Alimentation ultra-transformée : un impact prouvé sur le métabolisme et la fertilité
Une alimentation riche en produits ultra-transformés perturbe plusieurs hormones et apparait néfaste pour les fonctions cardiométaboliques et reproductives, indépendamment d'un apport calorique excessif.
Une équipe de chercheurs français publie des travaux qui montrent à quel point une alimentation ultra-transformée est nocive pour la santé, en particulier pour le métabolisme et la fertilité, et ce, quel que soit la ration calorique ingérée.
On savait déjà que ces produits alimentaires industriels – dits-ultra-transformés – sont associés à un risque plus élevé d’obésité, de diabète, de pathologies cardiovasculaires, et même de certains cancers. Cependant, ces données sont issues d’études observationnelles, ne pouvant établir le lien de cause à effet. Et jusqu’à présent, seules 3 études cliniques ont cherché à évaluer l’effet direct de la consommation d’aliments ultra-transformés sur la santé. Elles ont alors permis de mettre en évidence un lien direct entre régime riche en produits ultra-transformés et surconsommation calorique, ce qui perturbe l’analyse des effets sur le métabolisme.
Les scientifiques de Sophia-Antipolis (Inserm, CNRS et université Côte d'Azur) ont donc décidé de conduire une étude d’intervention avec un design particulier, dans l’optique d’en savoir plus sur l’impact exact de ces aliments ultra-transformés sur le métabolisme humain.
Pour cela, ils ont recruté 43 hommes, qui ont été randomisés et ont suivi deux régimes alimentaires distincts successivement pendant 3 semaines, chacun avec une période de sevrage entre les deux : l’un riche en aliments ultra-transformés, l’autre basé sur des produits peu ou non transformés.
En outre, deux sous-groupes ont été formés en fonction de la quantité calorique ingérée : un recevant les deux régimes en quantité modérée, adaptée à l’âge, au poids et au niveau d’activité physique de la personne (groupe Quantité de calories adéquate), l’autre recevant les deux régimes avec un excès de 500 kcal par jour (groupe Surconsommation de calories). Au sein de chaque sous-groupe, la composition en macronutriments était similaire.
Grace à ce protocole, il était donc possible de « dissocier l’effet de la surconsommation de calories de celui du régime lui-même » explique le CNRS.
Les résultats sont alors apparus « préoccupants ». Les analyses ont en effet montré que, même en quantité modérée, le régime ultra-transformé entrainait une prise de poids, une augmentation de la masse corporelle, ainsi qu’une hausse du ratio LDL/HDL. Ainsi, la consommation d'aliments ultra-transformés par rapport à celle d'aliments non transformés a entraîné une augmentation de poids de 1,4 et 1,3 kg dans les groupes caloriques adéquates et excédentaires, respectivement.
Ils ont aussi mis en évidence la présence de changements hormonaux notables dus aux aliments ultra-transformés avec, en particulier, une baisse de la testostérone, de la FSH, et la GDF-15, une hormone impliquée dans le métabolisme. L’impact sur la fertilité était confirmé par une détérioration de la qualité du sperme, et une baisse du nombre de spermatozoïdes mobiles.
Pour les auteurs, les polluants ajoutés dans les aliments industriels, comme les additifs, pourraient être responsables de ces effets, comme le montre l’étude. En effet, chez les sujets suivant un régime ultra-transformé, on constatait une baisse du taux de lithium sanguin, mais aussi une augmentation dans le sang – et aussi dans le liquide séminal - d’un plastifiant, le phtalate cxMINP, un perturbateur endocrinien.
« Cette étude met en lumière le rôle de l’alimentation ultra-transformée sur la santé du système reproducteur masculin, possiblement via l’action de perturbateurs endocriniens. Elle établit que la quantité de calories consommée n’est pas le seul facteur responsable de ces effets délétères et renforce l’idée selon laquelle la nature ultra-transformée des aliments est une dimension nutritionnelle à part entière » conclut le CNRS.
Références :
D’après Preston JM. Et al. Celle Metabolism (28 aout) ; et un communiqué du CNRS Biologie.
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