Agressions sexuelles dans un centre d'imagerie parisien : un radiologue réputé sera jugé en 2026
Radiologue réputé, le Dr Jean Juras comparaîtra le 24 septembre 2026 devant le tribunal judiciaire de Paris. L'octogénaire est visé par 11 plaintes de patientes pour agressions sexuelles. Des faits qui auraient eu lieu dans un cabinet du réseau Imagerie Cardinet, à Paris. Un ancien kiné du centre est, lui, visé par des plaintes pour viol.
Mi-novembre, le réseau Imagerie Cardinet, spécialisé dans l'imagerie de la femme, annonçait avoir porté plainte contre X pour des viols et agressions sexuelles présumés d'anciens personnels et médecins sur des patientes. Des faits qui auraient eu lieu dans l'un de ses centres, situé dans le 17e arrondissement de Paris. L'un des mis en cause n'est autre que son fondateur, le Dr Jean Juras, 82 ans. Ce radiologue, co-auteur du livre Les Dialogues du périnée, comparaîtra pour agressions sexuelles le 24 septembre 2026, indique l'AFP, confirmant une information de la chaîne de télévision M6.
"Je défends depuis 26 ans les femmes victimes de violences. Je suis toujours pour les victimes. Si j'ai accepté de défendre Jean Juras, c'est parce que je n'ai pas l'ombre d'un doute, il n'a rien fait", a exposé Me Delphine Driguez à l'AFP. Selon son avocate, "le problème" tient en partie à ses "petites blagues pour détendre l'atmosphère parce que les patientes arrivent avec la peur au ventre d'avoir un cancer". "Il va leur dire, 'ma petite dame', en leur caressant le bras, 'vous n'avez rien de grave, vous pouvez aller vous habiller ou bien vous pouvez rester nue, ça ne me pose aucun problème'", relate-t-elle.
Certaines patientes ont "associé" ces "blagues" à un "geste médical", "toucher la poitrine", et ont "considéré que c'était des agressions sexuelles, alors qu'il est spécialisé dans la mammographie et l'échographie de la poitrine", explique encore Me Driguez.
Selon Le Parisien, qui a publié les témoignages de plaignantes, Jean Juras avait déjà été mis en cause à plusieurs reprises devant l'Ordre des médecins après des signalements de patientes – dont le plus ancien remonterait à 2006. Il a finalement été radié en septembre dernier, selon Le Parisien et M6, 28 octobre 2025. "Si les signalements et les plaintes antérieurs avaient été traités plus rapidement, je n'aurais pas été concernée", déplore Nathalie*, qui a permis à l'affaire d'éclater. "Une suspension d'urgence aurait dû être décidée par l'Ordre des médecins qui n'a même pas sollicité l'agence régionale de santé. C'est moi qui ai dû le faire pour l'éloigner de ses patientes", assure la plaignante.
En juin 2024, Nathalie a consulté Jean Juras pour "un examen de routine". "Il a fait une entrée en matière déstabilisante en me tirant les seins", a-t-elle confié au Parisien. Après l'échographie, "il m’a essuyé les seins de façon insistante, ce que personne ne fait". "Il a ajouté que cela ne le dérangeait pas si je restais nue dans la salle d’attente. J’ai signalé son comportement. Une secrétaire est venue me voir et m'a dit que son attitude n'était plus acceptable." Choquée, la cheffe d'entreprise a lancé des appels sur les réseaux sociaux. D'autres victimes présumées se sont ainsi fait connaître.
Mis en cause par les plaignantes, l'Ordre n'a pas souhaité s'exprimer dans Le Parisien. Le centre Cardinet est, lui, visé par plusieurs plaintes notamment pour avoir ignoré ces alertes. Il aurait attendu "une décision de suspension de l'agence régionale de santé" pour "commencer une enquête en interne fin 2024". Par la voix de son avocat, Me Pierre-Henri Lebrun, Imagerie Cardinet s'est défendu d'avoir fermé les yeux. Il rappelle que le centre a déposé plainte en soutien aux victimes présumées, et précise avoir sollicité 20 000 anciennes patientes. Un porte-parole d'Imagerie Cardinet a par ailleurs assuré à l'AFP que la maison mère allait se constituer partie civile.
D'autres plaintes de patientes ont été déposées contre un ancien kiné. "Une information judiciaire a été ouverte le 12 septembre 2024, des chefs de viol, agression sexuelle, exercice illégal de la médecine et exercice illégal de la masso-kinésithérapie", a indiqué le parquet à l'AFP, précisant qu'"il n'est pas intervenu de mise en examen à ce stade". A l'origine de l'enquête, "trois patientes (qui) ont déposé plainte en juin 2023, janvier 2024 et mai 2025, dénonçant avoir subi, dans le cadre de bilans urodynamiques, des gestes médicaux intrusifs assez violents et sans demande préalable de leur consentement".
Ces actes auraient été commis selon les plaignantes "par Alain B., kinésithérapeute pourtant retraité depuis 2011", ajoute-t-il. Le réseau Imagerie Cardinet pourrait, de son côté, se voir reprocher une "complicité" dans ces infractions.
*le prénom a été modifié.
[avec M6, Le Parisien et AFP]
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