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Gardes obligatoires, durcissement de l'accès au secteur 2… France assos santé en campagne contre les déserts médicaux

"Près de 7 millions de Français n'ont pas de médecin traitant, 87% du territoire est sous-doté en médecins, beaucoup attendent plusieurs mois pour un rendez-vous chez un spécialiste et parcourent jusqu'à 100 km pour le voir. Cela vous choque ? Nous aussi", alerte France assos santé dans une nouvelle campagne. 

08/10/2025 Par Louise Claereboudt
Patients Démographie médicale
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"Améliorer l'accès aux soins et la continuité des soins en proximité, 24h/24, sur tout le territoire, c'est possible", affirme France assos santé, qui vient de lancer une campagne intitulée "Stop déserts médicaux". Rappelant que la situation se dégrade, avec comme conséquences des "renoncements aux soins", la fédération de patients appelle à "agir" urgemment "pour garantir aux usagers un accès équitable aux professionnels de santé sur l'ensemble du territoire, que ce soit dans le cadre de soins programmés, non programmés ou d'urgences médicales."

 

 

 "Les mesures incitatives mises en place au cours de ces dernières années pour encourager les médecins à s'installer en zones sous-dotées ont montré leurs limites", juge la fédération, selon qui "il n'est plus possible d'attendre". En effet, rappelle-t-elle, "près de 7 millions de Français n'ont pas de médecin traitant, 87% du territoire est sous-doté en médecins, et beaucoup attendent plusieurs mois pour un rendez-vous chez un spécialiste et parcourent jusqu'à 100 km pour le voir". Et d'avancer ses "solutions", au nombre de sept, pour mettre fin à ce fléau.

Mettant en avant l'attrait des jeunes médecins pour le travail en équipe, France assos santé plaide d'abord pour renforcer le développement des maisons (MSP) et centres de santé (CDS) pluriprofessionnels, particulièrement dans les zones sous-médicalisées. Mais aussi pour réorganiser les soins autour d'une équipe traitante pluridisciplinaire, "de proximité" et qui serait "structurée autour d'un projet de santé adapté au territoire, en lien avec les acteurs du second recours".

"Le médecin traitant resterait l'élément central de l'équipe. Pour autant, le rendez-vous obligatoire avec celui-ci ne serait plus indispensable pour avoir accès à un spécialiste, pour bénéficier du renouvellement d'une prescription ou encore d'une ALD", avance la fédération. Ce passage du médecin traitant à une équipe traitante doit s'accompagner, pour l'organisation, d'un développement des IPA "sur tout le territoire". Les MSP et CDS constituent, dans ce cadre, "des lieux privilégiés adaptés à ce travail en équipe".

Plus de "partage de compétences"

France assos santé appelle, en outre, "à poursuivre et accélérer le partage de compétences" pour libérer du temps médical. "La France a une belle marge de progression dans ce domaine […] elle intègre beaucoup moins les professionnels paramédicaux dans le parcours de soins primaires des patients chroniques que ses homologues européens", déplore la fédération, relevant que "44 % des patients chroniques voient uniquement des médecins dans leur parcours de soins primaires, soit 5 fois plus que la moyenne OCDE".

France assos santé réaffirme par ailleurs son vœu d'aboutir à "une meilleure répartition sur le territoire des professionnels de santé". En priorité, elle encourage les pouvoirs publics à mettre en place une régulation de l'installation, "dans les zones suffisamment dotées", des professionnels de santé. La fédération avait apporté à maintes reprises son soutien à PPL Garot, contre laquelle les médecins se sont mobilisés.  "Cette mesure serait complémentaire au pacte contre les déserts médicaux, qui, à elle seule, ne suffira pas", estime la fédération, faisant référence à la "solidarité territoriale".

Elle appelle également à rétablir l'obligation de PDSA qui "permettrait de limiter les problèmes d'accès et de décharger la minorité de médecins volontaires qui en assument actuellement la charge". Ces mesures contraignantes devraient être couplées à d'autres mesures à moyen et long termes, juge la fédération de patients. Il faudrait déployer la formation des médecins sur l'ensemble du territoire "au-delà de la première année d'études de médecine" et "imposer un stage au moins en situation de travail en équipe (MSP, centre de santé…), en priorisant les zones sous-dotées", propose la fédération.

