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Faire médecine en alternance pour devenir généraliste : la proposition choc de ces députés

La commission d'enquête sur l'organisation du système de santé et les difficultés d'accès aux soins de l'Assemblée nationale a présenté, mercredi 9 juillet, les conclusions de son rapport. Elle avance 23 recommandations, dont l'une propose de permettre aux carabins souhaitant devenir généralistes de suivre leur cursus en alternance dès la deuxième année.

10/07/2025 Par Chloé Subileau
Externat Internat Politique de santé
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23. C'est le nombre de recommandations avancées par la commission d'enquête de l'Assemblée nationale sur l'organisation du système de santé et les difficultés d'accès aux soins, dont les conclusions ont été rendues publiques mercredi 9 juillet après cinq mois de travaux. L'objectif ? Identifier les dysfonctionnements existants dans l'organisation du système de soins français et proposer des pistes concrètes d'amélioration.  

Le principal constat de ce rapport – adopté par la commission le 2 juillet - est "la pénurie généralisée de personnels soignants" sur le territoire, "dont les médecins, qui génère une série de dysfonctionnements supposés ou existants au sein de l'écosystème de soins", souligne le président de la commission, le député Jean-François Rousset (Ensemble pour la République) dans son avant-propos.  

Pour le député Christophe Naegelen, rapporteur de la commission, le bilan est, "sans être catastrophique", "alarmant". Inégalités sociales, territoriales, statutaires et financières "insupportables" tant pour les professionnels que pour les patients, formation qui n'a "pas pleinement rompu avec sa logique 'malthusienne'", épuisement professionnel, persistance de concurrence déloyale entre l'hôpital public et certains établissements privés… "Il est […] nécessaire, indispensable, urgent de résoudre, pas à pas, cette succession de défaillances", écrit le député du groupe LIOT, à l'initiative de la création de cette commission d'enquête.  

"Mettre plus rapidement les étudiants sur le marché du travail"

Pour endiguer, la commission a détaillé 23 propositions, axées tant sur l'organisation du système de santé que sur la formation. Parmi elles, la réduction de la durée des études de médecine pour la ramener à 8 ans "en compressant la durée du premier cycle [de trois à deux années, ndlr] et en ajournant la réforme créant la quatrième année de médecine générale", dont les premiers étudiants sont attendus à la rentrée 2026.

Cette recommandation vise, selon les parlementaires, à répondre aux "'vives inquiétudes' formulées par les étudiants et internes de médecine générale tant sur le contenu des formations que sur leur rémunération et les conditions d'accueil en stage", peut-on lire dans le rapport. Cette mesure s'explique, par ailleurs, par la nécessité "d'amener au plus vite et plus tôt les étudiants au contact du patient, afin d'affermir leur vocation", est-il précisé.  

Huit ans d'études pour les médecins, c'est "la durée moyenne dans les pays de l'OCDE", a soutenu Christophe Naegelen, lors d'une conférence de presse, rapporte l'AFP. Il s'agit aussi, selon lui, de "mettre plus rapidement les étudiants sur le marché du travail".

Sur la formation, la commission d'enquête appelle par ailleurs à "permettre aux étudiants de redoubler la première année des études de santé, quelle que soit leur voie d'accès", ainsi qu'à étudier la possibilité de "substituer un système d'examen au concours existant à la fin de la première année".  

Un cursus en alternance ?

Autre recommandation détonante : "Créer une voie de formation en alternance à partir de la fin de la deuxième année de médecine, sous réserve de la réduction de la durée d'étude[s] de premier cycle". Face "aux contraintes" démographiques, cette nouvelle voie - qui s'inspire du modèle allemand, notent les députés - devrait permettre "de mobiliser la ressource médicale dès l'université", et aurait le "double avantage de renforcer la formation pratique des étudiants et de libérer du temps médical", est-il expliqué dans le rapport, qui précise que cette nouvelle voie de formation ne serait ouverte qu'aux étudiants souhaitant s'orienter vers la médecine générale. 

Dans ce document, les parlementaires recommandent également de transformer les agences régionales de santé. "Le modèle cible visé par le rapporteur entend assurer une profonde réorganisation de la gouvernance des agences régionales de santé au bénéfice du corps préfectoral. Dans cette perspective, la loi sera modifiée afin de supprimer l’établissement public administratif 'agence régionale de santé', au profit de la création d’une 'direction régionale à l’accès aux soins'", intégrée "aux services de l'Etat dans le département". 

Le rapport de la commission d'enquête plaide également pour la création d'une loi de programmation des besoins d'investissement en santé dotée d'un horizon pluriannuel de cinq ans. "La discussion annuelle du PLFSS devra [ainsi] tenir compte des trajectoires d’investissements inscrites au sein de [cette] loi de programmation", est-il indiqué.  

Revaloriser les IPA  

Par ailleurs, le rapport appelle à poursuivre la clarification des règles et la revalorisation des incitations et majorations tarifaires liées à la participation à la PDSA ou au SAS, et à "sanctionner les carences des établissements de santé en matière de permanence des soins par l’application d’un malus sur les dotations forfaitaires".  

Enfin, il est recommandé de resserrer le champ des bénéficiaires des aides à l'installation pour en améliorer l'efficience dans les zones les plus sous-dotées, d'assurer une revalorisation de l'indemnité des infirmières de pratique avancée, et de renforcer la régulation en matière de recours aux personnels intérimaires au sein des établissements de santé.

[avec AFP]

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Claire FAUCHERY

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2 débatteurs en ligne2 en ligne
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Débatteur Passionné
Médecine générale
il y a 5 mois
Une formation au rabais pour les généralistes... ça en dit long sur les croyances , de simplisme, du peuple et de ses représentants (mais aussi de certains spécialistes) quand on sait tous que la plus complexe et étendue des spécialités en médecine, c'est la médecine générale. De plus la formation au rabais existe dans les spécialités désormais puisque les IPA envahissent les hôpitaux, et bientôt en ville. On a compris que la tendance est de faire croire que le progrès, c' est de tout rabaisser et dévaloriser, mais de tout faire en équipe, avant un grand réveil dans quelques années, mais à ce point....
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Débatteur Passionné
Médecins (CNOM)
il y a 5 mois
Réduire le nombre d'années de formation ne rendra pas l'exercice de la médecine plus attractif, ni le choix de son activité professionnelle future plus libre. Faire entrer les étudiants à l'hôpital précocement c'est déjà le cas et donc ça ne changera rien. Un des problèmes à mon sens qui plombe les études de médecine, c'est l'examen classant en fin de cursus qui détermine quel type de médecine le futur médecin va exercer pour les 40 ans à venir, sans aucune certitude que cela correspondent à ses aspirations. La réintroduction de CES permettrait à chacun de choisir sa spécialité, un tronc de formation médecine G pour ceux qui aspirent à devenir généraliste et tout le monde y trouverait son compte. De plus les années d'externat redeviendraient des années de formation sémiologiques, de soins cliniques au lit du patient et non plus des années de bachotage intensif peu formateur.
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66 points
Médecins (CNOM)
il y a 5 mois
Curieux... je ne pense pas que la majorité des MG savaient dès leur 1ère année de médecine qu'iels voulaient faire de la MG et pas autre chose? c'est souvent au fur et à mesure des stages que l'on se rend compte de ce qu'on aime, et ce qu'on aime moins. Pour ma part c'est le classement aux ECN qui a relativement choisi pour moi :) (à une époque où le stage en MG n'existait pas donc je ne savais pas du tout dans quoi je m'embarquais!)
 
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