Délégation d'actes : infirmières et kinés appellent Macron à "passer outre les corporatismes"
Presque un an jour pour jour après sa réélection, Emmanuel Macron a répondu aux questions de onze lecteurs du Parisien-Aujourd’hui en France. Le Président de la République a notamment pointé du doigt le manque d’effectif, à l'hôpital comme en ville : "On n’a plus assez de soignants dans le pays." Pour pallier cette pénurie, "on doit accélérer la délégation d’actes", a déclaré Emmanuel Macron. La Fédération nationale des infirmiers (FNI) partage son constat dans un communiqué et tient à "saluer la lucidité du chef de l'État et son engagement". Le syndicat rappelle qu’il est devenu "urgent d’agir… et d’agir concrètement".
Le corporatisme médical exacerbé risque d'achever un système de santé déjà à genoux ! #idel #FNI https://t.co/FWN4ZoIJQC pic.twitter.com/yf9lQghIfK
— FNI (@FNIofficiel) April 24, 2023
La FNI s’estime prête à "s’engager fortement pour améliorer l'accès aux soins", ce qui implique "une mobilisation plus intense" de "l'ensemble des compétences des infirmières" et des "délégations d’actes". Cela ne "remet pas en cause" le "rôle" ni "l’expertise du médecin", souligne la FNI. Lors de son interview, le Président de la République a assuré être "en train" de faire ce travail d'accélération des délégations, ajoutant aussitôt : "Je me tape les corporatismes." Mais la FNI tient à rappeler que les compétences des infirmières libérales sont "sous-utilisées". Par ailleurs, "l'accès direct aux infirmiers en pratique avancée (IPA) a été circonscrit aux seules maisons de santé pluridisciplinaire, mode d’exercice très minoritaire”, ajoute le syndicat.
De son côté, la Fédération française des masseurs-kinésithérapeutes rééducateurs (FFMKR) salue également "l’engagement d’Emmanuel Macron à accélérer les délégations" et insiste sur le fait que "le Gouvernement doit assumer ses ambitions et passer outre les corporatismes". "L’accès direct au kinésithérapeute est l’une des solutions efficaces et immédiates pour désengorger les cabinets médicaux et les services d’urgences", poursuit la FFMKR.
Accès aux soins : la FFMKR salue l’engagement d’Emmanuel Macron à accélérer les délégations pour améliorer l’offre de soins, les kinés y sont prêts !https://t.co/gYEWWmxaR2 pic.twitter.com/DkeFCTRdoC
— FFMKR (@_FFMKR) April 25, 2023
Les deux syndicats rappellent l’importance de la "loi Rist", qui vise à instaurer un accès direct aux IPA, aux kinés et aux orthophonistes. Pourtant "prometteuse" selon la FNI, cette proposition de loi "s’est elle-aussi, heurtée au mur des corporatisme". "Cette occasion est encore manquée à cause d’un mal récurrent", admet la FFMKR. Adopté au début du mois en commission mixte paritaire, le texte "ne comporte que des mesures cosmétiques et restreint l’accès direct aux seules maisons de santé pluriprofessionnelles (MSP), soit à 3% des kinésithérapeutes", poursuit le syndicat. "Il faudra donc revoir de manière urgente cette loi et prévoir des changements ambitieux", rappelle-t-il.
Aussi, le Président de la République a fait part de son souhait de former plus de médecins, de pharmaciens, de kinés et d’infirmières. La FNI y est favorable... à condition "que le niveau et la qualité de la formation initiale ne soient pas bradés". Même constat pour la FFMKR qui demande à ce que cela soit "accompagné financièrement dans le cadre de l’Objectif national de dépenses de l’Assurance maladie pour supporter l’augmentation du nombre de prises en charge".
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