Grossesse : l’exposition à deux perturbateurs endocriniens associée à des troubles du comportement chez l’enfant
Une nouvelle étude suggère une association entre l’exposition prénatale à deux produits chimiques et la présence de troubles du comportement chez les enfants.
Ces données sont particulièrement préoccupantes car les deux produits en question - le méthylparabène et le bisphénol S, qui sont suspectés d’être des perturbateurs endocriniens - sont largement retrouvés dans les produits de notre quotidien (aliments, cosmétiques, plastiques…). Plus encore, « le bisphénol S est utilisé comme un substitut du bisphénol A, dont l’utilisation a été interdite pour certains usages, tels que les contenants alimentaires. Or, de plus en plus d’études suggèrent des effets néfastes sur la santé, alors même que nous sommes de plus en plus exposés à cette substance », explique Claire Philippat, chercheuse à l’Inserm et dernière autrice de cette étude.
Les chercheurs de l’Inserm, en collaboration avec le CNRS, l’Université Grenoble Alpes (UGA), le centre hospitalier universitaire Grenoble Alpes (CHU), et le Barcelona Institute for Global Health (ISGlobal), se sont basés sur deux cohortes : la première, composée de 1 080 mères et de leurs enfants recrutés à Barcelone entre 2018 et 2021 ; et la seconde, de 484 mères et de leurs enfants recrutés dans la région grenobloise entre 2014 et 2017.
Douze substances suspectées ou reconnues d’être des perturbateurs endocriniens ont été mesurées dans les urines des mères: des bisphénols, des parabènes et d’autres composés phénoliques comme le triclosan. « C’est une des forces de ces cohortes : les femmes ont recueilli jusqu’à 42 échantillons pendant la grossesse alors que les études précédentes en avaient au maximum trois. Cela permet une vraie amélioration de la mesure de l’exposition à ces substances », explique la chercheuse.
Quant à la détection de troubles comportementaux chez les enfants, ils ont été évalués via un questionnaire, le Child Behaviour Checklist (CBCL), rempli par les parents lorsque l’enfant avait entre un an et demi et deux ans. Ce test permet de dépister d’éventuels troubles du comportement, tels que des difficultés d’attention ou des comportements anxieux, dépressifs ou agressifs.
Les résultats ont alors mis en évidence qu’une exposition au méthylparabène au troisième trimestre de grossesse était associée à des scores plus élevés à ce questionnaire, suggérant de possibles troubles du comportement chez l’enfant. Concernant le bisphénol S, cette association n’était retrouvée que chez les garçons. Et « aucun effet cocktail, issu du mélange des différents phénols, n’a en revanche été observé » précise l’Inserm dans un communiqué.
Les chercheurs ont ensuite voulu aller plus loin et ont souhaité comprendre les mécanismes de cette association, et en particulier l’implication de l’axe hypothalamo-hypophyso-surrénalien (HPA). Pour cela, ils ont mesuré des concentrations de différentes hormones chez les mères en fin de grossesse. Mais les résultats ont été non concluants. « Nos résultats ne suffisent pas à écarter cette hypothèse, car il y a encore très peu d’études sur le sujet. Mais il est possible que d’autres mécanismes biologiques, tels que la perturbation de l’axe thyroïdien ou œstrogénique, soient impliqués », explique Claire Philippat.
De nouvelles recherches seront donc nécessaires pour confirmer ce lien et préciser les mécanismes
Références :
Rolland M. et al, The Lancet Planetary Health (9 décembre) ; et d’après un communiqué de l’Inserm (9 décembre)
https://www.thelancet.com/journals/lanplh/article/PIIS2542-5196(25)00208-6/fulltext
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