Coronaropathies chroniques : l'aspirine ne doit pas être ajoutée à l'anticoagulation, selon une nouvelle étude
Une nouvelle étude française montre que l'aspirine ne doit pas être ajoutée au traitement des patients coronariens chroniques, même à risque de récidive élevé, qui sont sous anticoagulant.
Est-il légitime de mettre sous aspirine des patients coronariens chroniques sous anticoagulation ? Cette situation est fréquente, en particulier lorsque le patient, en plus de sa maladie cardiovasculaire, est porteur de fibrillation atriale, par exemple. C’est pour répondre à cette question qu’a été construite l’étude Aquatic.
Fruit de la fusion de trois projets hospitaliers de recherche clinique (PHRC) nationaux, elle a été menée dans 51 centres de cardiologie en France, et a inclus au total 872 patients atteints d’une maladie coronaire chronique, à haut risque de récidive, et traités par anticoagulant. Il s’agit d’une étude randomisée, menée en double aveugle, les patients recevant soit 100 mg d’aspirine par jour, soit un placebo. Le critère d’efficacité principal était un critère composite incluant décès cardiovasculaire, infarctus du myocarde, accident vasculaire cérébral, embolie systémique, revascularisation coronaire ou ischémie aiguë d’un membre. Le critère de sécurité principal était la survenue d’un saignement majeur.
Les patients ont été suivis pendant une médiane de deux ans, au terme desquels l’étude s’est arrêtée prématurément – sur avis d’un comité indépendant - du fait d’une surmortalité toutes causes confondues dans le groupe aspirine.
Ainsi, les analyses ont montré que l’ajout d’aspirine n’offrait aucune protection supplémentaire sur le risque de récidive par rapport au traitement anticoagulant seul. Au contraire. Un événement du critère primaire d’efficacité est survenu chez 16,9 % du groupe aspirine contre 12,1 % du groupe placebo (risque relatif ajusté, RRa : 1,53 ; p = 0,02).
Le pronostic des patients sans aspirine était significativement meilleur, "de manière importante", souligne un communiqué des trois CHU concernés (Brest, Lille, Nîmes), avec un décès toutes causes confondues survenant chez 13,4 % des patients du groupe aspirine, contre 8,4 % de ceux du groupe placebo (RRa : 1,72 ; p = 0,01).
Et, sur le plan de la tolérance, il y a eu une augmentation significative des saignements avec l’aspirine : 10,2 %, contre 3,4 % avec le placebo (RRa : 3,35 p < 0,001). "Au total, 467 et 395 événements indésirables graves ont été rapportés respectivement dans les groupes aspirine et placebo", précise l’étude.
Ces résultats "pourraient modifier les prochaines recommandations internationales de cardiologie en notifiant que pour les patients coronariens chroniques, y compris pour ceux qui ont un risque élevé, l’aspirine ne doit pas être prescrite à long terme en plus du traitement anticoagulant lorsque celui-ci est nécessaire notamment pour une fibrillation atriale", conclut le communiqué.
Références :
D’après un communiqué des CHU de Lille, Nîmes et Brest (3 novembre); et Lemesle G. et al, New England Journal of Medecine (31 Aout 2025).
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