"Il n'a plus de médecin traitant et déchaîne sa rancœur sur moi" : urgentiste, il raconte son agression par un patient
Alors qu'il consultait dans un centre de soins non programmés, en fin de semaine dernière, le Dr Frédéric Pochet, urgentiste, a été violenté par un patient. "Ne comprenant pas bien le sens de la file d'attente", l'homme s'est montré agressif avec le personnel d'accueil. Le Dr Pochet a dû lui demander de quitter les lieux.
"Hier j'ai été agressé dans mon cabinet…" C'est ainsi que le Dr Frédéric Pochet commence son récit, posté vendredi 23 mai sur LinkedIn. Fondateur du réseau Smuca* (Selarl des médecins urgentistes des cliniques de l'Artois), il raconte qu'en fin de semaine dernière, alors qu'il consultait dans un des centres de soins non programmés appartenant à son réseau, il a été alerté par le personnel d'accueil du comportement agressif d'un patient "ne comprenant pas bien le sens de la file d'attente". "Très agité, il avait mis en larmes une patiente et terrorisé les autres consultants."
Devant l'agressivité de l'homme, le Dr Pochet lui demande de quitter les lieux, et l'informe qu'il ne lui renouvellera pas son ordonnance, motif de sa venue. C'est à ce moment que la situation dégénère. "Ce malade n’a plus de médecin traitant (désert médical) et se sent dévalorisé et abandonné, alors il déchaîne sa rancœur sur moi… et en vient à me violenter", explique l'urgentiste, qui s'en sort avec "quelques griffes et ecchymoses". Le choc l'a toutefois poussé à faire le récrit de son agression.
La frustration que les patients ressentent se transforme peu à peu en violence incontrôlable
"J'ai passé 17 ans dans un service d’urgence réputé difficile, 8 ans en libéral, et c’est la première fois que je reçois des coups… par une personne dont je ne me suis pas méfié (60 ans d'allure respectable, juste agacé). La frustration que les patients ressentent se transforme peu à peu en violence incontrôlable et avoir le rôle de fusible semble être dorénavant dévolu au soignant", déplore le fondateur de la Smuca. Et de souligner le "drôle de monde" dans lequel on vit : "Les autres malades étaient soit tétanisés et n’ont pas réagi soit cachés derrière leur écran à filmer la scène."
Son témoignage lui a valu une vague de soutien sur LinkedIn. "Tout mon soutien Frédéric… Agression verbale quasi quotidienne depuis quelques semaines, par des patients qui voient la porte ouverte, qui n'ont rien d'urgent mais exigent d'être pris en charge tout de suite. On a un vrai problème de société", a ainsi regretté la présidente de la Fédération française des centres de soins non programmés, la Dre Maëva Delaveau.
En réponse à un autre commentaire, le Dr Pochet a indiqué avoir déposé une plainte.
*La Smuca est "le fruit du regroupement en 2018 de plus de 20 médecins qualifiés et expérimentés exerçant dans des services de soins non programmés et d'urgences autorisés", peut-on lire sur son site.
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