Patients cancéreux : pas de surrisque face au Covid

27/05/2020 Par Marielle Ammouche
Cancérologie Infectiologie

Selon une étude de l’Institut Curie, l’incidence du Covid-19 n’est pas augmentée chez les patients atteints d’un cancer. Et la mortalité liée à l’infection est similaire au reste de la population.   Les patients présentant un cancer ont été considérés comme vulnérables par rapport au risque de Covid-19. Mais cette notion ne reposait sur aucune donnée précise pouvant affirmer que ces patients étaient plus sensibles au Sars-CoV-2 ou risquaient de développer une forme sévère de la maladie. C’est pourquoi, dès le début de l’épidémie, les médecins de l’Institut Curie ont senti la nécessité d’acquérir un maximum de données sur la prise en charge de leurs malades cancéreux présentant une infection à coronavirus. L’ensemble des équipes médicales, statisticiens, patients…, se sont fortement mobilisées pour enregistrer les caractéristiques de ces patients, et leurs prises en charge. « Nous souhaitions avoir notre propre expérience et savoir ce qui se passe chez les patients atteints de cancer, ainsi que les conséquences sur les pratiques » explique ainsi le Dr Paul Cottu chef de département adjoint du département oncologie médicale à l’Institut Curie et coordinateur de l’étude.  « Très rapidement, dès le début de l’épidémie en France, nous avons mis en place au sein de l’Institut Curie, un registre qui nous a permis de surveiller en temps réel tous nos patients diagnostiqués Covid+ ou suspectés de l’être, soit au total près de 200 personnes. Notre objectif : recueillir les informations pour évaluer l’incidence du Covid-19, comprendre les conséquences de l’infection et identifier des facteurs de risque spécifiques chez nos patients », explique le spécialiste.

Les patients ont été recrutés les patients tout venant entre mi-mars et début mai 2020, soit 9 842 malades, dont 141 ont été diagnostiqués Covid sur test virologique. Ils présentaient des cancers de tout type...

 40% de cancer du sein, 13% de tumeurs hématologiques et des poumons. Ces patients étaient traités en ambulatoire ou hospitalisés. Parmi eux, 88 % suivaient un traitement anticancéreux (chimio-, hormono-, radio-immunothérapie, thérapie ciblée ou chirurgie) et 69 % étaient à un stade avancé de la maladie cancéreuse, avec métastases. Le suivi a été de 28 jours. L’analyse des données cliniques, radiologiques et biologiques des patients a permis de montrer que, contrairement à ce que l’on craignait, il n’a pas été observé d’augmentation de l’incidence du Covid-19 chez les patients présentant un cancer par rapport à la population générale. L’incidence observée était de1,4%. Concernant le risque de présenter une infection grave, il n’a pas été constaté non plus de différence avec le reste de la population sur les paramètres de la mortalité et du transfert en réanimation. Le taux de mortalité dans la cohorte de l’Institut Curie était de 18%, un taux similaire à celui de la population générale pour ce type de patient, suggérant l’absence de surmortalité chez les patients atteints de cancer. Les facteurs de gravité observés étaient liés à la présentation de la maladie à l’arrivée du patient à l’hôpital (maladie pulmonaire extensive, désaturation en oxygène) et à son état général, plus qu’au terrain (âge, cancer, …).  Enfin, la présentation clinique, l’imagerie et les altérations biologiques  observées étaient similaires que les patients aient un cancer ou non.

« Les informations générées par notre étude sont très précieuses pour la prise en charge des patients, sachant que pour les deux-tiers d’entre eux, certaines chirurgies et certains traitements, ne pouvant se faire à distance ont été modifiés ou retardés. Elles ouvrent la voie à des soins...

plus sûrs et individualisés pour les patients atteints de cancer à l'ère COVID-19, conclut le Dr Paul Cottu. Aujourd’hui, il est urgent de relancer la dynamique de prise en charge des patients en cours de traitement ou de diagnostic pour leur cancer ».   Préciser les facteurs radiologiques de sévérité Une sous-étude a inclus les 70 premiers patients Covid de la cohorte de l’Institut Curie. L’objectif était de préciser les relations entre atteinte radiologique et atteinte clinique lors du Covid. En effet, l’un des principaux facteurs de risque d’évolution péjorative de l’infection est le degré d’atteinte pulmonaire. Or la quantification des lésions au scanner throracique reste assez « grossière » et subjective. On considère en effet qu’une atteinte étendue correspond à 25 à 50% du parenchyme pulmonaire. Les chercheurs de l’Institut Curie ont donc voulu préciser les chiffres. Pour cela, ils ont utilisé un logiciel qui a permis de montrer que le seuil d’atteinte pulmonaire à risque de sévérité (décès, réanimation) était assez faible, de l’ordre de 30%. Ce chiffre a d’ailleurs été confirmé, « en miroir », dans une étude italienne portant sur une population de 236 patients Covid majoritairement non cancéreux, qui a trouvé l’inverse : 70% de parenchyme sain correspond à des patients non à risque de sévérité. En outre, la similarité des chiffres dans les deux études confirme que « le Covid entraine des complications graves, mais non le cancer » souligne le Dr Vincent Servois, radiologue à l’Institut Curie. Et ce, sans que l’on connaisse précisément actuellement les facteurs qui entrainent une atteinte étendue : retard diagnostique, sensibilité à l’infection (réponse immunitaire, inocula viral …).

  De nombreuses études en cours 21 projets de recherche sont actuellement en cours à l’Institut Curie autour du Covid allant du plus fondamental à des projets de recherche clinique. Ils portent notamment sur l’étude de la réponse immunitaire au Sars-CoV-2, l’influence des traitements de chimiothérapie, l’évolution du nombre de consultations pour nouveau cancer du sein…  

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Claire FAUCHERY

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