"Il est conseillé d’essayer une spé et de faire un remord si on ne s’y retrouve pas" : le message qui étrille la médecine générale

30/08/2023 Par Marion Jort
Alors que les futurs internes sont en train de faire leur choix de spécialité pour l’an prochain, un message publié sur les réseaux sociaux dans des groupes d’étudiants en médecine balaie les “commentaires utopistes” sur la médecine générale. Son auteur souhaite apporter une contribution “réaliste” afin d’éviter “les nombreux droits au remords au bout de deux semestres”.  

 

“Un petit message car j’ai récemment vu beaucoup de commentaires utopistes sur la médecine générale, la qualité de vie (temps personnel) et le salaire”, débute ce message, publié initialement dans un groupe privé d’étudiants en médecine et partagé par la suite sur le réseau X. “Loin de moi l’idée de dévaloriser la médecine générale, mais je pense qu’un commentaire plus réaliste pourrait aider ceux qui hésitent entre une spécialité et la médecine générale et éviter les innombrables droits au remords de la médecine générale vers les spés au bout de deux semestres”, poursuit son auteur.  

Une prise de parole pour aider les futurs internes à faire leur choix de spécialité, alors que la procédure a ouvert le 29 août.  

Dans son long texte, l’internaute rappelle que la médecine générale est “chronophage” sur le temps personnel, considérant même qu’elle implique un “sacrifice”. “Il faut être prêt à assumer une part considérable de travail administratif qui ne sera pas compté et qui s’ajoute au temps de travail”. La rémunération est aussi pointée du doigt : “Pour égaler les salaires des spécialistes comme j’ai pu voir cité plusieurs fois, c’est possible mais ça demandera de ne pas compter vos heures”, prévient l’auteur.  

“Il s’agit d’une vocation ! Et non d’un choix par défaut ou pour être rentable”, insiste-t-il, alertant sur le fait que tous les ans “de nombreux étudiants en font les frais et finissent en droit au remords”.  

Afin d’avoir une meilleure idée des conditions d’exercices des généralistes aujourd’hui, l’auteur conseille aux étudiants de se tourner vers le collectif Médecins pour demain qui permet, selon lui, “de se rendre compte de la réalité du terrain”.  “Il est conseillé en cas de forte hésitation d’essayer d’abord la spé, puis de faire un remord vers la médecine générale si l’on ne s’y retrouve pas”, écrit-il.  

 

 

Enfin, après avoir alerté sur plusieurs dangers potentiels comme la liberté d’installation, l’auteur termine toutefois sur une note positive : “Je préfère rappeler qu’il s’agit aussi d’une très belle spécialité, où vous serez utiles et qui vous permettra une certaine souplesse dans votre activité !”. “Je voulais contrebalancer les avis idéalistes sur la MG, avec un avis plus réaliste, pour aider ceux qui hésitent encore (...) à faire un choix plus éclairé”, conclut l’auteur.  

Une prise de parole qui n’a pas manqué de faire réagir, alors que les inquiétudes quant au nombre de candidats à choisir la médecine générale sont grandes cette année en raison notamment de l’ajout d’une quatrième année d'internat. Selon une enquête de l’Association nationale des étudiants en médecine de France, la moitié des étudiants dont le premier voeu était médecine générale aux ECNi cette année ont remis leur choix en question.  

5 débatteurs en ligne5 en ligne
Photo de profil de ROMAIN L
17,5 k points
Débatteur Passionné
Médecins (CNOM)
il y a 2 ans
La vérité c'est qu'il est tout simplement impossible actuellement de concilier une médecine de qualité et une qualité de vie personnelle. Ce qu'il faut comprendre, c'est que nous sommes pris en étau : - d'un côté tout un système qui dysfonctionne, nous obligeant à bricoler en permanence en demandant des avis téléphoniques faute de spécialistes disponibles, en gérant à domicile des situations qui devraient relever d'une hospitalisation, en accueillant tous les jours des patients complexes en désérence médicale, en cherchant des alternatives aux ruptures de médicaments, en gérant des problématiques qui sont essentiellement d'origine sociale ou professionnelle, en réalisant maladroitement des psychothérapies faute de psychologues et de psychiatres, etc. - de l'autre, une rémunération déconnectée des réalités, qui ne permet pas d'accorder 30 min à chaque patient tout en conservant une vie privée, et qui ignore le travail administratif. Là dessus, vous saupoudrez un peu de mépris de la part des patients et de la CPAM, et vous obtenez notre quotidien peu enviable.
Photo de profil de Éric Delmas
1,7 k points
Débatteur Passionné
Autre
il y a 2 ans
Cela me semble refléter plusieurs problèmes. D'abord, est-ce que l'exercice en méd. génénrale est accessible en reconversion à un spécialiste qui n'aurait pas suivi votre spécialité. Si oui, il commencer par demander le cloisonnement, car ne serez pas autorisés à exercer une spécialité sans suivre la formation ad hoc. Ensuite, les préoccupations financières sont le reflet du très mauvais état de la santé en France où les professions sont largement sous-évaluées par la population et les tutelles, d'autant que celles où les femmes sont majoritaires "bénéficie" du malus salaire féminin. Il faudrait donc que toutes les professions de santé s'unissent pour définir des éléments de références pour établir les revenus sur des bases communes : compétence (c'est-à-dire formation initiale et continue), responsabilité, risques personnels (maladies, infections, etc.), expérience large ou pas, etc. Ainsi on ne verrait pas des professions de santé à Bac +5 moins bien payées que certains métiers accessibles par un CAP. Mais il y a deux corolaires absolus, arrêter de se tirer dans les pattes en méprisant les professions moins formées et une véritable union dans l'intérêt de la qualité des soins (de tous les soins et pas seulement les soins techniques). Pour l'exercice libéral, il faudra proposer un nombre de patients vus dans un temps donné (35 h/semaine) et limiter la surcharge (heures supplémentaires) pour éviter de n'attirer que des gens poussés par l'unique appât du gain qui est devenu l'unique leitmotiv de notre époque.
Photo de profil de L. K.
2,4 k points
Débatteur Passionné
Aide Médicale Urgente
il y a 2 ans
Vous auriez dû lire les commentaires sur le groupe Entraide ECN d'où est issu ce post : bien qu'en préservant l'anonymat de l'auteur, un modérateur du groupe à toutefois souligné que l'auteur est un étudiant qui passe l'ECN cette année et qui en plus de n'avoir aucune expérience en la matière pourrait avoir intérêt à ce que des postes de MG se libèrent. Bien qu'il ait démenti, n'en reste pas moins que son avis personnel se voulant conseil est peut-être un peu prématuré au vu de son statut d'externe.
 
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