Gilets jaunes éborgnés : 35 ophtalmologues demandent à Macron d'intervenir

Dans une lettre ouverte publiée dans le Journal du dimanche, 35 ophtalmologues hospitaliers s'indignent des traumatismes oculaires subis par les manifestant et réclament un moratoire sur l'utilisation des lanceurs de balles de défense.

  La lettre des ophtalmologues, publiée le 6 février dans le Journal du dimanche, est sans concession : adressée au président de la République, elle dénonce "le nombre inédit de contusions oculaires graves" observées lors des récentes manifestations. Les signataires, 35 ophtalmologues (pour la plupart PU-PH) réclament un moratoire sur l'utilisation des lanceurs de balles de défense en maintien de l'ordre. En ligne de mire : les lanceurs de balle de défense nouvelle génération (LBD-40), responsables de blessures "gravissimes" pouvant aller jusqu'à la perte définitive de vision et l'énucléation. Plus de 13 000 tirs de lanceurs de balle de défense ont été enregistrés depuis le début du mouvement des gilets jaunes, d'après le secrétaire d'État à l'intérieur Laurent Nuñez, en réponse à une question au Sénat.  

"Pas dues au hasard ou à l'inexpérience"

  "Les blessures oculaires survenues ces dernières semaines ne sont pas dues au hasard ou à l’inexpérience", estiment les signataires de la lettre, qui revendiquent une démarche "humaniste" (comprendre : apolitique). " Le grand nombre de balles tirées avec une force cinétique conservée à longue distance et l'imprécision inhérente à cette arme devaient nécessairement entrainer un grand nombre de mutilations." Les médecins signataires ont mis en place une cellule de veille dans le cadre de la Société française d'ophtalmologie (SFO). D'après le Pr Bahram Bodaghi (Pitié-Salpêtrière), interrogé dans les colonnes du JDD, elle aurait déjà recensé une vingtaine de personnes éborgnées. Cette réaction du corps médical fait suite à celle du Pr Laurent Thinès, neurochirurgien au CHRU de Besançon, qui avait alerté en janvier dernier sur la gravité des lésions constatées et demandé un moratoire sur l'emploi des LBD-40 et des grenades lacrymogènes à effet de souffle GLI-F4. Sa pétition a recueilli près de 170 000 signatures à ce jour.