"Une fois encore, ce sont les soignants qui décident" : la petite phrase qui ne passe pas pour les professionnels des soins palliatifs

29/09/2023 Par Marion Jort
Médias
Médecin dans l’équipe qui a accueilli les équipes de Marina Carrère d’Encausse pour son documentaire sur la fin de vie, et présidente de la Société française d’accompagnement et des soins palliatifs, la Dre Claire Fourcade a regretté dans une publication que leur intervention ait été réduite à 10 minutes en se concluant par “une fois encore, ce sont les soignants qui décident”.  

 

C’est un documentaire qui a beaucoup fait réagir. Le 26 septembre dernier, France 5 diffusait “Fin de vie : pour que tu aies le choix”, réalisé par la Dre Marina Carrère d’Encausse. Pendant une heure, la généraliste de formation s’intéresse à la loi actuelle, évoque une possible évolution vers l’euthanasie et le suicide assisté. Elle y présente également son compagnon, Antoine, atteint de la maladie de Charcot et qui souhaite “choisir sa fin de vie”.  

Deux jours plus tard, la Dre Claire Fourcarde, médecin dans le pôle de soins palliatifs de la Polyclinique Le Languedoc à Narbonne (Aude) et présidente de la Société française d’accompagnement et des soins palliatifs s’est fendue d’un communiqué, publié sur X (anciennement Twitter) où elle explique regretter la réalisation de ce documentaire.  

“Au printemps dernier, son équipe est venue tourner chez nous, à Narbonne, une partie de ce reportage”, indique-t-elle d’abord, précisant que cela a mobilisé cinq personnes pendant deux journées complètes. “Un défi pour une petite équipe comme la nôtre : se rendre disponible, malgré un quotidien déjà bien rempli, pour essayer de faire comprendre notre travail, ses subtilités et sa complexité”, ajoute-t-elle ensuite.  

La Dre Fourcade liste l’ensemble des obligations que cela a demandé à son équipe : “Ouvrir notre staff : deux longues heures de réflexion partagée pour essayer ensemble d’approcher au plus juste ce qui se vit, ce qui se parle et aussi ce qui ne peut pas se dire” mais également “prendre le temps de partager nos doutes, nos incertitudes et le cheminement long et parfois difficile qui permet de construire, avec chaque patient, un accompagnement singulier”. Elle confie également que l’un des cadres de santé venant de Belgique s’est confiée sur “l’impact persistant d’euthanasies pratiquées il y a plusieurs décennies”.  

Mais “nous avons manifestement échoué”, écrit la médecin qui relève qu’au total, seules dix minutes de ces deux jours ont été conservées. Pire, souligne-t-elle, ces minutes se concluent “par ce qui est certainement le plus difficile à entendre” : “Une fois encore, ce sont les soignants qui décident”. “Une petite phrase qui rend si peu justice à ce que sont les soins palliatifs en général et ce que nous vivons : un lent et patient travail d’élaboration d’une relation respectueuse à l’autre, patient, famille, soignant”, juge la Dre Fourcade.  

“Peut-être y a-t-il là-dedans quelque chose d’indicible qui ne peut pas se partager et seulement se vivre?”, note enfin la praticienne. “Peut-être aussi cette équipe avait-elle davantage le projet de conforter son point de vue que de le remettre en question”, conclut-elle.  

   

1 débatteur en ligne1 en ligne
Photo de profil de ROMAIN L
17,5 k points
Débatteur Passionné
Médecins (CNOM)
il y a 2 ans
Le "débat sur l'euthanasie" est la dernière marotte sociétale destinée à agiter les foules sur des sujets qui ne représentent aucun grand enjeu d'un point de vue capitaliste, pour masquer les vraies questions que sont par exemple la maitrise de nos frontières, le scandale de la dette (dont le remboursement des intérêt est le premier poste de dépense publique, devant l'éducation nationale et la santé) et l'évasion fiscale.
Photo de profil de karine o
4,2 k points
Débatteur Passionné
Médecins (CNOM)
il y a 2 ans
d'abord c'est un cas qui nécessite une prise en charge collégiale. il faut d'abord aller jusqu'au bout des moyens et des services palliatifs avant d'envisager ce geste irréversible. Le débat était orienté probablement par la proximité du patient avec la journaliste qui est spécialiste ( je vais me faire l'avocat du diable, serait elle capable de le faire) . ensuite passer des heures en services de soins palliatifs , à priori, et conclure ainsi à priori, soit leur souffrance ne permet pas d'entendre la souffrance et l'inquiétude des soignants, soit c'est se défausser sur les autres en les culpabilisant. il faut un cadre. les services de soins palliatifs ou les services recevant des LISP ne peuvent pas être des mouroirs. il faut séparer les 2 actions. contrairement à une tribune tenue par un palliatologue ce n'est ni au médecin traitant ni aux IDE de le pratiquer ... nous subissons déjà beaucoup et nous n'avons aucun moyen ce qui montrent aussi la méconnaissance des moyens. développer les soins palliatifs, les had pour les sedations. accepter les droits de retrait, et les limites de nos possibilités le sujet est extrêmement sensible. pour la maladie de charlotte en effet c'est compliqué. pour les alzheimers aussi puisqu'ils ne savent plus dire ce qu'ils veulent. au loin on entend des personnes âgées qui se demandent si un jour ce sera un moyen de se débarrasser d'eux car ils coûtent chers à la société. ca fait racontars de bistrot mais ça se multiplie ainsi que leur peur. c'est très complexe pour réduire à 2 lignes et 5 min quand un journaliste est partiale par son histoire et souffrance en tant que MG c'est impossible
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14,8 k points
Résistant
Chirurgie générale
il y a 2 ans
Bizarre pour 1 pays qui se flatte d'avoir aboli la peine de mort!
 
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