Industries de santé : comment lutter contre le déclassement de la France ?
Le baromètre 2024 des Entreprises du médicament (Leem) met en évidence un déclassement de la France en matière d’innovations médicamenteuses et d’accès aux soins des patients. Le Leem souhaite donc peser dans la balance des futures décisions stratégiques concernant le médicament en France. Et ce, malgré le contexte politique particulier.
Pour cela, il vient de publier son baromètre 2024, qui s’appuie sur des données publiques, d’autres provenant des études du Leem, mais aussi sur les résultats d’une enquête exclusive réalisée auprès des dirigeants des entreprises du médicament en France. Ce baromètre permet ainsi de dresser un état des forces et faiblesses des industries du médicament.
Au vu de ces données, le Leem met ainsi l’accent sur "de nombreuses menaces qui pèsent sur l’accès des patients à leurs traitement". Le Leem constate le faible niveau de la France en matière de souveraineté sanitaire, avec moins d’1 nouveau médicament sur 10 produits en France (contre 1 sur 4 en Allemagne), et une balance commerciale divisée par 8 entre 2022 et 2023. A cela, plusieurs raisons. Selon le Leem, "l’effet ciseau, entre les prix les plus bas et la fiscalité la plus haute d’Europe, pénalise fortement le développement des entreprises du médicament". Les essais cliniques stagnent au 3ème rang européen, freinant l’innovation. En outre, selon le Leem, l’instabilité du cadre fiscal décourage les investisseurs.
En conséquence, l’accès à ces nouveaux traitements est insuffisant, avec des délais d’accès aux nouveaux traitements qui se sont même allongés pour les patients à 527 jours en moyenne en 2023 contre 508 jours en 2022. "L’accès précoce fonctionne mais est restreint réglementairement aux maladies les plus sévères", ajoute le Leem, ce qui fait que plus du tiers des nouveaux médicaments (37%) ne passent pas par cette procédure dérogatoire. Et au final, de nombreux médicaments restent indisponibles en France alors qu’ils sont autorisés en Europe : c’est le cas ainsi de 37% des nouveaux médicaments en France (contre 12% en Allemagne).
Pour retrouver son leadership industriel et sa souveraineté sanitaire, le Leem souhaite des décisions politiques fortes "dont certaines dès le projet de loi de financement de la Sécurité sociale pour l’année 2025 (PLFSS)". Il s’agit d’"enclencher d’urgence la réforme du financement et de la régulation du médicament", et de "mettre en œuvre un choc de simplification pour le secteur", en particulier, pour la recherche clinique, l’accès au marché...
"Ce baromètre montre le chemin qui reste à parcourir pour que la France soit vraiment attractive en matière de santé et d’accès aux traitements. Il montre qu’il y a urgence à agir pour accélérer l’arrivée des innovations et l’accès des patients aux traitements, transformer l’outil industriel, remettre à plat le financement et la régulation du médicament. Le Leem portera ses propositions auprès des différentes administrations et du prochain Gouvernement dès sa mise en place", conclut Thierry Hulot, président du Leem.
Références :
Communiqué des Entreprises du médicaments (Leem, 18 juin)
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