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Moins de maternités pour accoucher mais plus de "sécurité" : un rapport appelle à "transformer l'offre de soins périnatals"

La mission d'information sur la santé périnatale a rendu, mercredi 11 septembre, son rapport. Alors que les indicateurs sur la santé des mères et nouveaux-nés se dégradent en France, ce document sénatorial appelle à "transformer l'offre de soins périnatals", avec notamment à une réduction du nombre de maternités permettant des accouchements. 

12/09/2024 Par Chloé Subileau
Santé publique
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Moins de maternités permettant l'accouchement, mais plus de "sécurité" et un "suivi post-partum renforcé" ? C'est l'une des propositions avancées, mercredi 11 septembre, dans un rapport par la mission sénatoriale sur l'avenir de la santé périnatale et son organisation territoriale. Elle y appelle, plus largement, à "transformer l'offre de soins périnatals" face à une "dégradation" en France des indicateurs sur la santé des mères et des nouveaux-nés.

En cinquante ans, le nombre de maternités a été divisé par trois en France. Face à ce constat, plusieurs rapports, dont ceux de l'Académie de médecine et de la Cour des comptes, ont récemment suggéré de diminuer encore l'offre de maternités sur le territoire au grand dam des élus locaux.

Car, après de bons résultats au début du XXIe siècle en matière de santé périnatale, la France compte aujourd'hui "davantage de décès de nouveaux-nés et de bébés" que beaucoup de pays européens. L'Hexagone est, en effet, classé au 22ème rang pour la mortalité infantile, comme le rappelle ce nouveau rapport d'information, réalisé à l'appel du groupe parlementaire centriste au Sénat RDSE (Rassemblement démocratique, social et européen).

"Après six mois de grossesse, un bébé sur cent naît sans vie ou décède au cours de sa première semaine", tandis que 7% des naissances sont prématurées ; un chiffre qui entraîne une importante "charge en soins" pour l'hôpital. Les complications physiques et psychologiques sont aussi plus "fréquentes" chez les mères, rapporte ce document.

 

Des causes "difficiles à appréhender"

Si les causes identifiées le sont de façon partielle et "restent difficiles à appréhender dans leur globalité", note le rapport, plusieurs sont mises en avant : à commencer par un âge de grossesse de plus en plus tardif et un mauvais état de santé général des mères (obésité, précarité…). Sont également cités des "facteurs environnementaux" et "l'organisation du système de santé". 

De son côté, la rapporteuse, Véronique Guillotin, déplore un manque de lits en réanimation, des équipes soignantes souvent incomplètes, des "fermetures" temporaires inopinées par manque de bras, ou encore des risques accrus, en cas de complications, dans certains établissements. De plus, la sénatrice du Parti Radical (PR), qui est également médecin, note une baisse de la natalité (-20% depuis 2010) en France, et une demande croissante d'accouchements "moins médicalisés", estimant le réseau actuel "inadapté" aux besoins, aux ressources et impératifs de sécurité.

Il faut "assumer" sa "transformation", non sur la base du seuil d'activité des maternités comme auparavant, mais à partir d'une "évaluation des structures et besoins" territoriaux, plaide-t-elle auprès de l'AFP. La sénatrice appelle ainsi à établir une cartographie et des indicateurs spécifiques, pour aller vers "des plateaux techniques moins nombreux" mais à "haut niveau de sécurité", incluant une "pluralité de projets de naissance".

Cela doit s'accompagner d'une "amélioration de l'offre de transport médical d'urgence", intégrant des professionnels de santé périnatale, et du "renforcement de l'offre de proximité" pour le suivi prénatal et post-natal, recommande-t-elle.

Il faudra ainsi "transformer de grandes structures", "renforcer certaines petites maternités fragiles" mais considérées comme "indispensables" pour l'accès aux soins, "notamment en zone montagneuse ou insulaire", mais aussi "transformer certaines structures non viables en maternités sans accouchement", a détaillé Véronique Guillotin.

