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Quatrième année d'internat de médecine générale : les doyens refusent une rémunération à l'acte des docteurs juniors

Les doyens ont tenu à rappeler, mercredi 26 février, leur vive opposition à la mise en place d'une rémunération des docteurs juniors de médecine générale basée sur une part fixe et une part variable. Ce système est celui préconisé dans le dernier rapport de suivi de la réforme de la quatrième année d'internat, publié mi-février. 

26/02/2025 Par Chloé Subileau
4ème année de MG Internat
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Le 20 février, un rapport sur l'accompagnement et le suivi de la réforme de l'internat de médecine générale préconisait l'instauration d'une rémunération des docteurs juniors en stage en libéral comprenant une part fixe et une part variable, liée à une rétrocession sur honoraires perçus fixée à 25%. L'interne devra, par ailleurs, réaliser entre 10 et 25 actes par jour, selon ce rapport.

Pour la Conférence des doyennes et des doyens de médecine, une telle proposition n'est pas acceptable et "entrainerait une inégalité de rémunération" entre les docteurs juniors de médecine générale en stage en libéral et ceux en stage en exercice salarié – qui est une possibilité laissée aux étudiants, et qui "représente[rait] jusqu'à 40% de l'offre de stages dans certaines subdivisions".

"Une telle proposition menace également de déséquilibrer l’ensemble du système de formation en troisième cycle des étudiants en médecine", insiste l'instance dans un communiqué, diffusé ce mercredi 26 février. Selon elle, l'"iniquité de traitement" entre les docteurs juniors de médecine générale et des autres spécialités provoquée par cette rémunération à l'acte "entrainera une demande légitime" des internes des autres spécialités "de bénéficier des mêmes conditions de rémunération" que leurs camarades de médecine générale. 

Or, "une telle évolution risque de favoriser la demande de stages en exercice libéral au détriment des stages en milieu hospitalier, mettant en difficulté les CHU et les CH qui accueillent un grand nombre de DJ en formation toutes spécialités confondues", avancent les doyennes et doyens, qui s'étaient déjà prononcés contre un tel système de rémunération.

"Une brèche éthique"

Ils craignent également que ce système n'aggrave les difficultés de recrutement "d'assistants ou CCA-AHU* en milieu hospitalier", dont la rémunération est trop peu attractive. En outre, "cette proposition pourrait conduire à une rémunération supérieure pour ces docteurs juniors en exercice libéral à celle des médecins hospitaliers en début de carrière", défend la Conférence qui, derrière cette mesure, pointe "une brèche éthique sans précédent".

L'instance redoute, par ailleurs, qu'une rémunération à l'acte des docteurs juniors de médecine générale provoque une "collusion entre le temps de la formation et celui de l'exercice professionnel de la médecine". "Les étudiants internes ne peuvent être considérés comme des professionnels libéraux, même lorsque leur stage de formation se déroule en milieu libéral", soutient-elle.

Au-delà de la rémunération, la Conférence des doyennes et des doyens salue plusieurs autres recommandations du rapport, à commencer par le recrutement et la formation de MSU en nombre suffisant ou la nomination d'enseignants en médecine générale. "[Nous] seron[s] particulièrement attentifs [à] l'allocation de moyens indispensables à la qualité de la formation de ces futurs médecins", poursuit l'instance. Les décrets encadrant cette réforme, longuement attendus, doivent être publiés au printemps.

*Chef de clinique assistant – Assistants hospitalo-universitaire (CCA-AHU)

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Claire FAUCHERY

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3 débatteurs en ligne3 en ligne
Photo de profil de F. B.
74 points
Médecine du travail
il y a 9 mois
L'équité a toujours bon dos. En France c'est l'argument de dernier ressort quand on veut faire une crasse injustifiée à quelqu'un, ou le voler. Ce que les brillants doyens devraient comparer, c'est le revenu de cette 4ème année ajoutée avec ce que les MG diplômés ancien régime gagnaient dès la fin de leur internat de 3 ans, et pas le sort des docteurs juniors MG avec les autres (qui, eux, n'ont rien perdu, le docteur junior était déjà une année d'interne)... Se faire souffler une année entière d'exercice de sénior, qui accepterait sans broncher? Si on fait le même coup aux internes de médecine du travail (5ème année de DES), ça leur volerait à chacun dans les 30 à 40 000€ de salaire net! Parce que la vraie crainte, elle est là : une année d'internat en plus c'est facile des milliers de médecins pas cher! Pourquoi ne passerait-on pas tous les DES de 4 ans à 5 ans par exemple? Les doyens n'osent pas voir le problème en face, qui est le décrochage des rémunérations hospitalières. Fut une époque où les gens auraient tué pour un poste d'assistant même en périph, et pour un poste de PH. Maintenant, c'est repoussoir... Les jeunes ont parfaitement compris que l'âge d'or de l'hosto est terminé, et que les médecins du public vont subir le même sort que les enseignants, à savoir un déclin tendanciel des revenus réels... Les têtes pensantes de la médecine devraient métaboliser cette réalité, et essayer de la changer, plutôt que de s'en prendre aux pauvres jeunes à portée de baffe...
Photo de profil de ROMAIN L
17,5 k points
Débatteur Passionné
Médecins (CNOM)
il y a 9 mois
On parle bien de filer 6 € bruts par consultation ? Pour un interne qui, a priori, va travailler lentement et pas tous les jours ? A un moment donné il va quand même falloir sortir des logiques communistes et se rappeler qu'on travaille d'abord pour gagner de l'argent, ce qui n'empêche pas non plus de conserver une éthique. Mettre une carotte au bout d'une corde, c'est tout de même une méthode qui a fait ses preuves depuis la nuit des temps.
Photo de profil de François Levrat
215 points
Incontournable
il y a 9 mois
L'argument de la nécessité des internes de 4e année pour faire tourner est un aveu de la véritable motivation de cet allongement des études: ce n'est pas pour améliorer formation (argument déjà utilisé pour la 1re, puis la 2e, puis la 3e année dinternat), c'est de l'acharnement thérapeutique sur un hôpital en coma dépassé. Mais pas question de payer ces esclaves et encore moins de donner de mauvaises idées aux internes de spécialité. Ce sont les doyens de fac de médecine ou de fac de sophisme?
 
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