Objectif

Augmenter de moitié le nombre d'étudiants en médecine ? Un objectif "pas réaliste", selon les doyens

La Conférence des doyens de médecine a jugé difficilement réalisable la hausse du nombre d'étudiants en médecine annoncée par Gabriel Attal en avril. "C'est une marche à franchir", a indiqué le Doyen des doyens, jeudi 12 septembre. Il demande une augmentation des moyens matériels et humains, avec la formation d'enseignants. 

16/09/2024 Par Chloé Subileau
PASS/LAS
Objectif

Faire passer de plus de 10 000 à 16 000 le nombre d'étudiants en deuxième année de médecine formés par an d'ici à 2027 ? C'est le souhait évoqué en avril dernier par Gabriel Attal, alors Premier ministre. Un objectif irréaliste selon le Pr Benoît Veber, à la tête de la Conférence des doyens de médecine. "Ce n'[est] juste pas réaliste, a-t-il tonné. C'est une montée en charge qui doit se faire sur cinq à dix ans […] Laissons-nous le temps de piloter les choses."

Reconnaissant un manque de praticiens "en médecine générale" et "dans beaucoup d'autres disciplines", cette augmentation massive du nombre d'étudiants reste une "marche à franchir", a estimé le Doyen des doyens, à l'occasion d'une conférence de presse. "Tout le monde s'accorde" sur la nécessité d'augmenter "le nombre de médecins en formation" et "les doyens ont dit [à l'ancien] Premier ministre qu'ils étaient les bons correspondants pour travailler" sur cet objectif, a-t-il poursuivi.

Selon les doyens, la fin du numerus clausus à la rentrée 2020 – remplacé par le numerus apertus – a permis une hausse de 20% des effectifs dans les facultés de médecine. Et si l'effort doit se poursuivre, celui-ci doit s'accompagner de moyens, prévient le président de la Conférence. "Il faut que l'Etat nous accompagne en termes de moyens, avec une hausse du nombre d'enseignants mais également des moyens matériels", a-t-il détaillé : "On accompagnera cette augmentation [du nombre de carabins, NDLR] mais dans une vision pluriannuelle, avec un étalement de celle-ci autant que faire se peut pour que l'on puisse maintenir une qualité de formation."

"Je ne sais pas bien comment on va faire et quels budget sont prévus [pour atteindre cet objectif]…", a renchéri le Pr Bruno Riou, vice-président de la Conférence.

"On ne construit pas une fac en deux ans"

Parmi les craintes avancées par les doyens : le manque d'enseignants, particulièrement important dans certaines spécialités, ainsi que les capacités d'accueil limitées des universités. "Les facultés sont très clairement saturées, a lâché le Pr Veber. Les bibliothèques universitaires et les Crous sont trop petits, comme les amphithéâtres. Les petites salles ne sont pas assez nombreuses […] On s'en sort encore, on jongle. Mais c'est sûr qu'une augmentation rapide du nombre d'étudiants va compromettre les enseignements en petits groupes."

Or, "on ne construit par une faculté en deux ans", a rappelé le président de la Conférence. Et "on ne forme pas des universitaires d'un coup de cuillère à pot. Il faut du temps pour avoir des professeurs et des maîtres de conférences qui soient capables d'encadrer correctement des étudiants." Dans ce contexte, les doyens proposent donc une "montée en charge beaucoup plus lentedu nombre de carabins, "sûrement pas en trois ans, mais en cinq à dix ans et en fonction des moyens qui [leur] sont affectés". 

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Débatteur Passionné
Anesthésie-réanimation
il y a 1 an
Oh! Je ne sais pas si augmenter ce nombre de 50% est réaliste ou nécessaire. Mais en plaçant la barre encore plus haut, c'est sûr que ce n'est pas possible! Il y a peu, j'ai commis ce post: "J’ai toujours admiré comment certains responsables savent vendre leur point de vue sans preuve. Il est assez probable que le fonctionnement de certains CHU ne sera pas (trop) affecté par cette baisse de postes. Les « maitres de stage (universitaires) savent très bien formuler leur décisions en nous faisant comprendre que nous n’avons nous, hôpitaux périphériques, pas besoins de ce qu’eux jugent indispensable et d’ailleurs dont ils se servent en premier. D’autre part, ils sont tellement habitués au numerus clausus qu’une année déficitaire de plus ne perturbe en rien leur vision pseudo élitiste de la profession, du moment qu’ils pourront recruter leurs internes, chefs de clinique et futurs agrégés. Les sous effectifs dans les secteurs « chauds » ne sont pas un problème, les déserts médicaux non plus les fermetures des urgences la nuit; «de quoi nous parlez vous? », les blancs blancs; « vous plaisantez »! C’est quand même bien d’être doyen!". Alors à mon tour: si l'on attends 10 ans (de plus) je crois que ce sera trop tard. Et l'immobilisme n'est pas que le fait des pouvoirs publics: la fac, les doyens, les tutelles et l'exécutif sont coresponsables. Et si le premier ministre démissionnaire préconise une augmentation plus rapide, ce n'est pas forcément une fuite en avant. Qu'en pense le nouveau futur remplaçant? Même si je ne suis pas particulièrement optimiste (quel euphémisme!). Mais comme on dit: avec de tels professionnels aux manettes on n'a pas besoin d'opposants aux réformes "progressistes". et comme je disais plus haut: "C'est quand même bien (confortable) d'être doyen"!
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Débatteur Passionné
Médecine générale
il y a 1 an
Ils sont mignons, tous ces décideurs en redingote ! Encore faudra-t-il que les conditions matérielles, financières, administratives de leur futur exercice libéral recommence à attirer lesdits "étudiants supplémentaires" vers leurs facs; Ce monsieur ne raisonne d'ailleurs qu'en termes de besoins de médecins hospitaliers; et là encore, les décideurs politiques et financeurs de toutes obédiences devront provisionner leurs comptes (en dégraissant le personnel administratif ?) pour remettre à niveau les salaires des hospitaliers (et égaliser ceux entre hommes et femmes et entre français et résidents étrangers); Le monsieur n'a pas l'aire de réfléchir à ces "basses" contraintes financières . . .
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577 points
Incontournable
Médecins (CNOM)
il y a 1 an
Il faudrait déjà éviter de faire redoubler les étudiants par excès ou de les décourager à continuer par pression académique ! Les études de médecine sont devenus tellement anxiogènes que le nombre d'étudiants sous traitement anxiolytiques ou antidepresseurs et le nombre de TS n' jamais autant augmenté ces dernières années.....Une fois les études terminées, les étudiants sont totalement découragés et finissent par exercer cette profession sans enthousiasme. Mais il n'y a aucune remise en question dans ces université !!!!!
 
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