
"On en a marre d'être considérés comme des fraudeurs" : les centres de soins non programmés en mal de reconnaissance
Invitée du "Café FMF" organisé jeudi 16 janvier, la Dre Maeva Delaveau, présidente de la Fédération française des centres de soins non programmés (FFCNSP) a insisté sur la nécessité de créer un cadre législatif pour ces structures qui viennent "en appui des urgences" mais n'ont pas pour but de pallier le manque de généralistes traitants.

"Quand on parle de soins non programmés, il y a tout et n'importe quoi", déplore Maeva Delaveau. A la tête de la FFCNSP, cette généraliste urgentiste* milite depuis "plus de deux ans" pour que les centres de soins non programmés disposent d'un cadre législatif et réglementaire, a-t-elle exposé lors du "Café FMF" organisé jeudi 16 janvier.
Face à ces confrères généralistes, la praticienne a tenté d'expliquer tant bien que mal la spécificité de ces structures, à mi-chemin entre la médecine générale et les urgences. "On a souhaité définir les CSNP comme des centres qui font du soin non programmé, et pas seulement de la consultation non programmée", précise-t-elle d'emblée. Venant "en appui des urgences", les CSNP sont "en capacité de prendre en charge des patients qui nécessitent un examen complémentaire et/ou un acte thérapeutique en un seul temps, avec un plateau technique minimal : radiologie, biologie", décrit-elle : suspicions de fracture, phlébites, coliques néphrétiques, pyélonéphrites, lombosciatalgies… "Selon les structures, on a entre 10 et 30% des patients qui nous sont adressés par le médecin ou l'infirmier pour éviter le passage aux urgences", pointe Maeva Delaveau. "On voit les patients par ordre de gravité et on priorise toujours ceux qui ont besoin de notre plateau technique. Une consultation qui peut être différée de 48-72 heures ne relève pas de nos structures", insiste-t-elle. Les CSNP se distinguent en cela des centres médicaux à horaires élargis (CHE), qui proposent des consultations de médecine générale en soirée ou le week-end.
Mais qu'en est-il du suivi des patients âgés, polypathologiques qui finissent aux urgences faute d'avoir accès à un médecin traitant ? interpelle un généraliste. "Les CSNP ne sont pas une réponse à la désertification médicale", reconnaît Maeva Delaveau. "On nous dit souvent 'Pourquoi vous n'êtes pas médecin traitant'? Mais moi déjà dans mes journées, je n'arrive à manger, ni à me poser sur les 10-11h que je passe sur place, je ne vois à quel moment je ferais du suivi de patient… Les médecins généralistes nous envoient les patients parce que le trauma de bassin sur la petite dame âgée, ou la douleur thoracique qui dure depuis 2-3 jours, un peu suspecte, ils n'ont pas le temps", souligne-t-elle, reconnaissant que "dans l'idéal, ces patients seraient pris en charge aux urgences".
Accusés de coter des majorations à tour de bras, les CSNP se défendent d'être des machines à cash, détournant les jeunes généralistes d'une médecine traitante faite de "patients lourds", "chronophages" et de paperasse. Au contraire : non seulement ces structures peinent elles aussi à recruter, mais elles ont "de gros problèmes de rentabilité", assure Maeva Delaveau. "J'ai beaucoup de patients qui vont rester 1 heure ou 2 heures le temps que tous les examens soient faits et qu'ils ressortent. Et à la fin, je vais quand même coter une G… Entre ce type d'activité et un cabinet à 100 consultations par jour, le choix est vite fait", déplore la généraliste urgentiste.
Un cadre bien défini permettrait non seulement de "mieux valoriser les soins urgents", mais aussi de mettre fin à cet "amalgame". "On a marre d'être considérés systématiquement comme des fraudeurs", lance la présidente de la fédération. En outre, il donnerait à ces CSNP "de la visibilité dans les parcours de soins" et une existence juridique. Faute de mieux, ces centres se sont - la plupart du temps- structurés en Sisa. "On n'est pas censés avoir une PUI [pharmacie à usage intérieur, NDLR], ne pas détenir de médicaments, or on administre des traitements en intraveineuse. On fait de la biologie délocalisée, mais rien n'encadre ça de façon bien claire. Il y a tout un tas de petites difficultés de fonctionnement", déplore Maeva Delaveau.
Le dernier PLFSS avait tenté de combler cet angle mort de la médecine de ville, en reconnaissant l'existence des "structures de soins non programmés", tenues de respecter "un cahier des charges", dont les professionnels participent au SAS et à la PDSA. Maeva Delaveau espère désormais que la mesure sera reprise dans la nouvelle mouture du texte, qui sera examinée la semaine prochaine à l'Assemblée nationale.
*Généraliste avec une capacité de médecine d'urgence (Camu)
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