
"Nous ne sommes pas indifférents aux réseaux" : l'Ordre lance une charte pour "crédibiliser" la parole des médecins créateurs de contenus
Pour lutter contre "la désinformation en ligne qui ne cesse de croître", le Conseil national de l'Ordre des médecins (Cnom) et Youtube ont élaboré ensemble une "charte" du médecin créateur de contenus responsable. Objectif : permettre un contrôle en amont de la publication et accompagner au mieux les praticiens à respecter le code de déontologie sur les plateformes numériques et les réseaux sociaux. Ce document a été élaboré à l'aide de jeunes médecins créateurs de contenus.

"Aujourd'hui, les réseaux sociaux sont devenus des vecteurs essentiels de l'information. Si cette opportunité d'encadrer et d'accompagner les médecins créateurs de contenus sur les réseaux est immense, elle nous impose aussi une réalité importante qui est de veiller à ce que l'information partagée soit fiable, éthique et accessible. Cette responsabilité est au cœur de notre démarche avec Youtube", a indiqué ce mercredi 16 janvier le Dr François Arnault, président du Cnom, en préambule d'une conférence de presse de présentation d'une "charte" du médecin créateur de contenus responsable. "La déontologie et l'éthique doivent s'ouvrir sur la société telle qu'elle est. Nous ne pouvons pas rester enfermé dans nos valeurs éthiques et déontologiques sans regarder ce qui se passe autour de nous, ce que la société devient", a-t-il ajouté.
Face à ce constat, l’Ordre a sollicité l’aide de YouTube pour concevoir un guide de bonnes pratiques. "Je dois dire que j'ai été bluffée par la rapidité du Conseil de l'Ordre, un an et demi après notre rencontre, la charte est lancée", s'est félicitée Justine Ryst, directrice générale de Youtube France. Pour mettre au point le document, des groupes de travail composés de médecins créateurs de contenus, de juristes ordinaux et de membres de Youtube ont été mis en place, coordonnés par la Dre Claire Siret, responsable de la section santé publique au Cnom.
"Il y avait un vrai besoin, notamment chez les plus jeunes"
"Nous ne sommes pas indifférents aux réseaux sociaux", a commenté la Dre Siret. Des 2022, en post Covid, l'Ordre a reçu énormément de signalements pour exercice illégal de la médecine, dérives thérapeutiques ou sectaires et escroqueries émanant de "professionnels auto-proclamés sur les réseaux", retrace la praticienne. Face à une désinformation croissante, "nous n'avons pas l'ambition que tout soit régulé mais au moins d'apporter un minimum, notamment dans la médecine et la santé", décrypte-t-elle.
Cette charte a donc pour objectif de devenir un "document de référence" à destination des créateurs de contenus. "C'était une demande systématique" des médecins créateurs au moment de se lancer, appuie Asmaa Zerkdi, pharmacienne de formation et responsable de Youtube Health France. "Il y avait un vrai besoin, notamment chez les plus jeunes", précise-t-elle.
"La création de contenus est une compétence supplémentaire, mais il nous manquait un document d'accompagnement", précise la Dre Nawale Hadouiri, connue sous le pseudo @dr_nawell2.0 sur les réseaux, qui a co-participé à l'élaboration de ce document. "L'objectif de cette charte est de donner un cadre pour lutter contre la désinformation et traduire le code de déontologie dans des termes plus accessibles pour que chacun puisse se l'approprier", ajoute, de son côté, la Dre Audrey Perret (@dermato_drey). "Nous avons fait un gros travail de synthèse pour ne pas avoir un document trop intimidant", relève le Dr Arthur Lefort, généraliste et directeur d'édition de la chaîne "Major mouvement".
Des outils nécessaires et adaptés
"Il est nécessaire de donner aux créateurs de contenus des outils adaptés pour structurer et qualifier leurs interventions, mais aussi pour garantir une visibilité accrue aux contenus vérifiés et responsables", estime le président du Conseil national, selon qui "la présence de professionnels de santé est cruciale pour rétablir la confiance et garantir une information crédible".
La charte repose ainsi sur dix principes fondamentaux parmi lesquels assurer la transparence dans les contenus publiés, refuser toute promotion de pratiques non validées scientifiquement, fournir des informations actualisées et sourcées, éviter les conseils médicaux personnalisés sur les plateformes publiques ou encore promouvoir une attitude responsable et modérée dans les interactions en ligne... Elle est consultable sur le site du Conseil national.
"Nous allons promouvoir et diffuser cette charte. Nous avons une vraie volonté d'être en aval et plus seulement en amont", détaille la Dre Claire Siret. "L'idée n'est pas de restreindre le contenu, mais vraiment de baliser. Cette charte va crédibiliser la parole des médecins sur les réseaux", conclu ainsi le Dr Arthur Lefort.
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