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Infertilité : des ovocytes créés à partir de cellules cutanées

Des chercheurs ont réussi, pour la première fois, à créer des ovocytes en laboratoire à partir d’autres cellules. Pour certains, il s’agit là d’une étape fondamentale dans la lutte contre l’infertilité. 

03/10/2025 Par AFP
Gynécologie-Obstétrique
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"Cela permettrait aussi à des couples du même sexe d'avoir un enfant apparenté génétiquement aux deux partenaires", avance auprès de l'AFP l'une des auteures de l'étude, Paula Amato, chercheuse à l'Oregon Health & Science University aux Etats-Unis. Cependant, Mme Amato prévient qu’il faudra au moins une dizaine d'années avant que ces recherches profitent éventuellement à des patientes infertiles. En outre, elles soulèvent de nombreuses questions éthiques.

Ce travail s'inscrit dans un champ de recherche en plein essor : la "gamétogenèse in vitro". Il a déjà donné lieu à des avancées marquantes: début 2025, des chercheurs japonais avaient fait naître des souris de deux pères biologiques. L'étude qui vient d’être publiée dans la revue Nature Communications va cependant plus loin. Cette fois, ce sont des cellules humaines qui ont servi à l'expérience, au point de se développer en embryons même si ces derniers ont vite été détruits.

Transfert de noyau et mitoméiose

Les scientifiques américains ont ainsi transformé des cellules cutanées en ovocyte en utilisant la technique bien connue de « transfert de noyau » : le noyau de cellule cutanée ayant été placée dans un ovocyte auparavant délesté de son propre noyau.  Mais il a fallu aussi retirer les 23 chromosomes « en trop », un processus indispensable pour obtenir une cellule reproductrice. Cela a été effectué par une technique qu'ils ont baptisée "mitoméiose". Puis, ils ont tenté de fertiliser ces cellules avec des spermatozoïdes. Sur ces candidats ovules, une petite dizaine se sont développés en embryons de quelques jours, un stade théoriquement suffisant pour les implanter chez une patiente lors d'une fécondation in vitro. Ces embryons comprenaient cependant de nombreuses anomalies et ont rapidement été détruits, signe que la recherche n'en est qu'au stade de l'expérience de laboratoire et non d'une avancée médicale concrète. 

Les auteurs de l’étude restent, eux-mêmes très prudents. Ils concluent : « Bien que notre étude démontre le potentiel de la mitoméiose pour la gamétogenèse in vitro, elle ne constitue à ce stade qu'une preuve de concept et des recherches supplémentaires sont nécessaires pour garantir son efficacité et sa sécurité avant de futures applications cliniques ».
Mais ces résultats sont suffisamment majeurs pour susciter l'engouement de plusieurs chercheurs. C'est une avancée "enthousiasmante" qui pourrait "ouvrir un jour la voie à la création de cellules semblables aux ovocytes et aux spermatozoïdes pour ceux qui n'ont pas d'autre choix", a jugé la chercheuse Ying Cheon, spécialiste en médecine de la reproduction à l'université britannique de Southampton, dans une réaction à l'organisme Science Media Centre.

Nécessité d’une régulation

D'autant que d'autres scientifiques suivent une voie différente mais aussi prometteuse : ils cherchent plutôt à "reprogrammer" des cellules non reproductives, pour les ramener à un stade où elles seraient indifférenciées. Là encore, la promesse est de s'en servir pour créer un ovocyte capable de générer un embryon.

Toutes ces recherches sont suffisamment avancées pour que des régulateurs se posent déjà la question du cadre à donner un jour à une telle avancée médicale, à l'instar en France de l'Agence de biomédecine. Celle-ci, dans une publication jeudi sur son site, estime que la création artificielle de gamètes "pourrait profondément bouleverser le paysage de la reproduction humaine". Elle est "susceptible de modifier, en profondeur, la dynamique de formation des familles, les normes sociales autour de la reproduction, et les liens génétiques qui les sous-tendent", estime cette agence publique. Craignant un risque d'"eugénisme" au vu du grand nombre d'embryons qu'une telle technique permettrait de générer, elle appelle à "la mise en place d'un cadre éthique et juridique international (...) pour éviter une course à l'innovation non régulée".

Références :

Sources : D’après AFP. Marti Gutierrez, N., et al.. Nat Commun 16, 8340 (2025). 
https://doi.org/10.1038/s41467-025-63454-7
 

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Claire FAUCHERY

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