Innovation

"Il leur faut des outils rapides, simples, intégrés aux consultations, sans leur faire perdre de temps" : l’innovation au service des généralistes

Si pour Julien Camilleri, cofondateur de "Novuus ingénierie médicale", "le temps est devenu de l’argent" pour les médecins généralistes, il entend bien les aider à optimiser leur pratique. Pour ce faire, il mise sur l’innovation avec pour leitmotiv "toujours faciliter, jamais compliquer". L’entreprise met à disposition des généralistes différents outils comme un électrocardiographe, un spiromètre, un dermatoscope… Avec la possibilité d’avoir l’avis d’un médecin spécialiste pour interpréter les résultats. 

10/07/2024 Par Mathilde Gendron
Innovation

En France, le temps moyen de consultation chez un médecin généraliste se situe près de 18 minutes rapporte le ministère de la Santé. "Malheureusement aujourd’hui, le temps est devenu de l’argent pour les médecins", confie Julien Camilleri, en expliquant qu’un "généraliste ne va pas aller dépister la première cause de mortalité en France, si ça lui prend trop de temps". Le commercial de formation s’est aperçu que la majorité des outils à disposition des médecins étaient en réalité "obsolètes". "Ces appareils mettaient quinze minutes pour faire un examen. Ils n’étaient plus en adéquation avec le quotidien du médecin généraliste", estime-t-il. Interpréter ces examens engage également la responsabilité de ces praticiens. "Certains préfèrent carrément ne pas être équipés plutôt que de prendre le risque [de mal interpréter un tel examen]", déplore-t-il.

Julien Camilleri décide alors, avec sa cofondatrice Amira Camilleri, de lancer "Novuus ingénierie médicale", du latin Novus qui signifie innovation. Ils sont persuadés que pour optimiser la pratique des généralistes : "Il leur faut des outils rapides, simples, qui soient intégrés aux consultations, sans leur faire perdre de temps et si éventuellement cela peut leur faire gagner de l’argent, c’est encore mieux." Pour optimiser le temps de consultation, l’entreprise propose aux généralistes des "dispositifs extrêmement innovants" permettant de "dépister, entre autres, les trois plus grandes causes de mortalité en France, qui sont les maladies cardiovasculaires, respiratoires et les cancers de la peau", présente-t-il.

 

Un examen en "10 secondes"

Pour ce faire, l’entreprise propose des appareils comme un spiromètre, un électrocardiographe, un polygraphe, un échographe, un dermatoscope… Ils permettent aux praticiens de réaliser l’examen voulu en près de "10 secondes" en fonction du dépistage. Ces instruments ne sont pas créés par Novuus, mais choisis et analysés minutieusement par son cofondateur. "Je passe énormément de temps à aller chercher des fabricants européens, dont les outils doivent avoir comme critères : la rapidité, et la simplicité de lecture et d’exécution", précise-t-il.

Quant à la responsabilité engagée par le médecin concernant l’interprétation des examens, les cofondateurs ont trouvé une solution : "On a créé un réseau de spécialistes." Au total, treize spécialités sont représentées. Via une plateforme, les généralistes peuvent, s’ils le souhaitent, demander une télé-expertise. "En fonction du caractère d’urgence de la pathologie dépistée, le médecin va avoir une interprétation de son examen par un confrère spécialiste, soit en temps réel, soit avec jusqu’à 72 heures de battement". Ce système doit permettre d’alléger la responsabilité des généralistes qui peuvent, tout comme les spécialistes sollicités, coter leurs actes auprès de l’Assurance maladie. "Ça permet de les valoriser et de les pousser à faire ce type de dépistage", assure-t-il. En plus d’aider les médecins dans leur pratique, ce dispositif doit également à terme "optimiser la prise en charge des patients".

Pour pouvoir en bénéficier, les médecins doivent prendre contact avec Novuus. Un "rendez-vous physique" est ensuite fixé pour que le praticien puisse expliquer sa situation et les pathologies qu’il rencontre le plus fréquemment. Des dispositifs lui sont alors proposés. "On fait vraiment au cas par cas", rappelle Julien Camilleri. Concernant le paiement, "on propose aux médecins les solutions les plus adaptées selon leur profil", qui peuvent aller d’un paiement comptant à un abonnement par mensualité. Le cofondateur ne souhaite en revanche pas donner de tarif précis. Il indique seulement que les mensualités de l’abonnement correspondent au tarif d’"entre trois et cinq examens par mois, c’est-à-dire que lorsqu’un médecin cote au-delà, cela crée un plus financier pour son cabinet". Ce paiement permet d’accéder aux outils, mais aussi à la télé-expertise des spécialistes : "Les deux sont liés, on ne fait jamais l’un sans l’autre."

 

Quatre techniciens pour accompagner les médecins

Le dispositif choisi arrive ensuite au cabinet du médecin. "On se charge de l’information, de la livraison, de l’installation et de la formation continue", assure Julien Camilleri. L’entreprise prévoit, en effet, de former les médecins aux différents outils de dépistage. "On propose une formation technique qui leur explique comment ils doivent utiliser l’appareil pour avoir les meilleurs résultats, pour être le plus rapide possible et pour pouvoir coter son examen", précise-t-il. Novuus met également à disposition des médecins une équipe de "quatre techniciens qui se déplacent pour les aider à utiliser les appareils, indique le cofondateur. Ils peuvent passer des journées entières avec eux."

En plus de la France, l’entreprise s’exporte aussi à l’étranger. Les différents dispositifs ont notamment été déployés en Belgique, au Maroc, en Algérie ou encore au Sénégal. Mais en France, Julien Camilleri remarque une certaine réticence de la part des professionnels de santé. "Le médecin est un peu réfractaire au début. Ça demande un peu d’accompagnement pour lui faire comprendre les avantages de certaines choses", reconnaît-il. Novuus compte pour autant à ce jour "4 000 médecins utilisateurs". 

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Michel Rivoal

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