Pas de capitation, pas de convention : l'ultimatum du directeur de la Cnam aux médecins libéraux

01/03/2024 Par Aveline Marques
Vidéo Assurance maladie / Mutuelles
"Il y aura un accord sur tout ou un accord sur rien" a de nouveau martelé Thomas Fatôme devant la commission des Affaires sociales du Sénat, mercredi 28 février. Le directeur général y a défendu les propositions formulées par la Cnam en début de mois dans le cadre des négociations conventionnelles.

  Le G à 30 euros mis sur la table lors de la séance "multilatérale" de négociations du 8 février dernier représente un "investissement significatif" de "700 millions d'euros pour l'Assurance maladie", a chiffré son directeur général, Thomas Fatôme, lors d'une audition au Sénat, mercredi 28 février. "Nous sommes convaincus de la nécessité d'abord de répondre à la thématique de l'inflation", a déclaré le directeur de la Cnam, soucieux également de l'attractivité de l'exercice libéral et de la "valorisation" de la fonction de médecin traitant face aux modes d'exercice de la médecine générale un peu concurrents que sont devenus les plateformes de téléconsultation et autres centres de soins non programmés.   Augmenter les patientèles de 2% Mais cette "revalorisation importante" de "20% des honoraires des généralistes" (si l'on inclut la hausse de 1.5 euro décidée par le règlement arbitral), couplée à une montée en charge du forfait médecin traitant -issu de la fusion du forfait patientèle, de la ROSP et du forfait structure- n'est pas sans contrepartie sur l'accès aux soins, sur la pertinence mais aussi sur l'évolution des modes de rémunération. "Il y aura un accord sur tout ou un accord sur rien", a désormais coutume de résumer Thomas Fatôme.

"Nous avons proposé de nous engager collectivement sur un certain nombre d'objectifs sur l'accès aux soins, pas seulement des objectifs principiels mais aussi des objectifs chiffrés, a-t-il insisté. Augmenter le nombre de médecins qui s'installent chaque année en libéral, augmenter les patientèles médecin traitant de 2% par an, les files actives de 2% par an, atteindre les 10000 assistants médicaux à la fin de l'année 2024 et continuer cette dynamique, couvrir l'ensemble du territoire sur la permanence des soins…". Et de marteler : "Il ne s'agit pas que d'une négociation tarifaire, il s'agit d'une négociation qui doit permettre de redonner un accès aux soins aux assurés, au médecin traitant notamment pour les patients en ALD." Maitrise médicalisée des dépenses et capitation De même, alors que les prescriptions des généralistes et autres spécialistes représentent 57 milliards d'euros de dépenses de remboursement par an, l'accord devra comporter des engagements collectifs, avec des objectifs chiffrés, sur "15 programmes d'action de maitrise médicalisée" : prescriptions de biologie, d'arrêt de travail, de dispositifs médicaux ou encore d'antibiotiques. "Nous prescrivons et nous consommons encore dans notre pays 20 à 30% d'antibios de plus que la moyenne des pays européens - même si nous avons beaucoup diminué, les autres aussi. L'objectif est de diminuer de 25% d'ici 2027", a cité Thomas Fatôme. "9 millions d'angine, 1.5 million de Trod… le bon usage du médicament c'est l'une des premières réponses à la pénurie de médicaments", a-t-il insisté.

Enfin, alors que le sujet est loin de faire l'unanimité chez les syndicats comme chez les médecins, le directeur de la Cnam a manifesté sa volonté d'inscrire dans l'accord conventionnel la possibilité pour un "groupe de médecins volontaires de basculer tout ou partie de leur rémunération à l'acte sur une logique de rémunération forfaitaire, la capitation".  "Nous ne signerons pas de convention si nous n'aboutissons pas à un accord là-dessus", a-t-il lancé. Le directeur de la Cnam a par ailleurs rappelé que pour ces négociations conventionnelles avec les médecins libéraux il n'y avait ni obligation juridique (le règlement arbitral peut s'appliquer 5 ans) ni "date butoir". La séance multilatérale du 14 mars prochain ne sera probablement pas la dernière.

