Démission de Sébastien Lecornu : inquiets, les médecins appellent les partis politiques à agir "en responsabilité"
Après avoir annoncé la composition d'une partie de son Gouvernement, le Premier ministre a finalement remis, lundi, sa démission au président de la République, qui l'a acceptée. Le monde de la santé a réagi à ce nouveau séisme politique, qui plonge, une fois de plus, le secteur dans l'incertitude.
"À l'heure où notre système de soins traverse une crise profonde, cet échec à former un Gouvernement stable est un très mauvais signal pour l'ensemble des Français", déplore l'intersyndicale des Libéraux de santé (LDS), dans un communiqué de presse en réaction à la démission de Sébastien Lecornu, annoncée soudainement lundi 6 octobre.
La veille, le Premier ministre avait présenté la composition d'une partie de son Gouvernement. Catherine Vautrin avait été reconduite à la tête d'un ministère au portefeuille encore élargi, comportant le Travail, la Santé, les Solidarités, les Familles, l'Autonomie et les Personnes handicapées. Yannick Neuder, jusqu'ici en charge de la Santé et de l'Accès aux soins, n'avait quant à lui pas été fixé sur son sort.
"On ne peut pas être Premier ministre lorsque les conditions ne sont pas remplies", a déclaré Sébastien Lecornu, lundi, après avoir remis sa démission au président de la République, qui l'a acceptée. "La composition du Gouvernement au sein du socle commun n'a pas été fluide et a donné lieu au réveil de quelques appétits partisans, parfois non sans lien […] avec la future élection présidentielle", a-t-il expliqué.
Les partis politiques "ont fait mine parfois de ne pas voir le changement, la rupture profonde, que représentait le fait de ne pas se servir de l'article 49.3 de la Constitution", a également regretté Sébastien Lecornu, évoquant les budgets de l'Etat et de la Sécurité sociale. Et d'ajouter : "J'étais prêt à des compromis mais chaque parti politique veut que l'autre parti politique adopte l'intégralité de son programme. C'est vrai des formations parfois du socle commun, c'est vrai aussi des oppositions."
Arbitrages repoussés, réformes suspendues…
Une allocution que le Premier ministre démissionnaire a souhaité conclure sur une pensée optimiste. "Il suffirait de peu pour que ça fonctionne […] en étant plus désintéressés, pour beaucoup, en sachant aussi faire preuve d'humilité, peut-être aussi parfois d'effacement de certains egos", a-t-il lancé, appelant les politiques à "toujours préférer son pays à son parti".
Cet "appel à la responsabilité" est salué par la CSMF et les LDS dans leur communiqué respectif. "Nous ne pouvons plus accepter que les responsables politiques appellent sans cesse les citoyens, les soignants et les partenaires sociaux à la responsabilité, tout en s'en affranchissant eux-mêmes lorsque les circonstances exigent courage et dépassement partisan", juge la Conf', pour qui cette démission envoie également un signal "inquiétant" pour les médecins.
"La santé de nos concitoyens mérite mieux que des calculs politiques à courte vue", tance le syndicat. Et de souligner que "les médecins, eux, continuent d'assumer leurs responsabilités chaque jour, au service des patients, malgré un système à bout de souffle et des réformes sans cesse différées". Le départ de Sébastien Lecornu de Matignon "compromet la construction du futur budget de la Sécurité sociale et retarde une fois de plus les réformes indispensables pour améliorer l’accès aux soins et transformer notre système de santé", s'inquiètent les Libéraux de santé.
"Une fois encore, l'instabilité politique fragilise les discussions essentielles pour l'avenir des internes", a également déploré l'Intersyndicale nationale des internes (Isni), sur Instagram. "Alors que nous attendons des réponses claires sur la [quatrième année d'internat de médecine générale, NDLR], la formation ou encore l[es] conditions d'exercice, les arbitrages sont repoussés, les réformes suspendues… et nos combats en suspens."
Les LDS appellent, de leur côté, la classe politique à "se ressaisir, à dépasser les logiques partisanes et à agir, en responsabilité, pour sortir de cette crise sans précédent et garantir l'avenir de notre système de santé aujourd'hui gravement menacé". Un vœu qu'émet également la CSMF. L'Isni attend, quant à elle, des "décisions fortes, stables, et à la hauteur des enjeux".
Bien que démissionnaire, Sébastien Lecornu a toutefois accepté, à la demande d'Emmanuel Macron, de "mener d'ultimes discussions" avec les forces politiques "pour la stabilité du pays", qui repose en grande partie sur l'adoption des budgets. "Je dirai au chef de l’Etat mercredi soir si cela est possible ou non, pour qu'il puisse en tirer toutes les conclusions qui s'imposent", a indiqué le Premier ministre démissionnaire sur le réseau social X.
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