"Même un prêt ne suffit plus" : une étude alerte sur la précarité des étudiants en kiné
Une enquête sur les conditions de vie et d'études en kinésithérapie, dont les résultats ont été publiés mardi 24 juin, révèle que 40% des jeunes inscrits dans un institut de formation privé sont contraints de s'endetter pour s'acquitter des frais de scolarité, qui peuvent atteindre plus de 10 000 euros par an.
Il est urgent d'intégrer l'ensemble des instituts de formation en masso-kinésithérapie (IFMK) aux universités, exhorte la Fédération nationale des étudiants en kinésithérapie (Fnek), qui vient de dévoiler les résultats "alarmants" de son enquête* sur les conditions de vie et d'études des jeunes ayant décidé de suivre cette voie. Publiés mardi 24 juin, ils montrent une importante précarité des étudiants en kiné, en particulier pour ceux ayant intégré un IFMK privé.
La Fnek rappelle qu'à l'issue d'une première année universitaire, les étudiants sont répartis, "sans en avoir le choix", dans l'un des 54 instituts de formation que compte la France. "Cela implique pour [ces jeunes] de se retrouver au mieux dans des établissements publics" ou, "au pire", dans des IFMK privés, où les frais de scolarité sont nettement plus élevés. Ainsi, un étudiant devra débourser "entre 170 euros et plus de 10 500 euros" par an pour le même diplôme.
Au bout de quatre ans en IFMK, un étudiant aura déboursé entre 850 euros et 42 000 euros. Une iniquité que dénonce la Fnek. 40% des étudiants dans le privé sont contraints de s'endetter pour payer leurs frais de scolarité, contre 11% dans le public. Plus de sept étudiants dans le privé sur 10 doivent travailler en parallèle de leurs études pour subvenir à leurs besoins. "Dans le public, c'est 10% de moins", note la Fnek, ajoutant que "ces jobs étudiants ont un impact négatif sur leur formation pour 20% des étudiants du privé".
"70% déclarent connaître des difficultés financières à plusieurs reprises dans l’année et 7% vivent ces situations chaque semaine", signale la fédération étudiante. Avec des conséquences directes pour ces jeunes, notamment sur leur santé : 27% déclarent avoir renoncé à se soigner faute de moyens. Un étudiant sur trois dans les IFMK privés saute au moins un repas par mois (vs 16% pour les étudiants en kinésithérapie dans le public).
"Ces chiffres révèlent une précarité alarmante, incompatible avec des études exigeantes sur les plans physique, intellectuel et émotionnel", juge la Fnek, justifiant ainsi le passage de tous les IFMK dans le secteur public et "à frais universitaires". Actuellement, 53% des étudiants en kiné se disent exclus de l'université, alors même qu'ils paient des frais d'inscription en plus de leurs frais de scolarité, et ce quel que soit leur IFMK.
Autre conséquence de cette précarité et de cet isolement des futurs kinés : une santé mentale en berne. 35% des étudiants déclarent que celle-ci s'est dégradée depuis leur entrée en formation. "Devoir travailler, travailler plus, toujours plus pour répondre aux relances de paiement de l’école, c’est dur, je n’ai pas le droit à un accroc dans mes études", confie l'un d'eux, cité par la Fnek dans son dossier de presse.
"Plus aucune perspective"
Cette pression nuit à l'attractivité de la filière selon la fédération étudiante, qui souligne que 31% des étudiants en kiné ont déjà pensé à arrêter leurs études. "Je suis stressée en permanence, j'arrête l'école à la rentrée prochaine, même un prêt ne suffit plus", témoigne ainsi une étudiante.
"Les étudiants n'ont plus aucune perspective d'avenir", s'inquiète la Fnek, pour qui la filière est aujourd'hui "négligée" par les pouvoirs publics. La fédération étudiante dénonce le fait que l'harmonisation des frais de scolarité, qui avait été accordée dans le cadre de l'avenant 7 à la convention des kinés, et qui était censée être appliquée avant le 1er janvier 2025 ne le soit toujours pas.
La revalorisation des actes les plus courants, négociée en juillet 2023 au prix de mesures plus contraignantes sur l'installation des futurs diplômés, a, elle, été reportée, à l'instar des revalorisations promises aux médecins spécialistes et dentistes. "Nous ne pouvons accepter de se voir imposer des mesures contraignantes et précarisantes sur notre installation quand aucune compensation financière promise n'est appliquée", fustige la fédération, pour qui il n'est pas envisageable de demander à des jeunes de "s'endetter en moyenne de 25 000 euros" pour "être à la fois restreint dans son exercice et rémunéré au lance-pierre…"
*L'enquête a été réalisée via un questionnaire diffusé par la Fnek aux 12 622 étudiants en kinésithérapie de France, de novembre 2024 à février 2025. Un étudiant sur six y a répondu. "Le taux de réponse est représentatif du nombre d'étudiants inscrits respectivement dans un IFMK public (55%) ou privé (45%), précise l'organisation étudiante.
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