Gastro, lombalgie, troubles anxieux… La majorité des médecins prescrivent des arrêts de travail trop longs, pointe la Cnam

12/01/2024 Par Aveline Marques
Assurance maladie / Mutuelles
Jeudi 11 janvier, les syndicats de médecins libéraux et la Cnam se sont réunis pour discuter pertinence des soins. Au programme, les prescriptions d'indemnités journalières (IJ), dont les dépenses progressent chaque année. En cause, notamment, la hausse de la durée moyenne des arrêts de travail. 

 

Entre 2010 et 2022, les dépenses d'IJ remboursées ont augmenté en moyenne de 3,8%, rappelle la Cnam dans un document présenté jeudi 11 janvier aux syndicats médicaux dans le cadre des négociations conventionnelles. Or, les facteurs démographiques (vieillissement de la population, hausse de la population active) et économiques (hausse des salaires) ne contribuent qu'à moitié à cette croissance. La Cnam identifie deux autres causes : la hausse du taux de recours aux IJ et surtout, la hausse de la durée moyenne d'arrêt par classe d'âge, qui serait à elle seule responsable de 23% de l'augmentation des dépenses d'IJ. 

Et pour cause, pointe la Caisse, les durées d'arrêt de travail prescrits par les médecins excèdent trop souvent celles préconisées dans les 67 référentiels validés par la HAS. Datant de 2010 à 2017, ces fiches repères indiquent pour chaque pathologie et situation la ou les durée(s) "de référence", c'est-à-dire la "durée à l'issue de laquelle la majorité des patients est capable de reprendre un travail". Elle peut être unique comme pour la grippe et la gastro-entérite, ou différente selon le métier exercé et le traitement. Cette durée reste indicative et "modulable en fonction des complications ou comorbidités du patient", est-il précisé. 

Reste que pour les motifs d'arrêt les plus fréquents (hors hospitaliers), plus de 40% des journées prescrites excèdent les durées les plus longues préconisées dans ces référentiels, remarque la Cnam. C'est notamment le cas pour les troubles anxio-dépressifs mineurs (56% de journées en excès) et pour la lombalgie commune (73%).  

 

Pour les troubles anxio-dépressifs mineurs, la durée moyenne par arrêt prescrit est de 17,3 jours, alors qu'une durée de 14 jours est recommandée. Les trois-quarts (74%) des prescripteurs "dépassent", signale la Cnam ; 10% d'entre eux prescrivent plus de 47 jours par patient. Pour la lombalgie commune, les médecins sont 89% à prescrire des durées excessives : 8,9 jours en moyenne par arrêt, contre 5 recommandés. 

"Lorsque 75% des arrêts ne respectent pas les durées préconisées, c’est qu’il y a un souci avec le référentiel", conclut le Dr Richard Talbot, de la FMF. 

 

 

2 débatteurs en ligne2 en ligne
Photo de profil de DAVID DURAND
1,4 k points
Débatteur Passionné
Médecins (CNOM)
il y a 2 ans
Ce que j'adore (ironie) avec la CNAM c'est leur façon de voir et de présenter les choses uniquement par le petit bout de la lorgnette qui les arrange. Quid des arrêts prescrits plus courts : 1 jour pour une GEA au lieu de 3 ? 3 jours pour une grippe qui est diagnostiquée un mercredi et qu'on met que jusqu'au vendredi, au lieu de 5 ? Ou encore l'état anxio-dépressif mineur avec seulement 7 jours ? Et enfin et je dirais surtout : les patients qui refusent l'arrêt de travail qui leur est prescrit (plus fréquent que ce que la CNAM pense) et qui ne sont pas comptés dans ce qui est "économisé" par la CNAM. Et par pitié, qu'ils arrêtent de compter les arrêts de trois jours et moins, qui n'ouvrent même pas lieu à indemnisation du fait du délai de carence.
Photo de profil de patrick siau
1,3 k points
Débatteur Passionné
Médecine générale
il y a 2 ans
La plupart des études démontrent qu'en terme de coût pour la société et pour l'entreprise, le présentéisme ( travailler alors que l'état de santé n'est pas compatible avec le W) est plus nocif que l’absentéisme. On ne peut donc que s'étonner que la CNAMTS ne s’intéresse qu'aux arrêts trop longs mais pas également à ceux qui sont trop courts ou même non prescrits. Ces derniers posent d'ailleurs un souci en terme de responsabilité si un médecin ne prescrit pas un arrêt pour une pathologie qui en aurait mérité un et que la conséquence en soit un accident de travail. La cnamts a pourtant par son système informationnel la possibilité de détecter d'éventuelles situations à risques en croisant pas exemple la primo-prescription de sédatifs chez un salarié qui a un travail nécessitant une grande vigilance ( chauffeurs PL par exemple)
Photo de profil de GREGORY CUFFEL
425 points
Débatteur Passionné
Médecins (CNOM)
il y a 2 ans
Pour avoir remplacé de nombreuses années, bien sur qu'il y'a de nombreux arrêts excessifs par "certains" medecins et qu'il faut communiquer, faire progressser, on peut toujours rediscuter d'une situation, d'un cas, mais tout cela semble être de l'enfantillage au regard des fraudes transports allongé, examens complémentaires inutiles et répétés, prescriptions de traitements inutiles au long cours, gabegie administrative, DMP en végétation depuis plus de 10 ans, systemes de communication entre professionnels franchement pas encore au point. Fraude à la carte vitale. Fraude de certains centres (ophtalmologiques par exemple) poussant aux examens inutiles. Hospitalisations inutiles à répétition Mamie 95 ans pneumopathie vivant en EHPAD. Scanner aux urgences à répétition au SAU par ce que pas de lit, ou pas de médecin traitant et que le patient doit rentrer chez lui de manière cadrée pour la RCP ou le conseil de l'ordre. Cela a été vraissemblablement le même topo lors des unilatérales précédentes avec la liste des traitements trop prescrits. Et surtout tout cela reste de l'infantilisation de petit bureaucrate techno de sortir cela lors des négociation au motif de si vous z'arrêtez pas de faire des bêtises et ne nous donnez pas des garanties sur vos pratiques ont ne vous augmente pas. C'est les 10 prochaines années de la médecine qui se décident la. Je mérite mieux que cela, Nous méritons mieux que cela, le pays mérite mieux que cela.
Vignette
Vignette

La sélection de la rédaction

Pédiatrie
Moins de médecins, moins de moyens, mais toujours plus de besoins : le cri d'alerte des professionnels de la...
06/11/2025
14
Concours pluripro
CPTS
Les CPTS renommées "communauté France santé" : Stéphanie Rist explique l'enjeu
07/11/2025
12
Podcast Histoire
"Elle était disposée à marcher sur le corps de ceux qui auraient voulu lui barrer la route" : le combat de la...
20/10/2025
0