Solidarité territoriale : seuls 250 médecins généralistes se sont portés volontaires
Officiellement lancé le 1er septembre, le dispositif de solidarité territoriale peine visiblement à décoller. Seuls 250 médecins généralistes se sont inscrits pour aller exercer jusqu'à deux jours par mois dans l'une des 151 zones en tension identifiées par le Gouvernement.
250 médecins généralistes ont rejoint le dispositif de solidarité territoriale "Un médecin près de chez vous", a indiqué la DGOS à Egora, ce vendredi, confirmant une information de RMC. Lancé en septembre dernier, le dispositif a vocation à apporter une solution aux patients de 151 zones en tension identifiées sur le territorial national. Concrètement, les médecins qui se portent volontaires s'engagent à exercer dans ces déserts jusqu'à deux jours par mois, moyennant une indemnité de 200 euros par jour.
Sur le papier, le dispositif semble louable, mais les professionnels de terrain ont identifié, dès le départ, de nombreux freins. "C'est un dispositif qui a été construit au niveau du ministère sans connaissance réelle du fonctionnement d'un cabinet de médecine générale, autrement ça n'aurait pas été pondu comme ça", pointait, auprès d'Egora, le Dr Pierre Bidaut, président de l'URPS Médecins libéraux Centre-Val de Loire, joint fin octobre.
Les Généralistes-CSMF observaient alors une baisse drastique du nombre de généralistes volontaires dans cette région, qui comporte pourtant "21 zones vulnérables". De 16, ils n'étaient alors plus que 3 à être d'accord pour quitter leur cabinet deux jours par mois au profit d'une zone plus en tension, selon le syndicat. En cause : des contraintes administratives (liées notamment à la plateforme d'inscription) et des difficultés logistiques (locaux, matériel, "logiciels non interopérables entre médecin accueillant et médecin volontaire"…).
"Le plus gros problème" pour Pierre Bidaut est celui de "la continuité des soins". "Le choix qui a été fait, qui est que le médecin arrive avec son logiciel métier, […] en termes de continuité des soins, c'est complètement inadapté. Si vous avez médecin qui utilise Weda, et qui prescrit des examens complémentaires qui arrivent sur son logiciel métier, et que les jours suivants, un autre médecin vient et utilise Doctolib, ça ne va pas…"
Pas de solutions à l'horizon
"Il y a [aussi la question de] qui prend en charge les retours d'examens complémentaires du médecin X […] et d'un autre médecin Y ?", soulevait le président de l'URPS. Et de rappeler que "le médecin qui a prescrit" ces examens "en a la responsabilité". "Sauf que [celui-ci] est retourné à son cabinet médical, a ses [propres] patients à prendre en charge… Donc quid des suites données aux retours d'examens ?" "Ce sont des choses qui inquiètent beaucoup les potentiels volontaires", indiquait-il, n'observant "pas de solutions à l'horizon".
Pour Pierre Bidaut, la mission de solidarité territoriale pose un autre problème : celui de l'absence d'offre de soins dans les territoires lorsque les médecins qui y exercent partent travailler ailleurs dans le cadre du dispositif. En Centre-Val de Loire, "à côté d'une zone très sous-dotée il y a une autre zone très sous-dotée. On a plus de 90% de la région en ZIP ou en ZAC. Et les médecins [solidaires] doivent venir de la région… Et beh ça ne va pas le faire. On déshabille Pierre pour habiller Paul".
"On nous dit 'vous pouvez vous faire remplacer', mais on ne trouve pas de remplaçants", expliquait le président de l'URPS en octobre dernier, particulièrement sceptique. "Imaginer qu'en région Centre on ait la ressource, c'est complètement aberrant puisque on est la région de France avec la démographie médicale la plus faible, et les perspectives ne sont pas réjouissantes pour les années qui viennent. Si on avait la ressource, on n'aurait pas besoin du dispositif."
Contacté par RMC, le ministère de la Santé assure que le dispositif, toujours dans sa phase pilote, est suivi attentivement par la ministre, Stéphanie Rist, qui compte bien "renforcer son déploiement au fur et à mesure".
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