Le rapport – qui défend un total de 16 recommandations – préconise en outre de "garantir les effectifs de professionnels (gynécologues-obstétriciens, pédiatres, anesthésistes-réanimateurs, sages-femmes) en formant davantage et en "améliorant l'attractivité" des carrières. Il prône aussi une révision des décrets, datant de 1998, qui encadrent les pratiques, pour "renforcer les ratios d'encadrement" des naissances, avec une entrée en vigueur progressive.

Il défend enfin la garantie, sur tout le territoire, d'un minimum "d'un lit de réanimation néonatale pour 1 000 naissances".

[avec AFP]

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3 débatteurs en ligne3 en ligne
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Débatteur Passionné
Anesthésie-réanimation
il y a 2 mois
Comme dans beaucoup de secteurs il y a plusieurs réponses: s'adapter à la demande ou préconiser de s'adapter à l'offre. Profession anesthésiste réanimateur: il y a deux grands profils. Ceux qui se projettent dans la profession pour la rémunération à l'acte, ceux qui "rêvent" de poursuivre dans une profession issue des pratiques complexes (anesthésie, réanimation polyvalente, voire urgences et SMUR... à l'ancienne!). De façon très schématique les premiers n'ont aucune disposition à travailler dans les maternités. De façon très schématique aussi "on" a réduit le nombre des réanimations sous diverses pressions et réduit l'enthousiasme des seconds qui les faisaient fonctionner. "On" a réduit également les sites d'accueil des urgences en nuit profonde, ce qui tente d'orienter les flux opératoires sans y parvenir vraiment mais qui impose parfois de séparer (au sens multiplier) les équipes d'anesthésie en (par) deux quand le nombre d'accouchements augmente, comme d'urgences obstétricales mais aussi la demande d'analgésies péridurales. Profession obstétricien/maïeuticien: "On" a réduit le nombre des maternités en les classant en niveau. Le classement peut se comprendre. La réduction présente deux limites. Il est vrai que "on" fait bien ce que l'"on" fait souvent. Mais il est vrai aussi que ce que l'on fait à la chaine est épuisant. Profession pédiatre: la néonatologie accompagne les maternités dans leur classement en niveaux. Mais l'augmentation de fréquentation de certaines maternité impose des sorties précoces et des diagnostics d'ictère du NN ne sont pas toujours établis. Profession médecin: il ne vous aura peut être pas échappé que c'est une denrée assez rare, surtout dans les spécialités à risque dont il est question ici (mais pas que, bien sûr). Je ne pourrais faire court qu'en étant schématique. La solution ne peut être simple par diminution de l'offre. Cela induit une surcharge des niveaux 2a et surtout b et 3 des centres. Cela provoque une désaffection des maternités de niveau 1 et un recours accru dans le meilleur des cas à des transports sanitaires parfois complexes et dans d'autres à des accouchements plus ou moins acrobatiques, volontaires ou non à domicile, en piscine ou autre ou la sécurité n'est pas la priorité! Cette segmentation de l'activité des anesthésistes est peu encourageante dans un secteur déjà raréfié et c'est bien dommage, pas par nostalgie mais par la polyvalence qu'ils peuvent apporter au sein de ces équipes spécialisées. Je n'aborde pas les problèmes sociétaux et sociaux qui font des grossesses plus à risque du fait de l'obésité et du "vieillissement" de la parentalité en général. Bref, je ne crois pas que la diminution encore du nombre des maternités ou l'augmentation des seuils pour avoir l'agrément soient LES solutions. Le glissement progressif du taux de morbi-mortalité néonatale est plus le reflet d'une politique de santé défaillante et d'un manque criant de moyens, de formation d'effecteurs qu'il faudra bien prendre en compte un jour avant que nous tombions encore plus bas vers la 50ème ou 100ème place.
Photo de profil de Henri Baspeyre
12,2 k points
Débatteur Passionné
Chirurgie générale
il y a 3 mois
j'ai des doutes c'est 1 arnaque!
 
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