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Cancer du sein hormonodépendant métastatique : la biopsie liquide permet d’anticiper une résistance au traitement

La biopsie liquide, qui permet de détecter par une simple prise de sang des anomalies biologiques sur l’ADN tumoral circulant, pourrait bien révolutionner la prise en charge de certains cancers du sein. 

02/06/2025 Par Dre Marielle Ammouche
Asco 2025 Cancer du sein Cancérologie
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Selon de nouvelles données, présentées au Congrès annuel de l’American society of clinical oncology (Asco), qui se déroule à Chicago du 30 mai au 3 juin, elle permet, en effet, d’améliorer le pronostic des femmes ayant un cancer du sein métastatiques hormonodépendants en détectant un risque de résistance au traitement et en permettant d’adapter l’hormonothérapie orale, avant tout signe d’évolution de la maladie.

C’est ce que démontre l’étude Serena-6, qui a été présentée en session plénière à l’Asco.

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Dans les années 80 j'ai été suivre (sans prescription - je suis Belge) une "cure thermale" en Auvergne, suite à une promotion tour... Lire plus

Elle est basée sur la notion d’interception de résistances. En effet, les femmes ayant un cancer du sein hormonodépendant au stade métastatique sont traitées généralement par une hormonothérapie combinant une anti-aromatase (qui bloque l’activation du récepteur aux oestrogènes) et un inhibiteur de la prolifération cellulaire (inhibiteurs de CDK4/6). Cependant, dans près de 40 % des cas, des mutations activatrices du gène du récepteur aux oestrogènes (ESR1) se développent. Or « ces mutations peuvent le plus souvent être détectées dans le sang plusieurs mois avant qu’elles n’entrainent une ré-évolution du cancer » ; cela ouvre « une « fenêtre de tir » pour cibler ces mutations de résistance », explique l’Institut Curie.

Une nouvelle hormonothérapie…

Dans ce cadre l’étude Serena-6 a testé l’intérêt d’une nouvelle hormonothérapie, un nouvel inhibiteur sélectif oral des récepteurs aux oestrogènes (Serd), le camizestrant (AstraZeneca), en fonction de l’ADN tumoral.

Serena-6 fait suite à l’étude Pada-1, dont les résultats, publiés il y a 3 ans, ont montré une réduction de 39% du risque d’évolution du cancer si l’hormonothérapie était modifiée en utilisant des injections de fulvestrant (un autre Serd) pour contrer les mutations d’ESR1 nouvellement apparues. « Si l’étude Pada-1, que nous avions menée en France grâce au réseau Unicancer, avait établi la preuve de concept, Serena-6 grave dans le marbre que notre stratégie d’interception des résistances, grâce à un suivi régulier non invasif par prise de sang et un changement de traitement, mène à un bénéfice tangible pour la survie et la qualité de vie des patientes »déclare le Pr François-Clément Bidard, oncologue médical à l’IHU Institut des Cancers des Femmes de l’Institut Curie, Professeur à l’Université de Versailles-Saint-Quentin et co-pilote de l’étude Serena-6.

Séréna-6 va beaucoup plus loin que Pada-1 car il s’agit d’essai clinique de phase 3, international, mené en double aveugle auprès de 3 000 femmes présentant un cancer du sein métastatique hormonodépendant.

Les patientes recevaient initialement le traitement standard (anti-aromatase et inhibiteur de CDK4/6), et avaient une prise de sang tous les 2-3 mois. Au cours de l’étude, 315 patientes ont développé une mutation ESR1 dans le sang mais sans signe de ré-évolution du cancer. Ces patientes ont été réparties dans 2 groupes : le groupe standard a continué le même traitement, alors que le groupe expérimental a reçu le camizestrant associé à l’inhibiteur de CDK4/6.

…efficace et bien tolérée

Les analyses ont alors montré que le camizestrant permettait de réduire de 56% le risque d’évolution du cancer. La première ré-évolution était retardée d’environ 6 mois en moyenne. Le taux de survie sans progression à 12 mois était de 60,7 % pour les patientes ayant sous camizestrant contre 33,4 % chez les autres. Et à 24 mois, elle était encore de 29,7 % contre 5,4 %. En outre, le bénéfice sur le risque de ré-évolution était conservé à long terme. Par ailleurs, la tolérance du camizestrant était bonne avec des effets secondaires limités, et seulement 1,3% d’interruptions de de traitement (chiffre similaire pour le traitement standard). Enfin, la qualité de vie était aussi augmentée par le camizestrant.

« La stratégie de suivi et ciblage précoce des mutations d’ESR1 démontre ici tout son intérêt pratique : intervenir précocement permet d’éviter ou retarder des ré-évolutions tumorales et sauvegarde la qualité de vie » conclut l’Institut Curie. « Désormais, les perspectives de recherche et clinique sont fascinantes, cette stratégie pouvant potentiellement s’extrapoler dans d’autres situations et types de cancers, et mener à l’enregistrement de nouveaux médicaments », ajoute le Pr François-Clément Bidard.

Références :

D’après Bidard FC. Et al., The New England Journal of Medicine (1er juin) ; et un communiqué de l’Institut Curie (1er juin) 

1 débatteur en ligne1 en ligne
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Médecine générale
il y a 2 mois
L’étude Serena-6 est basée sur la notion d’interception de résistances. En effet, les femmes ayant un cancer du sein hormonodépendant au stade métastatique sont traitées généralement par une horm
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