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Ils consultent jusqu'à 10 généralistes différents par an : l'Assurance maladie s'attaque au "nomadisme" de certains patients

Soucieuse du bon usage du système de santé, l'Assurance maladie va identifier et appeler à la modération les patients qui consultent beaucoup trop souvent un généraliste, qu'il s'agisse de leur médecin traitant ou de praticiens différents.

25/08/2025 Par Aveline Marques
Assurance maladie / Mutuelles Patients
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"Rien ne semble justifier de consulter son médecin généraliste toutes les semaines ou de consulter un nombre important de médecins généralistes différents tout au long de l’année", estime la Caisse nationale d'assurance maladie (Cnam) dans son rapport Charges et produits pour 2026, publié en juillet dernier. La caisse y affiche sa volonté de lutter contre la "consommation atypique de soins". 

Le "phénomène" revêt deux réalités différentes, que l'Assurance maladie a tenté de chiffrer. Il s'agit d'abord des patients qui "ont un nombre de consultations anormalement élevé chez un même généraliste". Ainsi, en 2023, 54.4 millions de personnes âgées de 17 ans ou plus ont consulté au moins un généraliste, avec une moyenne de 3.8 actes cliniques : 5.9 actes pour les patients en ALD, 3.1 actes pour les patients sans ALD. "10% de ces patients, soit 5,4 millions de personnes, ont eu 8 consultations ou plus en 2023 et près de 10 700 patients ont plus de 50 actes cliniques par an avec un médecin généraliste", révèle le rapport. Ces patients surconsommants sont à 77% des patients en ALD et parmi eux, 72% souffrent de maladies psychiatriques ou psychologiques, pointe la Cnam.

Deuxième comportement atypique identifié : "certains assurés pratiquent un nomadisme médical en consultant un grand nombre de médecins généralistes différents dans l’année, ne permettant pas sans doute un suivi efficient de ces assurés", décrit la Cnam. Si 60% des patients consommants en 2023 n'ont vu qu'un seul généraliste, 1% d'entre eux (soit 5.4 millions) ont en vu au moins 5 généralistes et "plus de 16 000", "plus de 10 médecins généralistes différents". Le profil de ces patients "nomades" est différent : seuls 31% sont en ALD, ils sont "plus jeunes" (75% des patients sans ALD ont moins de 40 ans) et ont eu beaucoup plus recours aux indemnités journalières pour arrêt maladie que la moyenne (43% pour les patients sans ALD, contre 14%).

Des possibles sanctions financières

Pour "faire cesser ces pratiques", l'Assurance maladie va "déployer des mécanismes gradués" avec en premier lieu l'envoi de courriers aux assurés concernés pour "leur demander des explications" et une convocation par le service médical en cas de "poursuite du comportement de nomadisme". La Cnam va jusqu’à évoquer une "sanction financière pour abus de la qualité d'assuré social"*. Par ailleurs, "les professionnels de santé en lien avec ces comportements pourraient également être contactés en fonction des cas identifiés", prévient la caisse. 

*Jusqu'à 50% des sommes concernées.  

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Médecine générale
il y a 3 mois
Agnès Pannier Runacher avait dit lors d’un congrès (CMGF si je me souviens bie) que si l’on trouvait que le tarif de la consultation était trop faible, on pouvait faire revenir le patient sans problème un autre jour. Ça va être génial de se restreindre en nombre de téléconsultations vis-à-vis des patients multimotifs, et quand on sait que l’argument de réassurance des gens qui se voilent la face au sujet de la surpopulation médicale à venir est que les patients continueront à consulter pour faire de la prévention, ils se fourrent le doigt dans l’œil. Avec toutes ces injonctions contradictoires (faire plus de prévention, recevoir davantage de patient, ne pas faire de dépassements, ne pas rejeter les multimotifs…) on ne sait plus où donner de la tête !
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Débatteur Passionné
Médecine générale
il y a 3 mois
Le premier effet d'une collectivisation de la ressource de n'importe quelle activité humaine est de permettre à chacun de dépasser ses limites personnelles jusqu'au point d'abuser de la ressource de tous les autres (Frederic BASTIAT économiste du XIX ième siècle). La "solidarité sociale" sur le mode assurantiel est vouée à spolier les assurés économes, avantager les dépensiers et opportunistes, et à faire retomber le soupçon systémique d'abus sur les uns comme sur les autres en excluant la reconnaissance des comportements individuels vertueux, sauf par défaut en pourchassant les abuseurs présumés par une coûteuse surveillance policière des irresponsables . La logique de ce dispositif s'accorde parfaitement avec celle d'une démocratie "représentative" où le citoyen reste "représenté" par des "élus" en assemblées délibératrices comme doit l'être tout individu mineur donc irresponsable . Notre pays reste enlisé dans des structures qui, dès leur mise en route, l'auront conduit à la faillite financière . . . et morale . Ce type de "solidarité" à l'ancienne (au moment de la prestation en nature ou en espèces) reste en aval de la responsabilité individuelle Invoquée à grands cris par nos dirigeants et pourtant structurellement hors de portée; et ce n'est qu'en déplaçant le curseur de la solidarité vers l'amont (au moment de la cotisation équitablement répartie entre comptes sociaux INDIVIDUELS) que pourra s'ouvrir un champ de responsabilité PERSONNELLE sur un compte dont la nécessaire limite pourra toujours être complétée par un état-providence qui n'aurait jamais dû intervenir "en aval" que par action COMPLEMENTAIRE ; La perversion d'une structure finit toujours par se démasquer à l'usage . . . et la perversité de ses concepteurs qui en rigidifient le monopole en interdisant toute tentative alternative concurrentielle . Patience, le blackout approche, avec l'obligation d'inventer la suite moins bêtement et pour moins cher .
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2,6 k points
Débatteur Passionné
Autre spécialité médicale
il y a 3 mois
Au tout debut de mon installation debut des années 70, en un temps où les patients réglaient en espèces les consultations (9 ou 10 francs !) puis allaient faire la queue pour se faire rembourser, j'avais une patiente qui revenait consulter aussitôt, cad chaque semaine au moins, et chaque fois pour des symptômes différents. Pour le tout jeune généraliste que j'étais c'était angoissant. Malaisant, comme on dirait maintenant. Pourquoi n'arrivais je pas à trouver le bon diagnostic ? J'ai alors découvert le concept de bobologie. Revélation ! Ça ne s'apprend pas à la fac. Il manque une chaire de bobologie mais personne ne postulera !
 
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