Quatrième année d'internat : on en sait plus sur la rémunération des futurs docteurs juniors de médecine générale
Alors que les textes réglementaires encadrant la réforme de la quatrième année d'internat de médecine générale se font toujours attendre, le ministre chargé de la Santé a fait de nouvelles annonces concernant la rémunération des futurs docteurs juniors ambulatoires.
On en sait plus sur la rémunération des futurs docteurs juniors (DJ) de médecine générale qui prendront leurs fonctions en novembre 2026. Début mai, le Gouvernement avait tranché en faveur d'une rémunération mixte, comprenant une part fixe "identique à tous les DJ" et une part variable, écartant ainsi toute rémunération à l'acte avec rétrocession des internes, pourtant plébiscitée par ces derniers.
Le ministre chargé de la Santé, Yannick Neuder, avait alors indiqué que les docteurs juniors de médecine générale percevraient une part fixe de 2 375 euros brut par mois – versée par les CHU –, à laquelle s'ajouterait un forfait à deux paliers de 200 et 500 euros en fonction du nombre d'actes réalisés par mois (200 actes pour obtenir le premier forfait, 350 pour le second).
Le ministre avait également annoncé que les internes pourraient toucher une prime de 1 000 euros mensuels en cas d'exercice en ZIP. La participation à la permanence des soins ambulatoires (PDSA) sera valorisée à 1 560 euros en moyenne, avait-il précisé, affirmant que le revenu total des docteurs juniors ambulatoires (DJA) pourrait ainsi atteindre 4 500 euros net par mois.
Mais alors que les textes réglementaires entourant la quatrième année de médecine générale se font toujours attendre, Yannick Neuder a fait de nouvelles annonces sur la rémunération des DJA auprès de nos confrères du Quotidien du médecin. Si le système de prime ZIP ainsi que la part fixe de 2 375 euros devraient rester inchangés, une prime d'autonomie supervisée de 417 euros vient s'ajouter à ces revenus pour tous les docteurs juniors ambulatoires.
Des précisions ont, en outre, été apportées à la prime PDSA, qui se décompose ainsi : 1200 euros pour une garde mensuelle de régulation de 12 heures, et 360 euros pour deux astreintes mensuelles. "Avec ces différents éléments, nous arrivons à une rémunération globale mensuelle de 5 352 euros, à laquelle nous ajoutons une part incitative de 500 euros semestriels si le docteur junior fait plus de 200 consultations par mois. On retrouve donc l'esprit d'une rémunération tenant compte de l'activité", a déclaré Yannick Neuder.
Du côté de l'Intersyndicale nationale autonome représentative des internes de médecine générale (Isnar-IMG), ces nouvelles annonces sont loin de convaincre. "C'est le modèle avec la tarification à l'acte qui correspondait le plus à ce que la majorité des internes veulent comme exercice : c'est-à-dire un exercice libéral", insiste sa nouvelle présidente, Atika Bokhari, auprès d'Egora. Et de citer les premiers résultats d'un sondage réalisé par le syndicat, publiés la semaine dernière.
Ce modèle avait d'ailleurs été préconisé dans les deux rapports sur la quatrième année d'internat, dont le dernier est paru début 2025. Ils recommandaient une rémunération mixte, comprenant "une part fixe correspondant aux émoluments forfaitaires mensuels perçus par tous les docteurs juniors", ainsi qu'"une part variable", liée à une rétrocession sur honoraires perçus de 25%. Modèle qui, défend Atika Bokhari, "serait autofinancé et donc ne coûterait rien".
"Un modèle salarial"
La rémunération proposée par le Gouvernement "est un modèle salarial avec un système de primes et n'a aucune valeur pédagogique", juge Atika Bokhari. "On aurait voulu que la part variable dépende du nombre d'actes réalisés", poursuit la jeune femme. Cela aurait permis de "responsabiliser" les docteurs juniors et de leur permettre d'appréhender la notion de gestion du cabinet en tant qu'entreprise médicale. Cette "valeur pédagogique", "on la perd complètement", regrette Atika Bokhari. "A la fin d'une année où on a été finalement salariés, ça semble compliqué de se projeter" dans un exercice libéral.
Si l'Isnar-IMG a pu faire valoir son point de vue dans le cadre des groupes de travail sur la quatrième année d'internat de médecine générale, "les arbitrages étaient déjà actés", regrette la jeune femme de 25 ans qui a succédé à Bastien Bailleul à la tête du syndicat.
"Un des éléments bloquants [du modèle proposé par le Gouvernement], c'est cette prime ZIP, réservée à certains docteurs juniors", a expliqué Atika Bokhari. "Dans certaines régions [ces zones] représente[nt] 5 à 6% du territoire, dans d'autres plus… Or, cela fait presque un tiers de rémunération de différence entre les internes."
Si les MSU ont obtenu une extension de cette prime ZIP aux ZAC et au QPV, cela n'a pas été proposé aux internes. "C'est un dernier coup de massue. Jusqu'au bout on n'aura pas pu être écoutés sur le modèle de rémunération", déplore la présidente de l'Isnar-IMG, pour qui il aurait pu être envisagé, par exemple, de mettre en place un système de "redistribution" entre les docteurs juniors ambulatoires.
Pour l'interne actuellement en quatrième semestre de médecine générale à Nantes, "on reste encore dans le champ des annonces". "On attend impatiemment les textes [réglementaires] pour avoir des réponses à donner aux internes, aux maîtres de stage et aux patients."
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