"Ce n’est pas au médecin de donner la mort" : des membres de l’Académie de médecine se positionnent sur l’"aide active à mourir"

21/12/2023 Par Pauline Machard
Ethique
Si une loi sur le sujet venait à l’autoriser, des membres de l'Académie de médecine demandent qu’un juge spécialisé dans la protection des personnes soit en charge d’une telle décision.  

 

Alors que le Gouvernement prépare un projet de loi sur l’"aide active à mourir", des membres de l’Académie de médecine*, signataires d’une tribune dans La Croix, écrivent noir sur blanc leur position. Tout d’abord, qu’ils voient dans ‘l’aide active à mourir’ une forme de ‘suicide assisté’.  

Ensuite, ils formulent une demande, “non retenue par l’Académie de médecine [qui a rendu un avis le 27 juin 2023]” : si une loi venait à l’autoriser, “que toute décision d’’aide active à mourir’ soit systématiquement assumée par un juge spécialisé dans la protection des personnes”, et non par “un ou des soignants”, “ou quelque forme que ce soit de structure ou de juridiction collégiales”. “Ce n’est pas au médecin, qui a prêté le serment d’Hippocrate, de donner la mort”.  

“Cette disposition renforcerait la protection des malades fragiles et vulnérables”, continuent-ils. “Notre but n’est pas de soustraire les médecins à leurs responsabilités, mais bien d’apaiser les consciences des personnes concernées par cet acte grave et lourd de conséquences”.  

 

 

Ils disent également que, pour eux, l’aide active à mourir “n’est pas un soin”. Et qu’un  “plan de déploiement des soins palliatifs [incluant capacités d’hospitalisation, prises en charge par des équipes mobiles] s’impose en toute priorité”. Reprenant ici les propos de Jean Léonetti, selon qui “la prise en charge des patients en soins palliatifs diminue fortement leur demande de mort”.  

*Patrice Queneau, Jeanne Brugère-Picoux, Régis Gonthier, Alain Privat, Jacques Roüessé 

 

[Avec La Croix

7 débatteurs en ligne7 en ligne
Photo de profil de Michel Rivoal
10,7 k points
Débatteur Passionné
Anesthésie-réanimation
il y a 2 ans
L’académie c’est prononcée… Des membres veulent se faire entendre… Dans la mesure où cela prend la forme d’un avis non contraignant, il eût été plus sage de formuler cet avis dans une même déclaration. À moins… À moins qu’il ne s’agisse que d’une dissidence très minoritaire exprimant une sensibilité « religieuse » (d’où sa publication dans La Croix). Le problème est certes ardu, les précautions nécessaires. L’ajout de vérifications voire d’une consultation juridique est audible à la condition de ne pas en faire des complexifications rendant la décision impossible. Je crois que consulter un juge pour dire le droit est possible mais lui faire prendre la décision amène à envisager appel et cassation: une usine à gaz ! Si le droit est respecté laissons la décision au malade et à un accord soignant collégial. La limitation et l’arrêt des traitements actifs (réanimation), la sédation profonde jusqu’au décès (soins palliatifs), le suicide assisté et l’euthanasie procèdent de la même intention pour le soignant (dont le médecin): ne pas s’obstiner de façon déraisonnable, procurer une fin de vie digne pour le patient en souffrance ou dans la crainte de l’être physiquement ou psychologiquement au delà des ressources des soins palliatifs et selon le respect de la liberté individuelle et du respect des directives anticipées ou du « faire savoir » par des proches et/ou de la personne de confiance des opinions du malade. L’ajout d’une clause de conscience est tout à fait respectable pour le médecin pour qui c’est contraire à ses convictions. Mais comme dans les autres cas de figure il devrait orienter le patient vers une autre équipe. Il est ou il doit être parfaitement clair que cette loi de fin de vie ne doit pas entraver la progression des soins palliatifs qui doivent être promus et développés pour ne laisser à l’euthanasie et le suicide assisté que les impasses thérapeutiques à court, moyen ou long terme pour que le malade se sente rassuré tout au long de sa prise en charge et puisse choisir le moment et la manière d’abréger ses souffrances. Ce seront donc des situations rares mais précieuses sur le plan éthique. Ne « judiciarisons » pas au delà du raisonnable.
Photo de profil de CHARLES HANLET
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Débatteur Passionné
Oto-rhino-laryngologie
il y a 2 ans
« Quand la nature condamne, le rôle de la médecine n'est pas d'exécuter la sentence, mais d'essayer de commuer la peine. » (Pr Jérôme Lejeune.)
Photo de profil de HENRI BASPEYRE
14,8 k points
Résistant
Chirurgie générale
il y a 2 ans
je suis d'accord le médecin a la confiance du patient:il ne faut pas l'abîmer!
 
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