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Réforme Pass/LAS : les étudiants plaident pour un retour à une "voie unique" d'accès aux études de santé

Auditionnés par la commission des affaires sociales du Sénat, ce mercredi 22 janvier, les étudiants des différentes filières santé ont appelé à la mise en place d'une voie "unique et commune" d'accès à ces formations. Elle doit mettre fin à l'illisibilité du système actuel. 

22/01/2025 Par Chloé Subileau
PASS/LAS
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Une semaine après les doyens des facultés de santé, les représentants des étudiants des différentes filières médicales ont été auditionnés par la commissions des affaires sociales du Sénat ce mercredi. Interrogés sur la réforme de la Paces - remplacée en 2020 par la Pass et la LAS* -, ces futurs professionnels de santé ont exprimé une même envie : un retour à "une voie commune et unique" d'accès aux études de santé.

Face aux "nombreux" échecs de la réforme Pass/LAS, cette voie "doit être un véritable socle d'entrée" dans les filières MMOPK** et "un tremplin vers une dynamique d'interprofessionnalité", a ainsi lancé Julien Besch-Carrière, premier vice-président de l'Association nationale des étudiants en médecine de France (Anemf).

Cette proposition, portée par les étudiants en santé, se rapproche de celle avancée par la Cour des comptes en décembre. Dans un rapport acerbe sur la réforme d'accès aux études de santé, les Sages pointaient la grande difficulté de mise en œuvre du nouveau système, et appelaient à la création d'une voie unique d'accès aux filières MMOPK après le baccalauréat.

Pour Julien Besch-Carrière, l'instauration de cette voie commune est "une priorité", alors que l'entrée dans les études de santé est aujourd'hui complexe et illisible. Il y a également un "sentiment d'injustice et d'iniquité largement partagé par les étudiants en première année subissant cette réforme [de la Paces, NDLR], une faible diversification des profils qu'ils soient socioéconomiques ou géographiques" et pire, "un mal-être et une souffrance" persistants chez les élèves, a insisté le représentant étudiant, devant la commission des affaires sociales.

 

"Ne pas retomber dans le gâchis humain de la Paces"

Cette voie d'accès, a-t-il toutefois précisé, doit être "gérée uniquement par les facultés de santé" et "proposer majoritairement des enseignements en lien avec la santé", comme préconisé par la Cour des comptes dans son rapport.

Pour les étudiants, cette voie unique et commune – aussi appelée "licence santé" - doit en effet contenir, dès la première année, "des enseignements en santé, plus nombreux que ceux actuellement proposés en LAS", a précisé Louise Lenglin, présidente de la Fédération nationale des étudiants en kinésithérapie (Fnek). Cette première année doit également comprendre des enseignements "hors santé", a-t-elle ajouté.

Les étudiants qui ne réussiraient pas à intégrer une filière MMOPK à l'issue de cette année pourraient alors en suivre une deuxième, "où il y aurait plus de place pour le modèle hors santé […] et toujours des enseignements santé qui continuent à faire un bagage solide. A la suite de ces deux chances, cela permettra aux étudiants qui ne sont pas entrés dans les études de santé d'être déjà, non pas dans une logique de gâchis, mais dans une logique de construction d'un parcours [dans un autre domaine], avec notamment un bagage d'enseignements en santé", a poursuivi l'apprentie kiné.

Questionnés par les sénateurs, les représentants étudiants ont réfuté tout retour à l'ancien système de sélection. Il ne s'agit pas "de retomber dans le gâchis humain que représentait la Paces", a insisté Camille Griseri, de l'Union nationale des étudiants en chirurgie dentaire (Unecd). La voie unique envisagée doit permettre, au-delà d'offrir un bagage solide de connaissances en santé, d'encourager les élèves à "ouvrir leurs connaissances", à réfléchir leur parcours professionnel…

En ce sens, "on veut aussi que soit intégré dans cette première année [de cette voie unique] un module de découverte des métiers", permettant de préparer la suite pour les étudiants qui n'entreront pas en filières MMOPK. "On veut les étudiants puissent poursuivre leur parcours, et que les connaissances qu'ils auront acquises les suivent dans la suite de leur cursus", a prolongé Camille Griseri.

 

Pas d'accès direct pour certaines filières

S'ils se rapprochent des conclusions sévères de la Cour des comptes, les étudiants se sont montrés plus réticents à la mise en place, à titre expérimental, d'une voie d'accès post-bac en pharmacie et en maïeutique. Dans leur rapport, les Sages proposent que ce chemin parallèle soit accessible via Parcoursup, en complément d'un accès classique via la première année d'études de santé. 

"Ajouter cette nouvelle voie viendrait encore alourdir un système déjà complexe", a avancé Ilan Rakotondrainy, fermement opposé à cet accès direct. "Il est nécessaire que nous ayons une première année lisible et claire pour [tous] les étudiants […] Empiler les dispositifs sans vision globale ne fera que complexifier l'accès" à ces études, a plaidé le président de l'Association nationale des étudiants en pharmacie de France (Anepf).

Cette voie d'accès direct parallèle n'est également pas souhaitable pour Nassilaty Ali, parole-parole de l’Association nationale des étudiant(e)s sages-femmes (Anesf). Dans cette filière, le problème principal "n'est pas le manque de candidatures, mais le manque de connaissances sur ce métier. On a quasiment une étudiante sage-femme sur deux qui a connu la formation lors de sa première année en Pass ou en LAS", a indiqué la future sage-femme, ce mercredi. Le recours à une seule voie commune – et non à une seconde directe et parallèle – est donc fondamental pour faire connaitre et susciter des vocations.

La représentante des étudiants kinés a, de son côté, déploré l'absence de mention de sa filière dans le rapport de la Cour des comptes, "pourtant aussi concernée et impactée par la réforme Pass/LAS et ses évolutions". "La filière kiné est bien souvent invisibilisée dans cette réforme […] Elle n'est, en effet, regrettablement pas présente au sein du texte 4 de cette réforme d'entrée en études de santé", a rappelé Louise Lenglin.

Enfin, si les étudiants des différentes formations MMOPK s'accordent sur la nécessité de faire évoluer le modèle en place depuis 2020, ils appellent à la concertation et à la prudence. Le changement de modèle "ne doit pas s'opérer dans la précipitation", a acquiescé Camille Griseri, de l'Unecd. "L'ensemble des filières MMOPK se tiennent donc entièrement à disposition pour échanger avec les instances [et] coconstruire la suite du modèle Pass/LAS, et que la voix des étudiants soit prise en compte."

*Parcours d'accès spécifique santé (Pass), licence d'accès santé (LAS).

**Médecine, maïeutique, pharmacie, odontologie et kinésithérapie.

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