Hors des services de pédiatrie, point de formation ? Les généralistes enseignants dénoncent les propos "insultants" des hospitaliers

13/03/2024 Par Chloé Subileau
Le Syndicat national des enseignants de médecine générale (SNEMG) a rappelé, ce mercredi 13 mars, sa position en faveur d'une diminution de la durée de stage en pédiatrie des futurs internes en médecine générale. Dans un communiqué, l'organisation syndicale a exprimé sa vive opposition aux présidents de CME* et au Syndicat national des pédiatres en établissements hospitaliers (SNPEH), qui considèrent cette réduction du temps de formation "dangereuse pour la santé des enfants".  

 

La réforme du DES** de médecine générale n'a pas fini de faire réagir. Dans un communiqué, diffusé ce mercredi, le Syndicat national des enseignants de médecine générale (SNEMG) exprime son profond désaccord avec les Conférences nationales des présidents de CME* des CHU et des CH, ainsi qu'avec le Syndicat national des pédiatres en établissements hospitaliers (SNPEH) sur la réduction de la durée – de six à trois mois – du stage des internes de médecine générale en pédiatrie.  

Le 1er mars dernier, les présidents de CME ont en effet rappelé leur opposition à la diminution de ce stage, alors que la pédiatrie française est "sinistrée". Une position largement partagée par le SNPEH. La réduction de la formation en pédiatrie des internes en médecine générale est "dangereuse pour la santé des enfants", a notamment écrit le syndicat sur le réseau social X, en réponse aux présidents de CME des CHU et des CH. 

"Ces propos, au-delà du ridicule, sont insultants pour les familles, pour les enseignants de médecine générale, les maîtres de stage universitaires (MSU), mais également pour l'ensemble des médecins généralistes !", leur répond le SNEMG, dans son communiqué. Le syndicat voit dans ces prises de parole "des relents archaïques d'un temps révolu où certains considéraient que la médecine générale n'était pas une spécialité, et où des prises de position catégorielles avancent masquées au nom de la santé des patients", écrit-il.  

Pour le syndicat, aucun doute : "La formation des internes en médecine générale en santé de l’enfant en ambulatoire s’apprend surtout avec les MSU en cabinet de médecine générale !" 

Le SNEMG affirme, en effet, que les généralistes "assurent plus de 85% des consultations des enfants de moins de 16 ans". "Ils sont donc les premiers à pouvoir proposer aux internes de médecine générale, dont l'exercice sera très majoritairement ambulatoire, des situations cliniques en santé de l'enfant au plus proche de leur future pratique", détaille-t-il.  

"Pour promouvoir la santé de l’enfant", le SNEMG "conseill[e]" donc aux présidents de CME et au SNEPH, "de consacrer leurs efforts à la formation… des pédiatres et de laisser l’expertise de la formation en médecine générale à ceux qui savent", lâche-t-il.   

"Sur le fond", poursuit le syndicat, "la vision hospitalo-centrée de la formation des étudiants et de l’organisation des soins va à l’encontre d’une nécessaire restructuration de notre système de santé". Celle-ci doit "impliquer, en équité et en bonne intelligence, l’ensemble des acteurs de premiers, deuxième et troisième recours. Et ceci au sein de parcours structurés, organisés et hiérarchisés", conclut le SNEMG, 

 

*Commission médicale d'établissement.  

**Diplôme d'études spécialisées.

Comptez vous fermer vos cabinets entre le 5 et le 15 janvier?

Claire FAUCHERY

Claire FAUCHERY

Oui

Oui et il nous faut un mouvement fort, restons unis pour l'avenir de la profession, le devenir des plus jeunes qui ne s'installero... Lire plus

