Diphtérie : une épidémie depuis 2022 qui persiste à bas bruit en Europe de l’Ouest
Selon des chercheurs français, l’Europe de l’Ouest fait face, depuis 2022, à une importante épidémie de diphtérie.
Des chercheurs français montrent que l’Europe de l’Ouest fait face, depuis 2022, à la plus importante épidémie de diphtérie depuis 70 ans. La bactérie responsable (corynebacterium diphtheriae) circule à bas bruit principalement parmi les populations vulnérables, comme des migrants ou les SDF. Ainsi, en 2022, 362 cas de diphtérie ont été recensés dans plusieurs pays européens. Les personnes touchées étaient principalement des personnes migrantes récemment arrivées en Europe. Des mesures préventives ont été rapidement mises en place, ce qui a permis d'atténuer l'épidémie.
Ainsi, en 2023, 123 cas ont été signalés en Autriche, en France, en Allemagne, en Suisse, aux Pays-Bas et au Royaume-Uni. Cependant, les autorités ont constaté une persistance des contaminations, même si elles restent rares. "Au total, 536 cas, dont au moins trois décès, ont été recensés en Europe depuis le début de l’épidémie de 2022", complètent l’institut Pasteur.
Cet organisme a donc mené une étude pour avoir plus de données épidémiologiques et génétiques. 363 isolats provenant de 362 patients dans dix pays européens ont été analysés pour ce travail. Sur le plan épidémiologique, il en ressort que la très grande majorité des patients étaient des hommes (98%), jeunes (âge médian de 18 ans), ayant récemment migré vers l'Europe. Les présentations cliniques étaient généralement cutanées (77%), avec 15% de formes respiratoires, plus graves.
L'accent sur la vaccination
Bien que les populations touchées étaient essentiellement originaires d’Afghanistan ou de Syrie, les analyses ont montré que les contaminations n’avaient pas été effectuées dans les pays d’origine, mais au cours des voyages migratoires, ou dans les pays de destination, sans que l’on puisse préciser exactement où. Il existe ainsi "une très forte proximité génétique entre les souches observées chez des personnes originaires de pays différents, ce qui implique l’existence d’un point de contact récent, hors du pays d’origine, ayant permis les contaminations", précise l’Institut Pasteur.
En outre, "l’ampleur exacte de l’épidémie reste par ailleurs difficile à déterminer en raison des limites du dépistage auprès de ces populations vulnérables". Dans ce contexte, les autorités sanitaires insistent sur l’importance de la vaccination contre la diphtérie, et en particulier pour les populations vulnérables. "La diphtérie représente un risque notamment chez les personnes migrantes, les personnes sans domicile fixe, les consommateurs de drogues injectables, les personnes non vaccinées et les personnes âgées souffrant de maladies préexistantes, ainsi que les personnes ayant des liens professionnels avec ces groupes, rappelle Isabelle Parent du Châtelet, responsable d’unité à Santé publique France. Cela signifie également que les cliniciens doivent prêter attention aux symptômes courants de la diphtérie, en particulier lorsque leurs patients ont un lien professionnel ou autre avec ces populations vulnérables."
Références :
D’après un communiqué de l’Institut Pasteur (4 juin); et d’après Hoefer A. et al. The New England Journal of Medicine (5 juin)
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