Faire médecine en alternance pour devenir généraliste : la proposition choc de ces députés
La commission d'enquête sur l'organisation du système de santé et les difficultés d'accès aux soins de l'Assemblée nationale a présenté, mercredi 9 juillet, les conclusions de son rapport. Elle avance 23 recommandations, dont l'une propose de permettre aux carabins souhaitant devenir généralistes de suivre leur cursus en alternance dès la deuxième année.
23. C'est le nombre de recommandations avancées par la commission d'enquête de l'Assemblée nationale sur l'organisation du système de santé et les difficultés d'accès aux soins, dont les conclusions ont été rendues publiques mercredi 9 juillet après cinq mois de travaux. L'objectif ? Identifier les dysfonctionnements existants dans l'organisation du système de soins français et proposer des pistes concrètes d'amélioration.
Le principal constat de ce rapport – adopté par la commission le 2 juillet - est "la pénurie généralisée de personnels soignants" sur le territoire, "dont les médecins, qui génère une série de dysfonctionnements supposés ou existants au sein de l'écosystème de soins", souligne le président de la commission, le député Jean-François Rousset (Ensemble pour la République) dans son avant-propos.
Pour le député Christophe Naegelen, rapporteur de la commission, le bilan est, "sans être catastrophique", "alarmant". Inégalités sociales, territoriales, statutaires et financières "insupportables" tant pour les professionnels que pour les patients, formation qui n'a "pas pleinement rompu avec sa logique 'malthusienne'", épuisement professionnel, persistance de concurrence déloyale entre l'hôpital public et certains établissements privés… "Il est […] nécessaire, indispensable, urgent de résoudre, pas à pas, cette succession de défaillances", écrit le député du groupe LIOT, à l'initiative de la création de cette commission d'enquête.
"Mettre plus rapidement les étudiants sur le marché du travail"
Pour endiguer, la commission a détaillé 23 propositions, axées tant sur l'organisation du système de santé que sur la formation. Parmi elles, la réduction de la durée des études de médecine pour la ramener à 8 ans "en compressant la durée du premier cycle [de trois à deux années, ndlr] et en ajournant la réforme créant la quatrième année de médecine générale", dont les premiers étudiants sont attendus à la rentrée 2026.
Cette recommandation vise, selon les parlementaires, à répondre aux "'vives inquiétudes' formulées par les étudiants et internes de médecine générale tant sur le contenu des formations que sur leur rémunération et les conditions d'accueil en stage", peut-on lire dans le rapport. Cette mesure s'explique, par ailleurs, par la nécessité "d'amener au plus vite et plus tôt les étudiants au contact du patient, afin d'affermir leur vocation", est-il précisé.
Huit ans d'études pour les médecins, c'est "la durée moyenne dans les pays de l'OCDE", a soutenu Christophe Naegelen, lors d'une conférence de presse, rapporte l'AFP. Il s'agit aussi, selon lui, de "mettre plus rapidement les étudiants sur le marché du travail".
Sur la formation, la commission d'enquête appelle par ailleurs à "permettre aux étudiants de redoubler la première année des études de santé, quelle que soit leur voie d'accès", ainsi qu'à étudier la possibilité de "substituer un système d'examen au concours existant à la fin de la première année".
Un cursus en alternance ?
Autre recommandation détonante : "Créer une voie de formation en alternance à partir de la fin de la deuxième année de médecine, sous réserve de la réduction de la durée d'étude[s] de premier cycle". Face "aux contraintes" démographiques, cette nouvelle voie - qui s'inspire du modèle allemand, notent les députés - devrait permettre "de mobiliser la ressource médicale dès l'université", et aurait le "double avantage de renforcer la formation pratique des étudiants et de libérer du temps médical", est-il expliqué dans le rapport, qui précise que cette nouvelle voie de formation ne serait ouverte qu'aux étudiants souhaitant s'orienter vers la médecine générale.
Dans ce document, les parlementaires recommandent également de transformer les agences régionales de santé. "Le modèle cible visé par le rapporteur entend assurer une profonde réorganisation de la gouvernance des agences régionales de santé au bénéfice du corps préfectoral. Dans cette perspective, la loi sera modifiée afin de supprimer l’établissement public administratif 'agence régionale de santé', au profit de la création d’une 'direction régionale à l’accès aux soins'", intégrée "aux services de l'Etat dans le département".
Le rapport de la commission d'enquête plaide également pour la création d'une loi de programmation des besoins d'investissement en santé dotée d'un horizon pluriannuel de cinq ans. "La discussion annuelle du PLFSS devra [ainsi] tenir compte des trajectoires d’investissements inscrites au sein de [cette] loi de programmation", est-il indiqué.
Revaloriser les IPA
Par ailleurs, le rapport appelle à poursuivre la clarification des règles et la revalorisation des incitations et majorations tarifaires liées à la participation à la PDSA ou au SAS, et à "sanctionner les carences des établissements de santé en matière de permanence des soins par l’application d’un malus sur les dotations forfaitaires".
Enfin, il est recommandé de resserrer le champ des bénéficiaires des aides à l'installation pour en améliorer l'efficience dans les zones les plus sous-dotées, d'assurer une revalorisation de l'indemnité des infirmières de pratique avancée, et de renforcer la régulation en matière de recours aux personnels intérimaires au sein des établissements de santé.
[avec AFP]
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