Ils consultent jusqu'à 10 généralistes différents par an : l'Assurance maladie s'attaque au "nomadisme" de certains patients
Soucieuse du bon usage du système de santé, l'Assurance maladie va identifier et appeler à la modération les patients qui consultent beaucoup trop souvent un généraliste, qu'il s'agisse de leur médecin traitant ou de praticiens différents.
"Rien ne semble justifier de consulter son médecin généraliste toutes les semaines ou de consulter un nombre important de médecins généralistes différents tout au long de l’année", estime la Caisse nationale d'assurance maladie (Cnam) dans son rapport Charges et produits pour 2026, publié en juillet dernier. La caisse y affiche sa volonté de lutter contre la "consommation atypique de soins".
Le "phénomène" revêt deux réalités différentes, que l'Assurance maladie a tenté de chiffrer. Il s'agit d'abord des patients qui "ont un nombre de consultations anormalement élevé chez un même généraliste". Ainsi, en 2023, 54.4 millions de personnes âgées de 17 ans ou plus ont consulté au moins un généraliste, avec une moyenne de 3.8 actes cliniques : 5.9 actes pour les patients en ALD, 3.1 actes pour les patients sans ALD. "10% de ces patients, soit 5,4 millions de personnes, ont eu 8 consultations ou plus en 2023 et près de 10 700 patients ont plus de 50 actes cliniques par an avec un médecin généraliste", révèle le rapport. Ces patients surconsommants sont à 77% des patients en ALD et parmi eux, 72% souffrent de maladies psychiatriques ou psychologiques, pointe la Cnam.
Deuxième comportement atypique identifié : "certains assurés pratiquent un nomadisme médical en consultant un grand nombre de médecins généralistes différents dans l’année, ne permettant pas sans doute un suivi efficient de ces assurés", décrit la Cnam. Si 60% des patients consommants en 2023 n'ont vu qu'un seul généraliste, 1% d'entre eux (soit 5.4 millions) ont en vu au moins 5 généralistes et "plus de 16 000", "plus de 10 médecins généralistes différents". Le profil de ces patients "nomades" est différent : seuls 31% sont en ALD, ils sont "plus jeunes" (75% des patients sans ALD ont moins de 40 ans) et ont eu beaucoup plus recours aux indemnités journalières pour arrêt maladie que la moyenne (43% pour les patients sans ALD, contre 14%).
Des possibles sanctions financières
Pour "faire cesser ces pratiques", l'Assurance maladie va "déployer des mécanismes gradués" avec en premier lieu l'envoi de courriers aux assurés concernés pour "leur demander des explications" et une convocation par le service médical en cas de "poursuite du comportement de nomadisme". La Cnam va jusqu’à évoquer une "sanction financière pour abus de la qualité d'assuré social"*. Par ailleurs, "les professionnels de santé en lien avec ces comportements pourraient également être contactés en fonction des cas identifiés", prévient la caisse.
*Jusqu'à 50% des sommes concernées.
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