Nutrition des nourrissons : un taux d’allaitement en baisse

01/02/2023 Par Marielle Ammouche
Nutrition

L’étude Nutri-Bébé 2022 dresse un tableau des pratiques alimentaires des tout-petits. Les premiers résultats mettent en évidence une baisse du taux d’allaitement par rapport à 2013, ainsi qu’une introduction trop précoce du lait de vache non spécifique.   Les recommandations alimentaires concernant les nourrissons de 0 à 3 ans ne sont pas assez bien suivies. C’est ce qui ressort de l’étude Nutri-Bébé*, une étude lancée en 1981, et conduite tous les 8 ans par le Secteur français des aliments de l’enfance (SFAE). L’étude révèle, en particulier, que le taux d’allaitement est en baisse depuis la précédente édition, qui date de 2013 : 55 % des enfants sont actuellement allaités ou ont été allaités (13 % allaités au moment de l’enquête, 42 % dans le passé); alors qu’ils étaient 62 % en 2013 (11 % allaités lors de l’enquête, 51 % dans le passé). Pourtant l’Organisation mondiale de la santé (OMS) prône un allaitement exclusif jusqu’à 6 mois, suivi d’un allaitement partiel jusqu’aux 2 ans du bébé. Les mères qui n’allaitaient pas étaient surtout des primipares. La pandémie pourrait expliquer en partie cette chute, du fait d’un manque d’accompagnement des jeunes mamans. Les mères inactives, celles aux revenus les plus modestes et les familles monoparentales sont les catégories parmi lesquelles le taux d’allaitement est le moins élevé.

A noter cependant, que si un enfant est allaité, il l’est sur une durée supérieure à celle de 2013 : 6,5 mois contre 4 précédemment. « Cela peut s’expliquer par un changement ou un ajustement d’activité professionnelle (comme le fait de télétravailler), ayant pu permettre aux mères allaitantes de mieux concilier activité professionnelle et allaitement », soutient la SFAE.   Pas de lait demi écrémé avant 3 ans Point positif, les âges de passage entre les différents laits infantiles semblent globalement bien suivis : autour de 5-6 mois pour le passage au lait 2ème âge ; et autour de 12 mois pour celui au lait de croissance. Cependant, l’étude montre quand même que le lait de vache non adapté est introduit trop tôt. Ainsi, un quart des bébés de l’enquête entre 1 et 2 ans consomment du lait de vache non spécifique, et presque 50 % après 2 ans. Or, après 1 an et jusqu’à 3 ans, c’est la consommation d’un lait 3ème âge (lait de croissance) qui est recommandée par les pédiatres, car le lait standard (type demi-écrémé) ne contient pas assez de nutriments essentiels au bébé. Les parents commettent aussi des erreurs concernant les pratiques alimentaires. Ainsi ils suppriment souvent le « bon gras » (oméga 3 et 6) de la nourriture de leur enfant (pour 60%). Or, comme le confirme la Dre Sandra Brancato, pédiatre et membre de l’Association française de pédiatrie ambulatoire (Afpa), « il est important de rappeler que les lipides ne doivent pas être éliminés de l’alimentation des enfants de moins de trois ans. […] Nous avions tiré la sonnette d’alarme pour rappeler que, pour l’enfant de moins de trois ans, 'le bon gras c’est la vie' et que 40 % de sa ration alimentaire doit être constituée de lipides de bonne qualité ».   Trop d’écrans, trop jeune Enfin, l’étude souligne, l’exposition trop forte aux écrans, en particulier au moment des repas. Ainsi, près de la moitié des tout-petits (49%) ont eu accès à un écran au cours des 7 derniers jours et ce, en moyenne 4 jours dans la semaine. C’est le moment du petit-déjeuner qui y est le plus propice : 42% des enfants prennent occasionnellement leur petit-déjeuner devant un écran. Le SFAE rappelle que les écrans « n’apportent aucun bénéfice pour le développement et le langage des bébés car ils ne présentent aucune interactivité. Avant 3 ans, les temps d’écran doivent être très limités et regardés accompagnés dans un cadre éducatif et non en substitution d’un repas en famille ». La Dre Sandra Brancato ajoute : « J’ai vu apparaître des ordonnances en sortie de maternité sur lesquelles il est dit aux parents de bannir les écrans pour les nourrissons ». Les enfants des mères primipares apparaissent moins exposés que les multipares : « La présence d’un grand frère ou d’une grande sœur auprès de notre population d’enquête a un impact sur sa vie quotidienne et en particulier ici sur l’usage des écrans », complète Amandine Rochedy, sociologue à l’Université Toulouse - Jean Jaurès. Pour toutes les questions sur la nutrition des bébés, la place du médecin reste importante. Ainsi, 52 % des mères primipares citent le pédiatre comme 1ère source d’influence dans ce domaine de l’alimentation des tout-petits de 0 à 18 mois.   *Ipsos pour le Secteur français des aliments de l’enfance. Étude Nutri-bébé : Enquête sur les pratiques alimentaires et apports nutritionnels des bébés français de moins de 3 ans. 2022. Cette étude a été menée du 11 mars au 20 juillet 2022 auprès de 880 parents d’enfants âgés de 15 jours à 36 mois révolus.

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