Plainte

Loi Duplomb : un généraliste visé par une plainte pour "outrage" à l'encontre d'une députée RN

Un rassemblement a été organisé, mercredi 3 décembre, en soutien au Dr Louis-Adrien Delarue, convoqué à la gendarmerie d'Angoulême suite à une plainte pour "outrage" déposée par la députée RN de Charente, Caroline Colombier. A l'origine de cette procédure : un post sur les réseaux sociaux dans lequel le généraliste fustige les propos de l'élue en pleine séquence de la loi Duplomb. 

04/12/2025 Par Louise Claereboudt
Plainte

Lundi 1er décembre, alors qu'il est à son cabinet, le Dr Louis-Adrien Delarue reçoit un appel de la gendarmerie de Ruffec (Charente) pour le convoquer à une audition "avec prise d'empreintes" deux jours plus tard. Une convocation qui n'a fait l'objet d'aucune "lettre préalable", assure le généraliste, porte-parole de l'association Alerte médecins pesticides, sur sa page Facebook sur laquelle il est très actif. Au cours de l'appel, le médecin apprend qu'il est visé par une plainte pour "outrage envers un agent dépositaire de l'autorité publique" déposée par la députée RN Caroline Colombier. 

À l'origine de cette plainte : un post du généraliste diffusé sur son compte Facebook le 11 juillet dernier, juste après l'adoption au Parlement de la loi Duplomb. Dans son message, Louis-Adrien Delarue dénonçait les propos tenus par la députée RN dans La Charente libre sur l'acétamipride, un pesticide de la famille des néonicotinoïdes interdit en France. Le Parlement avait adopté sa réintroduction, censurée début août par le Conseil constitutionnel.

Dans le journal local, Caroline Colombier y affirmait que l'acétamipride est "un produit non cancérigène, et est 3800 fois moins toxique que d'autres néonicotinoïdes." Ce qui avait fait bondir le généraliste militant. "Heureusement que le ridicule ne tue pas, vous seriez morte deux fois dans la même interview...", avait écrit Louis-Adrien Delarue, décrivant l'élue comme "la sottise incarnée". "Il n'était pas question de laisser passer ça", explique le médecin, dans une vidéo postée sur Facebook la veille de son audition. 

"Je rappelais également qu'il y avait un continuum entre les bêtises qu'elle racontait et sa mouvance d'extrême droite qu'est le Rassemblement national", ajoute le généraliste, face caméra. Dans un autre post diffusé hier, le praticien soutient avoir "fait [son] travail de médecin et de citoyen" en dénonçant les propos de Caroline Colombier. Lui qui utilise les réseaux sociaux pour "redire des vérités scientifiques, remettre les pendules à l'heure et surtout lutter contre l'obscurantisme, lutter contre des dérives fascisantes".

Évoquant une "procédure bâillon", "une procédure d'intimidation pour éteindre le débat public", Louis-Adrien Delarue s'est donc rendu mercredi après-midi au commissariat d'Angoulême. Une manifestation en son soutien était organisée devant le bâtiment. "J'assume mes propos. Je représente aussi l'alerte des médecins sur les pesticides et les perturbateurs endocriniens. En démocratie, que je sache, on a encore le droit de dire que des gens, et des élus, disent n'importe quoi sur le sujet, et je le réaffirme", a-t-il maintenu auprès de La Charente libre, présente sur place. 

Dans sa vidéo publiée sur Facebook, Louis-Adrien Delarue met en avant le principe de "liberté d'expression" : "Vouloir faire taire un médecin ou un scientifique […] est totalement inadmissible en démocratie française." 

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Claire FAUCHERY

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