Changement de Gouvernement : "On n’a plus de capitaine et c'est détestable", déplorent les médecins
Alors qu'Emmanuel Macron a nommé Sébastien Lecornu à Matignon mardi 9 septembre, les syndicats de médecins font part de leur lassitude face à cet énième changement de Gouvernement.
"On essaiera de faire ce que l'on peut avec ce que l'on aura", soupire la Dre Patricia Lefébure, présidente de la FMF. La lassitude est palpable du côté des syndicats médicaux après la nomination du nouveau Premier ministre, Sébastien Lecornu, le 9 septembre dernier : le cinquième depuis 2022. "Je n'attends plus rien des politiques. Nous avons besoin d'interlocuteurs et nous n'en avons plus. Il nous faut du long terme. Nous n'avons plus de capitaine et c'est détestable", s'emporte le Dr Jérôme Marty, président de l'UFMLS, contacté par Egora.
Un constat partagé par Patricia Lefébure. "On en a marre de ces changements, on n'attend plus rien. Nous demandons simplement que le nouveau Gouvernement nous laisse nous organiser depuis le terrain et qu'il ne tente pas de tout règlementer de Paris sur des tableaux Excel", développe la syndicaliste, qui "compte plus sur les médecins, qui exercent sur le terrain, que sur les politiques pour favoriser l'accès aux soins".
Du côté de la CSMF, le Dr Franck Devulder rappelle que son syndicat est "apolitique" et qu'il ne donnera, par conséquent, pas son avis sur la politique générale du pays. Pour autant ses attentes en matière de politiques de santé sont grandes : "Le constat actuel est que ça ne va pas bien partout, du côté des usagers comme des soignants. Le nouveau Gouvernement aura à répondre à deux questions fondamentales." D'abord, "comment répondre aux besoins de soins de la population alors que nous sommes 15 millions de plus qu'il y a 40 ans, dont 400 000 affections longues durées de plus chaque année ? Et, comment assurer le financement de notre protection sociale ?", s'interroge le président de la CSMF.
Un ministre avec "un poids politique"
"La santé doit être une priorité du Gouvernement", plaide Franck Devulder, espérant que le nouveau ministre de la Santé - qui n'a pas encore été nommé - ait "un poids politique" et ''qu'il ne soit pas en 15ème position dans le Gouvernement".
"J'attends que ce qui dicte les choix, ce soient les intérêts des patients et de la santé publique. Et pas simplement des restrictions budgétaires qui font que ce sont les plus malades et les plus démunis qui trinquent... et que la santé publique en prend un coût aussi. Moins on soigne les gens, plus ils sont malades et ils coûtent cher, et au bout du compte on ne fait pas d'économies", avance, de son côté, la Dre Agnès Giannotti, présidente de MG France. "L'exemple des franchises et de l'AME [sur laquelle le Gouvernement a finalement fait marche arrière, NDLR] est typique. C'est ça dont on ne veut pas : trouver des boucs émissaires à faire payer [...] On souhaiterait que ce ne soit pas cette logique-là qui continue", poursuit la généraliste.
"Il y a urgence à dire : 'Voilà les bases de notre politique de santé, travaillons tous ensemble, à l'initiative du Gouvernement, pour les préserver et pour les réinventer. La Sécurité sociale, qui célèbre ses 80 ans, est le joyau de la France.' Mais pour y parvenir, nous avons besoin de stabilité, même s'il ne reste que 20 mois avant la prochaine élection présidentielle", conclut le Dr Devulder.
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