Médecin

Des députés déposent un amendement pour supprimer le médecin traitant

Après le vote de la régulation de l'installation des médecins, dans le cadre de l'examen de la PPL Garot le 2 avril dernier, des députés de droite veulent enterrer le statut de médecin traitant ou de médecin référent.  

14/04/2025 Par Louise Claereboudt
Médecin

Les déconvenues n'en finissent pas pour les médecins généralistes. Après le vote "historique" de la régulation de l'installation, le 2 avril dernier à l'Assemblée nationale, ils pourraient bien assister à la disparition du médecin traitant. Un amendement à la proposition de loi Garot sur les déserts médicaux, déposé par sept députés de la droite républicaine*, propose en effet la remise d'un rapport du Gouvernement – "dans un délai de six mois à compter de la promulgation de la loi" –sur la "suppression" de ce statut, créé en 2004 en remplacement du "médecin référent".

Ce rapport devra formuler des propositions pour "améliorer" ce dispositif, "dont six millions de personnes sont désormais exclues en France", parmi lesquelles "600 000 atteint[e]s d'une affection de longue durée". Une "tendance" en "hausse constante depuis 2020", écrivent les parlementaires. "À l'heure où la désertification médicale nous oblige [à] refonder le contrat entre les médecins et les usagers, il est temps de trouver de nouvelles initiatives pour permettre à tous de pouvoir se soigner", défendent-ils.

Les "pistes" et les "solutions" qui découleront de la "réflexion" sur la suppression de ce statut devront permettre de "trouver des moyens plus efficaces pour remédier à la pénurie de médecins généralistes", peut-on lire dans l'exposé de cet amendement.

"On touche au sublime : plutôt que soigner le système, on efface le diagnostic", dénonce le président de la FMF-Gé, le Dr Frédéric Villeneuve, sur LinkedIn. Et d'ironiser : "Bienvenue dans la médecine sans médecin. Et allons plus loin : moins de profs ? Supprimons l'école." Un post qui n'a pas manqué de faire réagir. "En termes de santé publique, c'est un désastre et ces gens sont des inconscients. Ils veulent juste des 'Hunger Games' de la santé !, fustige ainsi le Dr Michaël Rochoy. Parce que ça veut dire qu'on pourra faire 9h-12h/14h-17h tout ouvert sur agenda, avec 0 obligation envers 'notre' patientèle qu'on n'a plus…"  

Cet amendement n'a, pour l'heure, pas encore été discuté en séance publique. Il devrait l'être début mai, lors de la reprise de l'examen de la PPL Garot à l'Assemblée.  

 

*Fabrice Brun, Christelle Petex, Josiane Corneloup, Valérie Bazin-Malgras, Thierry Liger, Jean-Pierre Taite, Julien Dive.  

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2 débatteurs en ligne2 en ligne
Photo de profil de PAUL GALLET
45 points
Médecins (CNOM)
il y a 7 mois
Dans le cadre général de la santé en France, cette proposition paraît effectivement ahurissante. La suppression du médecin traitant sans solution alternative solide semble contre-productive face aux défis actuels du système de santé français. C'est comme si on proposait de supprimer le pilote pour résoudre un problème de pénurie d'avions. Le médecin traitant joue un rôle fondamental dans: La coordination du parcours de soins Le suivi des maladies chroniques La prévention et le dépistage La gestion du dossier médical L'orientation vers les spécialistes Supprimer ce pivot central du système de santé risquerait d'aggraver considérablement: L'accès aux soins pour les patients vulnérables La fragmentation des parcours de soins Le suivi des affections longue durée Les coûts de santé par multiplication d'actes redondants Cette proposition semble ignorer les causes profondes de la désertification médicale: déficit de formation, répartition territoriale inégale, conditions d'exercice difficiles, et attractivité réduite de la médecine générale. Une réforme plus cohérente nécessiterait plutôt de renforcer l'attractivité de la médecine générale et de développer des solutions complémentaires (télémédecine, pratiques avancées, exercice coordonné) tout en préservant ce rôle essentiel du médecin traitant.
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404 points
Incontournable
Médecins (CNOM)
il y a 8 mois
Très forts, ces députés. Les patients pourront faire leur marché en vagabondant entre les médecins, les intolérants au travail pourront aller voir un autre médecin en cas de refus d'arrêt, les hypochondriaques se faire prescrire des examens inutiles et coûteux en allant voir ailleurs !
Photo de profil de CLAUDE LAMER
671 points
Débatteur Passionné
Médecine générale
il y a 8 mois
A t'on le droit de faire un peu de "lobbying" ? A 30 patients par jour, toute l'année, (30 colloques singuliers), Pompidou déclarait que nous étions des relais d'opinion "assez bien armés". Informons notre patientéle des votes de leurs députés...la communication orale ! Nous connaissons.
 
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