Les médecins devraient, par ailleurs, "penser de nouveaux parcours de santé, pour le diagnostic et le suivi des patients, en intégrant la télémédecine", ce qui nécessite un soutien financer pérenne des ARS ou de l'Assurance maladie, en convient France assos santé.

Enfin, dernière proposition – et pas des moindres –, France assos santé réclame le durcissement des conditions d’accès au secteur 2, "soit en fonction des territoires, soit critères d’ancienneté". "L'évolution des dépassements d'honoraires ne fait qu'augmenter, entrainant des renoncements aux soins de plus en plus importants, avec des conséquences déjà connues d'aggravation et de complications de l’état de santé des usagers et d'hospitalisations plus coûteuses", constate l'association, faisant part de son inquiétude.

Elle appelle également à imposer "un temps obligatoire d'activité à tarif opposable pour l'ensemble des médecins libéraux", et à "supprimer le secteur 2 au profit d’un secteur 2 Optam d'ici à 2 ans". Autant de mesures qui alimentent les craintes des médecins en secteur 2, dont les spécialistes de bloc qui ont lancé l'opération Bruxelles : une grève de trois jours avec un exil dans la capitale européenne pour éviter les réquisitions mais surtout, établir un rapport de force avec les pouvoirs publics afin de défendre ce secteur conventionnel.

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Claire FAUCHERY

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1 débatteur en ligne1 en ligne
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901 points
Débatteur Passionné
Médecins (CNOM)
il y a 2 mois
Ils ne sont pas assez nombreux > faisons les travailler plus. Chaque commune doit avoir le même nombre de médecins, égalité pour tous. Il n'y a pas de créneaux de consultations la journée > obligeons les à faire des gardes de nuit pour des angines qui auraient pu attendre le lendemain, tant pis si 25 créneaux sautent le lendemain. C'est compliqué d'avoir un rdv chez le généraliste photocopieur d'ordonnances > faisons faire les photocopies par les trois spécialistes en charge des trois pathologies du patient, tous les neuf-douze mois, le généraliste gèrera de loin l'ensemble et les bilans biologiques et les effets secondaires. Un système libéral non hiérarchique assez équilibré mais perfectible existe en France > détruisons tout, mettons tout à plat, pas de raison que le charpentier ne sache pas faire l'électricité et le jardinier poser le parquet. L'essentiel c'est d'avoir quelqu'un, parce qu'on y a droit. Les systèmes de santé de pas mal d'autres pays de l'OCDE ont une efficacité douteuse et une conception de l'égalité toute relative (coucou les Britons) > picorons-y ce qui nous intéresse, ça nous donnera l'occasion de nous plaindre dans quinze ans de ce que nous avons réclamé, titillés par des politiques qui s'en foutent comme de l'an 40 de l'accès et surtout de la qualité des soins.
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4,2 k points
Débatteur Passionné
Médecine générale
il y a 2 mois
Assos santé, comme d’habitude, fait du Assos santé: une asso de consommateurs, shootée au j’y-ai-droit, qui veut et exige pour satisfaire sa consommation débridée du médecin. Et donc, y-fo-ke-ya-ka. Point. Et c’est parti pour une litanie de pseudo-solutions qui sont autant de bâts qu’on balance sur le dos de la mule (nous). Ad libitum! Et pour faire bonne figure, on l’accompagne d’une bonne charge culpabilisante. C’est tellement facile! Ça évite de mettre les vraies questions sur la table et de courir derrière les vrais responsables. Pathétique!
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4,6 k points
Débatteur Passionné
Médecins (CNOM)
il y a 2 mois
Toute association subventionnée est dans le business de recyclage des idées, pas dans l'innovation. Ce n'est pas de ces dendrites de l'état que l'on puisse espérer le moindre début de solution. Mais aussi, il ne faut pas oublier que le bénévole type de France Assos est le retraité, encore en bon état, mais qui sent que la maladie, puis la fin, approchent. Ils n'ont rien à faire de vos vies.
 
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