"Le système de santé est-il organisé pour les patients ou pour les médecins ?" : la charge de France assos santé

23/10/2023 Par Louise Claereboudt
Patients
Dans un communiqué daté du 20 octobre, France assos santé dénonce "l’absence d’ambition en matière d’amélioration de l’accès aux soins" dans la lettre de cadrage du ministère de la Santé, qui n’est "centrée" que sur "la rémunération" des médecins libéraux. 

 

"Les quatre prochaines années seront des années noires pour les patients", présage la fédération, dans un communiqué du 20 octobre. Alors que les négociations conventionnelles entre l’Assurance maladie et les syndicats de médecins libéraux doivent reprendre de façon imminente, France assos santé ne cache pas son inquiétude. Après l’échec de février dernier, la reprise du dialogue entre les partenaires conventionnels "aurait dû être une bonne nouvelle", "malheureusement, force est de constater que la lettre de cadrage adressée par le ministre de la Santé au directeur général de l’Assurance maladie, fixant les objectifs politiques du Gouvernement, ne prend pas la mesure de l’urgence à réorganiser en profondeur l’offre de soins pour répondre aux défis actuels." 

"Le Gouvernement oublie-t-il les intérêts des patients et des usagers pour ne retenir que les revendications tarifaires des médecins libéraux ?", s’interrogent les associations de patients à la lecture de la lettre de cadrage. Si France assos santé assure partager le diagnostic des syndicats de médecins, notamment la "désaffection de la médecine générale", elle n’en partage pas les "remèdes et surtout l’unique traitement" : "l’augmentation du prix de la consultation, sans effet sur l’amélioration de l’accès aux soins". "Leurs promesses d’engagement ne sauraient suffire", lance la fédération, qui appelle l’exécutif et l’Assurance maladie à ne pas céder aux "visions corporatistes".  

Rappelant que "plus de la moitié des Français disent avoir déjà renoncé à des soins", la fédération réclame "des mesures structurantes", "bien au-delà du prix de la consultation" : d’abord "transformer l’exercice solitaire des professions libérales, historiquement atomisées, en exercice coordonné de véritables équipes de soins traitantes" ; mais aussi "réinstaurer l’obligation d’adhérer et de participer à une CPTS et l’obligation de participation à la permanence des soins (PDS), quel que soit le mode d’exercice, dès 2023". "Nous demandons une organisation conjointe des permanences des soins en établissements de santé (PDSES) et en ville (PDSA) avec une obligation collective de résultat", écrit France assos santé. 

"Si ces mesures indispensables ne se traduisent pas dans les négociations conventionnelles, elles devront avancer par voie législative", exige la fédération, qui "déplore la position du Gouvernement qui ne souhaite pas perturber" les négos "avec des travaux conduits au Parlement". Dans sa lettre de cadrage, l’avenue de Ségur assure qu’elle veillera à ce que "les discussions autour [du budget 2024 de la Sécu] comme d’autres textes législatifs" n’affectent pas "la procédure conventionnelle". "Nous demandons l’inverse : que le processus législatif, garantissant la représentation de la société, beaucoup plus légitime pour porter de manière ambitieuse les questions de refondation du système de santé ne soit pas perturbé, amoindri ou bloqué, par ces négociations conventionnelles sectorielles avec les syndicats de médecins libéraux", écrit France assos santé. 

En cas d’absence "d’avancées significatives" dans la future convention médicale, la fédération prévient : elle réclamera "fermement" aux pouvoirs exécutif et législatif de "remplir leur mission avec des mesures législatives fortes".  

30 commentaires
4 débatteurs en ligne4 en ligne
Photo de profil de L. K.
2,2 k points
Débatteur Passionné
Aide Médicale Urgente
il y a 1 an
De plus en plus écoeuré par la mentalité pourrie gâtée des français. Non content de voir la profession démantelée par l'Etat, les associations de "patients" (consommateurs) veulent jouer de la fourche en bons rustres traqueurs de sorcières. L'hostilité, le mépris, la démagogie visibles par exemple sur twitter (qui heureusement ne censure pas, ce qui permet de voir ce qu'il se passe vraiment) atteignent un degré révoltant. Cela devient une forme de harcèlement systémique, à tous les étages de la société. Je comprend ceux de plus en nombreux qui quittent le pays et suis d'avis que cela va aller s'accroissant. Non seulement les conditions sont plus attractives, les pays plus stables et sur une trajectoire plus saine, mais surtout il y a toujours une forme de respect de rigueur avec tout corps de métier utile à la société. Quand aux associations et politicards, ils pourront se féliciter de régner sur un cimetière.
Photo de profil de Michel Rivoal
7,2 k points
Débatteur Passionné
Anesthésie-réanimation
il y a 1 an
Je n'arriverai jamais à comprendre l’agressivité de certains médecins envers les (leurs ?) patients. Consommateurs, gâtés pourris, etc... Action, réaction sans doute. Mais la très grande majorité des patients se compose de malades qui ont besoin de soins. La très grande majorité des associations est le témoin de leur vulnérabilité. Je sais bien que la communication sur les forums (fora?) rassemble souvent les mécontents mais ça n'en finit pas de me choquer. Les revendications pour une meilleure rémunération sont tout à fait justifiées mais pour une meilleure considération, il faudrait balayer devant sa porte et comprendre que la pseudo gratuité des soins est le fait de la solidarité nationale qui a porté la médecine en France à un degré d'excellence qui pouvait faire notre fierté. Il ne faut pas confondre les errements (des) politiques qui ont voulu imiter la médecine pratiquée aux USA et engendré les mêmes effets pervers avec la réaction des patients et de leurs associations (aussi minoritaires que les syndicats de médecins, d’ailleurs). "Taper" sur le malade, promouvoir le déconventionnement, vouloir s'installer à l'étranger ou revendiquer une augmentation d'honoraires de 100% (25 à 50€), c'est à coup sûr s'aliéner son soutien et est contre productif en alimentant la déconsidération de ces "nantis" qui ne pensent qu'à leur nombril. Heureusement il y a ceux qui font le job honorablement. Hélas ce ne sont pas eux qui font le Buzz !
Photo de profil de Fabien Bray
5,8 k points
Débatteur Passionné
Médecins (CNOM)
il y a 1 an
Ni l'un ni l'autre, il est organisé pour que l'administration ait une justification à ses dépenses, et pour avoir un bouc émissaire aux déboires de notre système de santé causés par 30 ans de fautes politiques. Et puis ce lobby financé par l'état ferait bien de se rappeler que cracher sur la personne à qui on demande de l'aide n'aide que rarement...
 
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