risque d'affaiblir un processus pourtant central pour l’avenir de l’exercice coordonné en France". Car "ce futur accord est aujourd’hui le principal outil conventionnel de financement et de structuration de l’exercice en équipe au sein des MSP. L’engagement dans ces négociations est donc une responsabilité collective majeure au regard des enjeux d’accès aux soins, de prise en charge des maladies chroniques et de qualité de vie au travail des soignants".
Le signe d'un "système conventionnel à bout de souffle ?"
Des négociations qui portent "des avancées cruciales pour les MSP", assure la fédération nationale des maisons de santé qui cite la prise en compte d’une file active d’équipe, le renforcement du rôle des coordinateurs, la création d’assistants médicaux partagés, ou encore l’intégration d’infirmières de coordination mobilisés sur les soins non programmés, la prévention, l’éducation thérapeutique et l’accompagnement des parcours patients…
Pour Emmanuelle Barlerin, Pascal Gendry et Patrick Vuattoux, co-présidents d’AVECsanté, la décision de MG France et de la CSMF "est le signe d’un système conventionnel à bout de souffle. Ne serait-il pas temps d’imaginer un modèle plus inclusif, plus adapté à la réalité du terrain et des équipes pluriprofessionnelles ?" Elle appelle ainsi à "ne pas reléguer l'exercice coordonné au second plan".
* La FFMKR, le SNMKR et le Syndicat Alizé ont également décidé de quitter la table des négociations.
Pointé du doigt, MG France répond aux "leçons de syndicalisme"
La réplique de MG France a été rapide. Dans un communiqué daté du même jour, le syndicat de médecins fait valoir qu’en s’indignant du retrait de plusieurs syndicats de la table des négociations sur l’ACI-MSP, la fédération des maisons de santé pluriprofessionnelles "semble oublier l'essentiel : les professionnels de santé de terrain qui font vivre les MSP au quotidien !"
Alors que les syndicats de médecins MG France et la CSMF sont principalement visés par le texte d’AVECsanté, l’organisation rappelle que "trois syndicats représentatifs de kinésithérapeutes ont fait exactement de même". Et que la fédération ne "mentionne pas non plus les nombreux professionnels de santé conventionnés qui manifestaient dans la rue de 1er juillet (pharmaciens, kinés, sages-femmes, médecins, orthoptistes, audioprothésistes), tous inquiets du blocage unilatéral des accords conventionnels par l’Etat", en raison du report des revalorisation tarifaires - initialement prévues le 1er juillet -, au 1er janvier 2026. "AVECsanté, en niant cette mobilisation d’ampleur, semble se désintéresser de ceux qui incarnent les MSP sur le terrain : les soignants eux-mêmes", écrit-il.
Le syndicat de médecins défend son choix de se retirer : "Là où AVECsanté semble prôner une ligne ‘pas de vagues’, MG France choisit la responsabilité syndicale : défendre la valeur des accords conventionnels et refuser que les soins primaires deviennent une variable d’ajustement budgétaire." Il explique que, bien que les généralistes soient à ce stade peu touchés, il a pris cette décision pour "défendre l’intérêt général de l’ensemble des professions déjà engagées dans des accords (pharmaciens, kinés, chirurgiens-dentistes…), ou en attente de négociation (infirmiers notamment)."
Car "comment construire un étage interprofessionnel solide, si les fondations de chaque profession sont fragilisées ?", interroge-t-il. Le syndicat appelle la fédération à "sortir de la posture" et à "rejoindre un travail collectif pour renforcer les soins primaires, la coordination, et l’efficience de notre système de santé". Le syndicat rappelle aussi le Gouvernement à ses responsabilités : c’est à lui de "faire un choix clair, de respecter la parole donnée, et de rouvrir des discussions constructives avec les acteurs engagés".
Par Pauline Machard
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