Discrimination envers les patients de couleur : cette étude révèle l'ampleur du phénomène aux urgences

11/01/2024 Par Louise Claereboudt
Déontologie
A symptômes identiques, les patients noirs sont moins bien pris en charge que les Blancs, révèle une étude pour laquelle 1500 médecins, internes et infirmières ont été sondés.  

Pour parvenir à cette conclusion édifiante, les auteurs de cette étude, publiée dans l'European journal of emergency medicine et coordonnée par le Pr Xavier Bobbia du CHU de Montpellier, ont interrogé plus de 1500 médecins, internes et infirmières exerçant dans des services d'urgences en France, Belgique, Suisse et à Monaco. Ces derniers se sont vu proposer un cas clinique. Les répondants devaient trier 8 patients – 4 hommes et 4 femmes d'ethnies différentes – souffrant de douleur thoracique en fonction de leur niveau de priorité : de 1 (prise en charge immédiate nécessaire) à 5 (patient pouvant attendre jusqu'à 2h).  

Les résultats montrent qu'à symptômes et gravité identiques, les hommes blancs étaient davantage pris au sérieux que les femmes, et que les patients de couleur. "Si le cas est jugé en moyenne à 55% comme une urgence vitale, il l'est à 62% quand le patient est un homme, contre 49% quand il s'agit d'une femme", rapporte Midi libre. Interrogé par le quotidien, le Pr Bobbia ajoute que "l'ethnie maghrébine était le plus souvent classée urgence vitale, à 61%, devant l'ethnie blanche, 58%, asiatique, 55%, et noire, 47". La différence la plus importante est observée entre les hommes blancs et les femmes noires : 63% pour les premiers contre 42% pour les secondes. 

Le Pr Bobbia, également chargé d'enseignement à la faculté de médecine de Montpellier-Nîmes, a soumis 27 de ses étudiants à ce même cas clinique, et obtenu les mêmes résultats.  

Depuis, les urgences du CHU de Montpellier ont modifié leur "échelle de triage", a indiqué le médecin à nos confrères. 

[avec Midi libre

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5 débatteurs en ligne5 en ligne
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564 points
Incontournable
Réanimation médicale
il y a 2 ans
On peut reprocher beaucoup de choses aux Urgences et Urgentistes, mais la ségrégation selon le sexe ou la couleur de peau, mes bras m'en tombent. Les seuls critères de frein à une prise en charge précoce, ce sont les hypochondriaques connus (ils sont rares), les pusillanimes, les déments et les fins de vie. Pour les deux derniers c'est dégueulasse je vous l'accorde.
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504 points
Débatteur Passionné
Médecine générale
il y a 2 ans
Cette étude devrait être approfondie avant de livrer des conclusions "chocs" médiatiques. Comme le souligne un des intervenants, la barrière de la langue est un facteur important et non de discrimination. Les conclusions au premier degré signifieraient qu'il y a du racisme dans les soins... Je sais qu'Hippocrate est un peu oublié, mais quand même !...
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3,2 k points
Débatteur Passionné
Médecine générale
il y a 2 ans
Sur un excellent blog que l’on peut retrouver sur perruchenautomne.eu/wordpress (faire un copier -coller et ouvrir) , l’avant dernier article a pour titre «  Quand la qualité pénalise les plus fragiles », cela à propos d’une étude américaine concernant l’attribution d’un bonus ou d’un malus en fonction de la qualité des soins. Je cite le résultat « Les unités de dialyse prenant en charge les patients avec le risque social le plus élevé sont celles qui ont le plus de mal à atteindre les critères de qualité en particulier la dialyse à domicile. » Effectivement difficile de proposer une dialyse à domicile, un des critères de qualité retenu, chez les mal logés ! Conséquence : les structures qui ont pris le plus en charge « des patients défavorisés » ont subi des sanctions financière les plus élevées. Je cite à nouveau : « La leçon de ce travail, si on veut récompenser les soignants vertueux, il faut ajuster la métrique sur la difficulté à soigner des patients difficiles. » Bien sûr, c’est ce que fait la SS pour mettre les médecins sous objectif ; ah non ? Mais alors, c’est la SS qui stimule la discrimination ; comme dans cet article quand une structure veut devenir la meilleure.
 
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