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1 débatteur en ligne1 en ligne
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il y a 2 ans
Bonjour à tous, - Quel rattrapage d'inflation sur 2 ans ? Cela fait 7 ans que le C est à  25 €. - Quelle valorisation de la profession alors que l'inflation n'est même pas compensée ? - Augmenter la patientèle de 2% PLUS la file active de 2%, alors que nous sommes tous en burn out, c'est supposer que nous ne foutons rien actuellement ? Actuellement un dinosaure comme moi (65 ans) fait autour de 80h par semaine en comptant les charges administratives. Je comprends que nos jeunes collègues ne veulent plus d'une telle charge de travail alors que la France célèbre les 35h, voire 32 en projet pour certain parti politique. Travailler 2 fois plus que la majorité et prendre la retraite à 67 ans voilà qui est très attractif ... - Quelle valorisation de la profession alors qu'augmenter le nombre de patient aboutit à diminuer le temps de consultation et donc à pratiquer une médecine de moindre qualité, à moins de dormir sur notre table d'examen ? - Quel investissement significatif étant donné le faible pourcentage du coût des honoraires dans les dépenses de santé et le coût pharamineux de projets fumeux, inutiles et inefficaces de plus en plus nombreux (citons par exemple SOPHIA qui par téléphone et sans connaître ma patiente lui a dit qu'elle prenait trop de médicament pour la tension). Augmenter les médecins n'est pas un problème de disponibilité financière mais idéologique pour les syndicats qui dirigent les caisses. - Enfin je rappellerai que pour ceux qui pensent que le salariat est la solution, qu'il n'est pas viable financièrement ni pour l'état, ni pour les médecins : Vont-ils racheter les murs que nous louons ou avons achetés? Vont-ils acheter nos tables d'examens et autres matériels ? Vont-ils honorer leurs salariés en catégories A de fonctionnaire ou assimilé, y compris pour la retraite ? Le problème démographique va s'aggraver car un salarié à 35h, voire 45h verra toujours moins de patient qu'un libéral. Qu'en sera-t-il de l'indépendance de prescription pour les traitements et les examens quand le seul objectif est financier ? Ne nous leurrons pas, ils ne veulent pas du salariat, ce qu'ils veulent c'est la disparition de la médecine libérale, avec des spécialistes tous à l'hôpital et toujours très mal honorés (le ministre est ancien président de la FHF), et des IPA dans tous les "déserts" (rappelons qu'un désert et un endroit où il n'y a plus de commerce, d'école, de poste, pas d’emploi pour le ou la conjoint(e), très peu de patient, mais où il y a encore des élus qui veulent un médecin taillable et corvéable à merci 24/24H) Bon courage à tous...
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2,4 k points
Débatteur Passionné
Aide Médicale Urgente
il y a 2 ans
Ses propos sont complétements incohérents, contradictoires, il ne sait plus où il va entre rattrapage de l'inflation mais contrepartie, négociation mais "accord sur tout ou sur rien" allant jusqu'à dire que ces négociations n'ont rien de tarifaire. En d'autre termes, il entend juste brutaliser la profession, un geste vraiment brillant vu le contexte de tension. Sa singulière agitation et ses soubresauts habités ne sont pas sans rappeller ceux de celui qui d'un coup décida qu'il serait bienvenu d'annoncer l'éventualité du déploiement de troupes en Ukraine, ce qui chacun sait est dans notre intérêt à tous... Ces individus me semblent fort troublés, j'espère les voir incessamment prendre de longues vacances. C'est inquiétant, d'un point de vue psychiatrique, de voir qui joue avec le destin de nos enfants. Ces individus vous semblent-ils équilibrés, bienveillants et compétents ? Quand à Fantôme, il dit clairement qu'il n'y aura rien sauf ce qu'il veut et qu'il dispose légalement de tout le temps du monde. On ne peut même plus parler d'hostilité voilée là. Ça en devient sordide de cynisme et de mépris des besoins d'autrui. J'espère que l'avenir n'aura pas à juger que nous ne fûmes que d'obséquieux couards.
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511 points
Incontournable
Médecine générale
il y a 2 ans
Il faut en finir avec le mythe des "négociations conventionnelles ": - depuis 60 ans la sécu et les ministères tiennent le manche du couteau, - depuis tout ce temps, les médecins perdent quatre ans d'inflation tous les cinq ans, - La convention ne sert qu'à la sécu, - et aussi à l'état, aux syndicats et au patronat pour maintenir la fiction de la santé pas chère, qui n'impacte pas trop l'économie, et permet de maintenir un smic et des salaires misérables... Tant que le social sera financé par les salaires et les revenus des personnes physiques on nous re-servira la même chanson, qui paupérise tous les professionnels de santé et aussi les hôpitaux... Ces derniers viennent d'ailleurs d'oser enfin demander l'augmentation de leurs tarifs ! Le social devrait être en grande partie financé par des taxes sur les importations des grands groupes qui ont délocalisé et achètent aux chinois des marchandises par le biais de leurs filiales situées dans des paradis fiscaux soumis à très peu d'impôts. Ils se les revendent en Europe dix fois plus cher, où ils n'ont donc pas de grand bénéfice imposable, et le tour est joué... Mais comme ce sont tous les politiciens occidentaux corrompus qui ont signé les accords du GATT, du MERCOSUR et du NAFTA, on n'est pas près de voir la fin de la "cons-vention" : les cons, c'est nous... Quand au directeur de la CNAM il dissimule toujours ses revenus et avantages sociaux, qui contribuent sans doute fortement à faire taire sa conscience... Mais en a-t-il une ?
 
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