Des généralistes licenciés d'un centre de santé ? L'UFML dénonce la logique de rentabilité de La Mutualité

07/02/2024 Par Chloé Subileau
Economie
Après la publication d'un article sur les possibles licenciements économiques de trois médecins généralistes salariés de La Mutualité française de Champagne-Ardenne, l'UFML réagit dans un communiqué. Le syndicat pointe du doigt les financements "à perte des centres de santé" par les ARS et dénonce "la casse volontaire du système de santé pour des motifs économiques".  

  

"Le Gouvernement, au travers des ARS, et de La Mutualité française [est pris] en flagrant délit de construction d’un système de santé low cost au détriment des patients et des médecins." Dans un communiqué, paru ce mercredi 7 février, l'Union française pour une médecine libre (UFML) dénonce "la casse volontaire du système de santé pour des motifs économiques" en réaction à la publication d'un article, vendredi 2 février, par le site de L'hebdo du Vendredi.  

Face à un déficit d'exploitation d'un million et demi d'euros en 2023, l'union territoriale de La Mutualité française de l'ex-Champagne-Ardenne souhaiterait réorganiser son personnel, indique cet article. Pas moins de 21 postes seraient alors sur la sellette, dont celui d'un médecin généraliste à Reims et de deux autres à Châlons. Ces derniers sont pourtant les deux seuls que compte le centre mutualiste de la ville-préfecture. Un plan social dont Egora s'est fait l'écho le 25 janvier dernier. 

Interrogé par L'hebdo du Vendredi, le directeur général du service de soins et d'accompagnement mutualistes (SSAM) pour la Mutualité française Champagne-Ardenne, Frédéric Connat, s'explique : "90% de nos recettes proviennent des tarifs réglementés décidés par la Sécurité sociale. Ils ont augmenté d'1,50 € en novembre, mais n'avaient pas évolué depuis 2017. Nos médecins ont un statut de salarié. Or, ces salaires n'ont pas été gelés et ont progressé ces dernières années. On a eu 361% de hausse sur l'électricité l'an passé". La hausse de ces charges ne peut donc être "compensée que par une augmentation de notre activité", assure alors le directeur, cité par nos confrères. Toutefois, "celle des trois médecins dont on parle ne dégage pas suffisamment de recettes pour couvrir leurs salaires et les charges afférentes", affirme-t-il.  

En effet, le directeur estime qu'il y "un décalage entre le montant [du] revenu [des médecins, NDLR] et les recettes qu'ils réalisent". "On leur a proposé des ruptures conventionnelles et d'autres solutions : réduire leur temps de travail sous le statut de salarié et le compenser avec une activité libérale, opter pour une activité libérale totale, ailleurs ou en continuant d'exercer dans nos locaux, rester chez nous, mais accueillir davantage de patients…", poursuit Frédéric Connat. 

 

"Tout est fait pour favoriser les centres de santé" 

Dans ce contexte, l'UFML s'indigne de la logique de la Mutualité française de demander "une augmentation de l'activité des médecins" afin de participer à l'équilibre financier de leurs centres de santé, et non une hausse des tarifs des praticiens. Plus largement, "cela ne dérange en rien ni la Mutualité française ni les ARS que les médecins libéraux aient subi les mêmes augmentations de charges et ne bénéficient pas de personnels chargés de leurs obligations administratives", soulève le syndicat. 

Revenant sur le soutien financier accordé par l'ARS à la Mutualité française, l'UFML dénonce les financements "à perte des centres de santé plombés par un système structurellement non rentable", qui "ne font preuve d'aucune égalité de traitement avec la médecine libérale".  

"Tout est fait pour favoriser les centres de santé, qu’ils soient mutualistes ou à des fonds de pension ou des groupes financiers. Tout est fait pour, en urgence, faire disparaitre le paiement à l’acte, afin que les futurs médecins installés n’aient d’autres solutions que d’exercer dans ces structures", insiste alors le syndicat. 

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Claire FAUCHERY

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Débatteur Passionné
Médecins (CNOM)
il y a 2 ans
Le problème de fond, c'est l'administration, dans tous les sens du terme : Les médecins des centres de santé, y vont en espérant moins d'administrationet et donc du temps libéré pour soi. Les libéraux subissent les affres, les lubbies, et la déconnexion de l'administration. Ce qui grève le budget des centres de santé c'est les salaires de la bureaucratie de l'entreprise, des "non producteurs de soin". Ce qui limite les salaires des soignants hospitaliers c'est la pléthore administrative qui ponctionne et s'arrose grassement du budget tout en expliquant que tout va bien à la population, et aux infirmières qu'il faut revenir ce week-end.​​​​​​​​ Et dernier point, les allemands ont plus de médecins (en valeur absolue et par habitant), mieux répartis (répartition qu'ils gèrent eux même), bien mieux payés et avec plus de temps libre. Tout en ayant nettement moins d'administration... Bizarre non ?
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130 points
Pharmaciens (CNOP)
il y a 2 ans
Il est très regrettable que les médecins "libéraux" soient si peu et si mal informés généralement du fonctionnement ainsi que des valeurs des centre de santé. Ils se rendraient compte que les médecins des centres de santé cherchent à défendre un idéal professionnel dans lequel le patient est au milieu d'une équipe pluridisciplinaire et veulent exercer à leur rythme de la plus convenable des manières ; un idéal que trop de libéraux ne sont plus en mesure de pouvoir atteindre, en regard des contraintes extraprofessionnelles qui sont les leurs. Les centres de santé et les médecins libéraux doivent avancer ensemble, car ils sont aujourd'hui complémentaires et leur force est d'être tous des "confrères "qui doivent tous défendre la beauté de leur métier. La mainmise des groupes financiers et des Mutuelles sur la profession au travers des CDS doit être fermement combattue afin de pouvoir conserver un minimum de libre arbitre. L'état d'esprit et Les propos tenus par l'UFML sont déplacés et inutiles ; comme les Médecins libéraux, les Médecins des CDS doivent être rémunérés plus correctement et ensembles ils seront plus forts.
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3,5 k points
Débatteur Passionné
Médecins (CNOM)
il y a 2 ans
Nous finirons comme nos malheureux agriculteurs , bien plus mal en point que nous pour l'instant , mais dont la force de travail a été "récupérée" par la grande distribution , pour son plus grand profit. Qui récupérera notre force de travail : tous ces "machins" que l'on met en place de gré ou de force ... Nous continuerons comme les agriculteurs a aimer malgré tout notre métier...C'est invraisemblable : les métiers les plus indispensables sont maltraités et le mot est faible...Et cela n'émeut pas grand monde pour l'instant.
 
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