Les professionnels de santé s’indignent face à la vente de masques en grande surface

04/05/2020 Par L. C.
Santé publique

Alors que la vente de masques par la grande distribution a débuté ce lundi 4 mai, des présidents des ordres des professions de santé s’offusquent du nombre des chiffres annoncés et demandent des comptes aux enseignes.   “Aujourd’hui la consternation s’allie au dégoût”, confient des présidents des ordres des professionnels de santé dans un communiqué commun rendu public vendredi 1er mai, intitulé "Les masques tombent". Sources de polémiques depuis le début de l’épidémie de Covid-19, les masques font encore couler beaucoup d’encre. Alors que les grandes enseignes peuvent vendre depuis ce lundi des masques chirurgicaux à usage unique et des masques en tissu, lavables et réutilisables, les représentants de sept professions de santé ont tenu à exprimer leur colère, alors que plusieurs praticiens ont été contaminés par manque de protection.

"Toute guerre a ses profiteurs. C'est malheureusement une loi intangible de nos conflits. Comment s'expliquer que nos soignants n'aient pas pu être dotés de masques quand on annonce à grand renfort de communication tapageuse des chiffres sidérants de masques vendus au public par certains circuits de distribution”, ont-ils dénoncé.

Sur BFM TV, le directeur de Carrefour, Alexandre Bompard, avançait en effet le nombre de 225 millions de masques, "175 millions de chirurgicaux, 50 millions en textile", en plus des 70 millions commandés pour équiper les salariés. Leclerc tablait de son côté sur 170 millions de masques, et Intermarché, 100 millions. “100 millions par ici, 50 millions par là. Qui dit mieux ? C'est la surenchère de l'indécence", déplorent les professionnels de santé.   Selon le ministre de la santé Olivier Véran, les grandes surfaces auraient en réalité la capacité d’en délivrer...

“entre cinq et dix millions” à l’heure actuelle. “Où étaient ces masques quand nos médecins, nos infirmiers, nos pharmaciens, nos chirurgiens-dentistes, nos masseurs-kinésithérapeutes, nos pédicures-podologues, nos sages-femmes mais aussi tous nos personnels en prise directe avec la maladie tremblaient et tombaient chaque matin ?" s'interrogent toutefois les présidents des ordres, qui précisent que “l’heure viendra de rendre des comptes”.   La grande distribution se défend De son côté, la grande distribution s’est défendue d’avoir constitué des “stocks cachés” de masques à usage unique. Elle précise que “les chiffres annoncés [500 millions, NDLR] concernent les commandes effectuées, qui ne vont être livrées que très progressivement”, et que les masques FFP2 dont les enseignes disposaient jusqu’ici ont été dès le début de la crise sanitaire livrés aux soignants.

"C'est de la diffamation que de raconter que Leclerc ou Système U ont enfoui les masques dans des caves pendant que d'autres en avaient besoin. Il faut arrêter les conneries, il n'y a pas de loup", s’est emporté le président du géant Leclerc, Michel-Edouard Leclerc, dans une interview au Journal du dimanche, jugeant la polémique "nulle, puérile, stérile".  

    "Les enseignes de la grande distribution ne sont pas, et n'ont jamais été, en charge de l'achat et de la fourniture de masques pour les soignants, a par ailleurs répondu la Fédération du commerce et de la distribution dans un communiqué. Leur attribuer les difficultés d'approvisionnement est donc faux et malhonnête." Leurs commandes se distinguent de celles effectuées par l'Etat.  


Le prix des masques chirurgicaux sera plafonné
Le prix des masques chirurgicaux qui seront vendus dans les commerces dans le cadre du déconfinement sera plafonné à 95 centimes d'euro l'unité, a annoncé vendredi la secrétaire d'Etat auprès du ministre de l'Économie, Agnès Pannier-Runacher. Il n'y aura toutefois pas de plafond pour les masques en tissu, car “comparer les prix ne serait pas légitime”, au vu de la multitude de masques de qualités différentes. “On va faire des enquêtes chaque semaine, avec des relevés de prix, circuit de distribution par circuit de distribution, et on va s'assurer qu'il n'y ait pas de dérive des marges. Et si effectivement on s'aperçoit qu'il y aune dérive, alors on prendra un arrêté de plafonnement”, a tenu à rassurer Agnès Pannier-Runacher.

    [avec AFP]

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