Agnès Buzyn : "Nous allons mettre en œuvre la recertification des professionnels de santé"
Rappelant qu'elle en était "membre", la ministre de la Santé était présente à l'ouverture du Congrès national de l'Ordre des médecins, ce jeudi 19 octobre. Elle a répondu favorablement à une requête exprimée de longue date par l'instance ordinale : contrôler les connaissances des médecins en exercice.
Au congrès du Conseil national de l'ordre des médecins, le Pr Agnès Buzyn est en terrain conquis. Preuve en est la standing ovation qui a l'a accueillie à son arrivée sur l'estrade, à la suite d'un discours plus élogieux que critique du président de l'instance, le Dr Patrick Bouet. "Heureux d'accueillir un médecin, ministre de la Santé", ce dernier a salué la "volonté de dialogue" de sa consœur, "qui tranche tant avec les cinq années subies par tous les professionnels de santé sous le précédent gouvernement". Le président de l'Ordre est également revenu sur le plan de lutte contre les déserts médicaux annoncé conjointement par le Premier ministre et la ministre de la Santé vendredi dernier, se félicitant de l'émergence "d'un discours nouveau sur l'accès aux soins". "Enfin le Gouvernement a compris qu’il était urgent de lutter contre la tentation d’hyperadministrer notre système de santé", a souligné le Dr Bouet, remerciant Agnès Buzyn d'avoir su reconnaître "l’importance des territoires", leitmotiv de l'Ordre, et de "vouloir entendre les médecins et tous les professionnels de santé sur le terrain". Oui, mais. "Les mesures annoncées vendredi dernier ne sont aujourd’hui pas suffisantes", a objecté le président de l'Ordre, citant trois grands oublis : le lien ville-hôpital ; la situation des spécialistes de premier recours, "maillons essentiels de l'accès aux soins"; et la formation. "Nous répétons les mêmes erreurs depuis des dizaines d’années et les derniers examens classant nationaux le montrent encore, a mis en garde le Dr Bouet. La création de nouvelles spécialités au détriment de la médecine générale, l’accent mis sur la surspécialisation enferment les étudiants dans des filières dont ils ne pourront sortir, et ne prennent pas en compte les besoins des territoires." Le président de l'Ordre a, par ailleurs, relevé des "dysfonctionnements graves": l'inefficacité du zonage des ARS en matière d'accès aux soins ; l'"impéritie" des autorités sanitaires dans la gestion du Levothyrox; la "confusion" engendrée par une possible révision de la loi sur la fin de vie, "moins de deux ans après la promulgation d'une loi équilibrée". Sans oublier "la souffrance partout ressentie" des médecins, qui a atteint "un point de non-retour". "La grève récente de nos confrères hospitaliers en est un des derniers témoignages", a pointé le président de l'Ordre. "Redonnez-nous du temps médical!", a-t-il demandé, tout en se gardant de citer le sujet brûlant du tiers payant généralisé… "Il faut également mieux protéger nos confrères. Un nombre trop important d’entre eux sont victimes, trop régulièrement, d’agressions violentes, parfois fatales. (…) Notre profession, Madame la Ministre, a le sentiment que ces drames trop fréquents, que ce désespoir pourtant si visible, ne sont pas entendus. Qu’aucune réponse n’y a été apportée par les pouvoirs publics", a pointé le Dr Bouet.
Plus que de discours, c’est une vision, ce sont des actions, que nous attendons #DirectCNOM pic.twitter.com/INVSM41Ri3
— Ordre des Médecins (@ordre_medecins) 19 octobre 2017
Face à ces doléances, la ministre de la Santé a rappelé l'exigence qui s'impose aux membres de l'Ordre, dont elle fait "partie", a-t-elle rappelé. Exigence qui fait des médecins d'être des "ambassadeurs de la prévention" … et qui exige d'eux qu'ils soient vaccinés contre la grippe : "je compte sur vous pour adopter une conduite exemplaire afin de ne pas propager involontairement l'infection", a insisté Agnès Buzyn. Exigence qui s'exprime aussi dans la lutte contre les "refus de soins pour les personnes à CMU-C". Il faut améliorer la sécurité et la pertinence des soins, a insisté la ministre de la Santé : 400 000 hospitalisations sont liées chaque année à un événement indésirable, dont près la moitié sont évitables, et 20 à 30% des prescriptions sont "non pertinentes en actes ou en médicaments". "Garantir une même qualité et sécurité de prise en charge, c'est s'assurer périodiquement que les professionnels actualisent leurs connaissances", a souligné Agnès Buzyn. Répondant favorablement à une demande de l'Ordre, la ministre annonce ainsi la "mise en œuvre de la recertification des compétences des professionnels de santé". Une mission sera lancée prochainement avec la ministre de l'Enseignement supérieur. S'agissant de l'accès partiel aux professions de santé pour les ressortissants européens qui n'ont pas les compétences requises en France, la ministre de la Santé s'est voulue rassurante: l'Ordre donnera un "avis spécifique" pour chaque dossier et le décret en préparation garantira la cohérence et la lisibilité des soins.
En marge du congrès, la ministre de la Santé est revenue sur l'avancée du service sanitaire, qui doit concerner 40 000 étudiants en santé dès mars prochain. La tâche de ces futurs professionnels de santé consistera à aller prêcher la bonne parole dans les établissements scolaires, porteurs de messages de prévention. Mais ce service sanitaire "ne sera pas le même pour les étudiants en médecine, les étudiants kinés ou les étudiants infirmiers", a précisé Agnès Buzyn. Une mission est en cours pour en définir les modalités.
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