Oncologie médicale : les nouveautés de l’Asco 2021 qui vont changer les pratiques

17/06/2021 Par Marielle Ammouche
Cancérologie
Grand-messe de la cancérologie mondiale, le congrès de l’American society of clinical oncology (Asco) a eu lieu sous forme digitale du 4 au 8 juin 2021. Cette édition a permis de présenter des avancées dans de nombreux cancers dont certaines, concernant des cancers fréquents tels que la prostate, le sein ou le poumon, pourraient bien changer les pratiques rapidement car elles ont un impact significatif sur l’évolution de la maladie, voire la survie. 

Le congrès de l’American society of clinical oncology (Asco) 2021 a été « riche en informations importantes et transformantes sur la prise en charge des patients, avec un impact significatif sur la survie », affirme le Pr Pierre-Yves Blay, directeur général du Centre Léon Bérard à Lyon et président d’Unicancer. 

 

Cancer prostate : de nouveaux espoirs pour les tumeurs résistantes et celles d’emblée métastatiques 

Dans le cancer de la prostate, en particulier, l’étude Vision, présentée en séance pléinière, pourrait bien changer les stratégies thérapeutiques chez les patients résistants aux traitements standards. Elle explorait, en effet, dans une approche randomisée guidée par l’expression du Prostate-specific membrane antigen (PSMA) à la surface des cellules tumorales, sur les sites métastatiques, un nouveau traitement par ligand du PSMA couplé à du lutétium 177, constituant ainsi une « radio-immunothérapie » qui va apporter, sur les sites des métastases, un isotope capable de détruire les cellules tumorales, et d’affecter l’environnement. L’étude était guidée par l’expression du PSMA évalué par une scintigraphie au galium. Elle s’adressait à des patients ayant un cancer de la prostate métastatique ayant échappé au traitement classique. Les traitements comparateurs étaient laissés à l’appréciation des investigateurs mais incluaient principalement des hormonothérapies. L’étude a rassemblé un peu moins d’un millier de patients. Les résultats ont été positifs sur l’objectif de survie sans progression, mais aussi sur la survie globale (survie globale médiane passant de 11 à 15 mois). Et une réduction de 38% de la mortalité a été observée avec cette nouvelle approche thérapeutique qui s’adresse aux patients en fin de ligne. C’est donc « un changement assez radical », commente le Pr Blay. Même si on attend une confirmation de ces résultats, « on a ici un nouveau standard thérapeutique, qui va s’imposer dans les années à venir, chez ces patients qui étaient jusqu’à présent plutôt orphelins de toute approche thérapeutique ». 

Autre donnée importante pour ce cancer, l’étude de phase III Peace-1, promue par le groupe Unicancer et présentée par le Pr Karim Fizazi de l’Institut Gustave Roussy. Cette étude s’adresse aux patients d’emblée métastatiques. Pour l’Institut Gustave Roussy, elle pourrait « changer la donne et modifier le traitement standard » chez ces malades. Elle comparait dans un design 2 par 2, l’introduction de l’abiratérone (Zytiga, laboratoire Janssen-Cilag), hormonothérapie de nouvelle génération, la valeur de la radiothérapie, l’éventuelle intéraction avec l’abiratérone, et la chimiothérapie. Les premiers résultats montrent que combiner d’emblée l’abiratérone à une hormonothérapie classique et à une chimiothérapie, réduit de moitié le risque de progression tumorale et fait gagner deux ans et demi de survie sans progression de la maladie. Le bénéfice apparait significatif sur la survie sans progression et les données sont « très encourageantes » sur la survie globale, complète le Pr Blay, permettant de positionner ce médicament comme une option « très raisonnable » en première ligne de traitement, en combinaison avec la radiothérapie et éventuellement la chimiothérapie.  

 

Cancer du poumon : positionnement plus précoce de l’immunothérapie  

Les données présentées ont aussi été assez riches concernant le cancer bronchopulmonaire, et en particulier la place de l’immunothérapie pour la prise en charge des patients ayant une maladie localisée ou précoce. 

L’étude adjuvante Impower-10 a ainsi exploré l’utilisation de...

l’atézolizumab (Tecentriq, laboratoire Roche) chez des patients porteurs de cancer du poumon de stade 1 à 3, ayant fait l’objet d’une résection. Cette étude randomisée a permis de constater un gain en survie sans progression et une tendance forte pour la survie globale, établissant la valeur de l’immunothérapie dans cette population comme un standard dans les recommandations de pratique à venir. « En finalement assez peu de temps, l’immunothérapie est passée d’une approche thérapeutique transformante plutôt en dernière ligne, à une approche plutôt préventive de la rechute, très tôt dans un nombre croissant de maladies », souligne le Pr Blay. 

 

Cancer du sein : un traitement adjuvant pour éloigner le risque de rechute chez les patientes à haut risque 

« Si la majorité des cancers du sein sont diagnostiqués à un stade précoce (+ 45%), plus de 50% vont rechuter malgré un traitement bien conduit », rappelle le Pr Benoît You (hôpital Lyon Sud). Or aujourd’hui, on a des moyens plus efficaces de caractériser ce risque de rechute, grâce à l’envahissement ganglionnaire, et le score CPS EG (qui prend en compte des paramètres tels que le statut moral, l’envahissement ganglionnaire, l’aspect des cellules, …). L’étude de phase III OlympiA, présentée en séance plénière – et simultanée dans The New England Journal of Medicine - pourrait permettre d’améliorer la prise en charge de ces patientes ayant un cancer du sein localisé, mais à au haut risque de rechute. En effet elle démontre que l’olaparib (Lynparza, laboratoires AstraZeneca et Merck), un inhibiteur de Parp (voie de réparation de l’ADN), réduit significativement le risque de rechute chez ces patientes. C’est le premier médicament ciblant les mutations BRCA à montrer un bénéfice clinique dans un cadre adjuvant. 

Ainsi, dans la population globale de l'essai (patientes ayant terminé le traitement local et la chimiothérapie néoadjuvante ou adjuvante standard), les résultats ont montré que Lynparza réduisait le risque de récidive du cancer du sein invasif, de cancer secondaire ou de décès de 42 % (HR 0,58 ; Intervalle de confiance à 99,5 % [IC] 0,41-0,82 ; p<0,0001). À trois ans, 85,9 % des patientes traitées par Lynparza sont restées en vie et indemnes de cancer du sein invasif et de cancer secondaire contre 77,1 % sous placebo. 

Lynparza a également démontré une amélioration de 43%, statistiquement significative, du critère d'évaluation secondaire clé de la survie sans maladie à distance (autre cancer lié à BRCA) dans la population globale de l'essai. En revanche, à l’arrêt de l’étude, la différence de survie globale n'a pas atteint la signification statistique, probablement en raison d’un manque de recul de l’étude.  

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