1 débatteur en ligne1 en ligne
Photo de profil de Fabien BRAY
7,6 k points
Débatteur Passionné
Médecins (CNOM)
il y a 2 ans
C'est marrant, à chaque spécialiste son jugement sur la médecine générale. Les radiologues jugent qu'on est pas assez formés en radiologie, les gynécos jugent qu'on est pas assez formés en gynécologie, les cardios jugent qu'on est pas assez formés en cardiologie, et les pédiatres maintenant jugent qu'on est pas assez formés en... suspense... PEDIATRIE ! C'est marrant cet amour soudain pour la formation des internes de médecine générale, alors que je me souviens de mes gardes aux urgences où l'amour pour les patients atteins de pathologies générales ou globales n'était pas aussi soutenu (chaque spécialiste refusant la prise en charge parce que X problème pourrait être géré par une autre spécialité). Je me souviens également des conflits entre pédiatres, spécialistes adultes et urgentistes pour les hospitalisation de patient(e)s entre 15ans et 15ans 1/2, que chacun refusait d'hospitaliser parce que ça dépendait forcément de l'autre... Bref Et donc le remède serait de fournir 3 mois supplémentaires de main d'œuvre bon marché à l'hôpital. Probablement pour leur apprendre à ne pas rédiger d'ordonnance à la sortie, à faire des courriers ordonnant la prescription mais sans la faire, à ne pas discuter avec le patient, à oublier de reconvoquer, à ne pas faire d'arrêt de travail, à ne pas faire de bon de transport, bref à laisser toute la paperasse aux généralistes leurs "soi-disant" collègues. Difficile de gérer tout cet amour, mais on fera avec.
Photo de profil de yves adenis-lamarre
3,2 k points
Débatteur Passionné
Médecine générale
il y a 2 ans
Souvenez vous, c'était en 1996...... Léon, Edouard et Jean avaient déjà critiqué violemment les généralistes. Traiter une otite n'était pas du ressort des généralistes, avait dit Jean, le pédiatre! Alors un jour, j'ai vu une gamine de 7 ans , 40 de fièvre, une pétéchie....illico à l’hôpital, je prends des nouvelles le soir, l'infirmière me rit au nez, on lui a donné un doliprane, et elle va très bien, elle joue avec les autres enfants.... Je rappelle le lendemain, ponction lombaire méningite bactérienne, heureusement qu'elle n'a pas contaminé les autres avec lesquels on l'avait fait jouer! Et cette autre, 4 ou 5 ans, noire au teint cadavérique, diarrhée depuis 15 jours, ventre de bois......elle n'a été opérée que le lendemain de sa péritonite, après PL, analyse d'urine et de sang dans tous les domaines .... J’arrête là, parce que je pourrais allonger la liste.... alors, un peu de pudeur messieurs et mesdames les hospitaliers!
Photo de profil de VieuxDoc Attéré
3,5 k points
Débatteur Passionné
Médecins (CNOM)
il y a 2 ans
Je trouve ces querelles tristes et j'espère qu'elles ne se déverseront pas dans les médias , sinon encore du médical - bashing à venir. Je ne me sens pas qualifié pour "départager", nous sommes tous utiles.... A mon tout petit échelon , je suis ( vieux pédiatre) associé avec une collègue médecin généraliste et tout se passe très bien: elle voit les enfants que je ne peux voir quand je suis trop souvent complet et réciproquement et nous échangeons en permanence : elle me demande avis si besoin sur certaines situations , inversement j'en fais de même sur les besoins de santé ou certaines problématiques des parents qui m'amènent leur enfant, nous considérons l'un comme l'autre être des médecins de la famille et non des concurrents... Et le système fonctionne très bien dans l'intérêt des patients , nous enrichissons mutuellement nos pratiques , elle peut aussi ensuite prendre en charge mes petits patients devenus grands et tout le monde y trouve son compte. Enfin quand je m'arrêterai , elle devra probablement prendre en charge ma patientèle , en s'associant avec un(e) autre généraliste l'ombre d'un successeur pédiatre ne se profilant pas à l'horizon...
 
Vignette
Vignette

La sélection de la rédaction

Pédiatrie
Moins de médecins, moins de moyens, mais toujours plus de besoins : le cri d'alerte des professionnels de la...
06/11/2025
14
Concours pluripro
CPTS
Les CPTS renommées "communauté France santé" : Stéphanie Rist explique l'enjeu
07/11/2025
12
Podcast Histoire
"Elle était disposée à marcher sur le corps de ceux qui auraient voulu lui barrer la route" : le combat de la...
20/10/2025
0
Portrait Portrait
"La médecine, ça a été mon étoile du berger" : violentée par son père, la Pre Céline Gréco se bat pour les...
03/10/2025
6
Reportage Hôpital
"A l'hôpital, on n'a plus de lieux fédérateurs" : à Paris, une soirée pour renouer avec l'esprit de la salle...
14/10/2025
8
La Revue du Praticien
Diabétologie
HbA1c : attention aux pièges !
06/12/2024
2